C'est avec beaucoup d'émotion et de tristesse que je viens d'apprendre le décès du grand cinéaste Raoul Ruiz, avec d’autant plus d’émotion que nous avons tous encore en nous la marque de son dernier et récent opus, les Mystères de Lisbonne, salué dans le monde entier et éclatant de force et de beauté.
Ayant quitté son Chili natal au moment où la liberté n’avait plus cours, il a construit depuis la France et l’Europe une œuvre prolixe, personnelle et inclassable, qui en fait un des grands auteurs de notre temps.
Il avait su créer et renouveler sans cesse un univers cinématographique unique, baroque, onirique, un grand jeu, à l’image du monde, avec sa légèreté et sa gravité, son sérieux et ses divagations. La profonde liberté dont témoignent ses films, loin de tout format établi, faisait de chacun d’eux une aventure artistique et économique singulière. Il a su développer sa vision personnelle du cinéma en la confrontant à d’autres domaines de l’art, de la peinture aux chefs d’œuvre de la littérature.
Reconnus et célébrés depuis longtemps par les plus grands festivals, ses films nous lèguent les mille vies que le cinéaste a vécues et qui font une œuvre irremplaçable.
C’est à un artiste sans concession auquel je veux ici rendre hommage et adresse mes plus sincères condoléances à son épouse et à ses proches.
