point presse sur le bilan de la production audiovisuelle aidée en 2010

point presse sur le bilan de la production audiovisuelle aidée en 2010

15 avril 2011

 

Des résultats contrastés selon les genres, et dans la continuité des évolutions démarrées en 2009

Le volume de la production audiovisuelle aidée par le CNC [1] confirme en 2010 la progression constatée depuis 2008, à 4 413 heures, soit le niveau le plus haut depuis 2002. Cet accroissement du volume d’heures aidées de 4 % s’accompagne d’une augmentation similaire des investissements des diffuseurs (+4,2 %). La grande majorité des investissements des diffuseurs (87,2%) provient des chaînes nationales gratuites (contre 86,0 % en 2009). 

Alors qu’elles représentent désormais 20% de l’audience de la télévision et un quart du marché publicitaire, les chaînes privées gratuites de la TNT ne représentent que 1,0 % des investissements totaux des chaînes et sont à l’initiative de 4,9 % des heures aidées (respectivement 0,8 % et 3,1 % en 2009).

Les aides apportées par le CNC sont globalement stables (-0,8 %), avec des évolutions contrastées selon les genres, qui reflètent les évolutions de format (fiction et animation) et la croissance des volumes aidés (documentaire et spectacle vivant). Le montant des devis atteint 1,365 milliards d’euros (+3,5%). Cette tendance traduit des évolutions très contrastées selon les genres de programmes :

 

I. Fiction [2] : un léger recul en volume, nouvelle percée du « 90 minutes »

Après une année 2008 exceptionnelle (du fait de nombreux feuilletons), le volume annuel d’œuvres de fiction aidées continue en 2010 sa baisse amorcée en 2009. En 2010, le volume diminue de 2,6 % à 732 heures. Les diffuseurs privés historiques, TF1, M6 et Canal+, diminuent le nombre d’heures commandées et le montant de leurs apports. Parallèlement, le groupe France Télévisions augmente ses commandes en 2010 de 12,1% à 434 heures initiées, et renforce ainsi son poids sur le genre, en fournissant désormais 54,2 % des investissements totaux dans la production de fiction, contre 50,1 % en 2009. Les chaînes de la TNT privée gratuite initient toujours un faible volume. 

Les tendances révélées, l’an dernier, sur les formats se confirment : après l’arrêt des feuilletons quotidiens de journée et d’avant-soirée, le volume de production de séries de 26 minutes est au plus bas depuis 2006 à 218 heures. Dans le même temps, les fictions de 52 minutes, après avoir connu leur niveau le plus important de commande en 2007, continuent d’enregistrer une baisse de leur volume total, tandis que les fictions de 90 minutes, notamment séries et unitaires, progressent de nouveau. Le « 90 minutes » est ainsi le seul format de fiction à progresser en 2010. 

Si comme en 2009, les diffuseurs financent moins d’heures de fiction, ils les financent globalement mieux, avec des apports horaires et des devis horaires en progression respectivement de 2,6 % et de 4,7 %. 

En 2010 apparaissent les premières coproductions internationales tournées en anglais et valorisées par les diffuseurs dans leur « couloir européen » prévu par la réglementation sur les obligations de production. Ces coproductions, à l’instar de la série XIII, cofinancée en France par Canal+ et M6, sont certainement amenées à se développer. Leur structure de dépenses, atypique par rapport à la production classique, a pour effet de rehausser la part de dépenses à l’étranger dans le genre de la fiction.

 

II. Documentaire : nouvelle croissance des volumes accompagnée d’une croissance des investissements

En 2010, le documentaire poursuit sa progression entamée en 2007 (+10,3 % à 2 454 heures aidées). Cette augmentation (+229 heures) est commune à tous les types de diffuseurs, mais surtout le fait de France Télévisions (+40 heures), de M6 (+81 heures soit un volume doublé par rapport à 2009) et des chaînes privées de la TNT gratuite (+67 heures soit près de 94% d’augmentation en volume initié). Les chaînes locales continuent aussi la progression entamée en 2008, passant de 253 heures à 286 heures en 2010. 

Les devis des programmes documentaires suivent la même tendance que les volumes (+14,6 % à 395,3 M€), soit un coût horaire moyen en augmentation de +3,9 %. 2010 atteint le niveau de financement le plus élevé des dix dernières années.

Avec un total de 194 M€ en 2009 (+19,0 %), les investissements des diffuseurs dans le financement du documentaire atteignent leur plus haut niveau à ce jour. Toutes les catégories de diffuseurs augmentent leurs apports dans le genre. 

Le documentaire s’est désormais installé sur les grandes chaînes en première partie de soirée, notamment à travers de nouvelles écritures ; ces formats de première partie de soirée, en particulier sur France Télévisions, expliquent la progression des financements. 

On observe de réelles mutations sur le plan éditorial. Les frontières entre genres s’estompent de plus en plus et les modes de narration se transforment du fait de l’arrivée du documentaire en première partie de soirée et du succès auprès du public de nouvelles formes narratives, sur les chaînes historiques comme sur les chaînes du câble et du satellite, de la TNT et même d’Internet. 
 

III. Animation : poursuite du cycle de production

2010 est la deuxième année du cycle entamé en 2009. Elle se traduit par une diminution du volume de production de 7,8 % (-27 heures par rapport à 2009). Cette évolution résulte essentiellement de la baisse du volume de commande des chaînes privées nationales gratuites. Toutefois la diminution observée en deuxième année de cycle en 2010 est moins marquée qu’au cours des cycles précédents (-19,9 % en moyenne lors des trois cycles précédents). Le volume de production d’animation représente ainsi 320 heures en 2010, contre 347 heures en 2009. 

Seules les séries de format court (moins de 8 minutes) progressent en volume (+32,6 % à 125 heures). Les séries de 11 à 13 minutes et celles de 23 à 26 minutes diminuent toutes deux, respectivement de 7,2% à 141 heures, et de 48,6% à 51 heures. Les séries de 26 minutes sont désormais le format le moins représenté (hors unitaires), avec 16,0% du volume de production en 2010.

La baisse des devis des programmes d’animation est plus marquée que celle du volume horaire produit. En effet, le montant total des devis des œuvres d’animation diminue de 11,1 % en 2010 à 177,0 M€. Par conséquent, le coût horaire de l’animation recule de 3,7 % à 552,9 K€, contre 573,8 K€ en 2009. Ces évolutions s’expliquent essentiellement par la forte diminution du volume des séries de 26 minutes, au coût horaire plus élevé. 

Après une forte hausse en 2009, l’apport des diffuseurs français dans les œuvres d’animation diminue de 9,4% en 2010. Ils investissent 50,7 M€ en 2010, contre 56,0 M€ en 2009. Dans le même temps, les financements étrangers continuent leur baisse (-17,2% à 42,5 M€, surtout du fait du recul des préventes), et ne représentent plus que 24,0 % des devis (contre 25,8 % en 2009 et 45,6 % en 2001)
 

IV. Spectacle vivant : plus haut niveau aidé depuis 10 ans

Le volume de captations et recréations de spectacle vivant aidées enregistre en 2010 une progression de 8,9 % pour atteindre 529 heures, son niveau le plus élevé des dix dernières années. Les devis des captations de spectacle vivant croissent de 11,6 % pour atteindre 84,5 M€, soit un coût horaire moyen en légère hausse (+2,5% à 159,7 k€). La tendance amorcée en 2008 se confirme pour la troisième année consécutive. Tous les genres de spectacles sont concernés, particulièrement le théâtre et la musique. 

Les investissements des diffuseurs augmentent de 9,4% à 27,3 M€. L’apport horaire des diffuseurs est quasi stable à 51,6 k€ contre 51,4 k€ en 2009. Les chaînes couvrent désormais moins d’un tiers (32,3 %) des devis de production (-0,7 point). L’apport financier du CNC dans le financement du genre reste stable à 26,2 % en 2010. La fragilité des structures de financement s’accroît, alors que les volumes progressent et que les apports horaires des diffuseurs diminuent : le secteur a tendance de plus en plus à se tourner vers les soutiens publics.

Les chaînes gratuites de la TNT n’investissent que marginalement dans le financement des œuvres de spectacle vivant. En revanche, le volume produit pour le web connaît une hausse significative en 2010 (Arte Live Web investissant dans 48 heures de programmes dont 12 en tant que premier diffuseur), même si les apports horaires restent significativement plus faibles qu’en télévision.
 

Conclusion

Le bilan de l’année 2010 s’inscrit dans la continuité des tendances amorcées en 2009. Dans le paysage tout numérique, se dessinent des tendances de fond de la production audiovisuelle : une fiction qui peine à retrouver son souffle, un documentaire et des captations de spectacle vivant dont les volumes croissent chaque année, une animation alternant des cycles réguliers mais plus fragile à l’international.

Dans ce contexte, la priorité accordée par le CNC au secteur est maintenue pour 2011 avec une exigence essentielle : favoriser l’inventivité et l’innovation. Les aides en amont ont ainsi été renforcées en 2009 et 2010. Le recours au compte automatique pour développer des projets en amont a progressé, particulièrement en fiction (+12% en 2010) Une aide sélective aux pilotes de séries de fiction est née fin 2010 ; 16 projets ont déjà été aidés, pour près de 450 k€. Fort des préconisations du rapport Chevalier, le CNC a déjà engagé une concertation avec les professionnels, et qui s’achèvera avant l’été, pour renforcer l’écriture et le développement dans la fiction française. En 2011, le fonds d’aide à l’innovation sera notamment adapté pour tenir compte du bilan qui peut en être fait après cinq ans d’existence. 

Le CNC sera par ailleurs particulièrement vigilant afin que les chaînes de la TNT qui bénéficient d’une part d’audience désormais importante affermissent leurs investissements dans la production audiovisuelle et deviennent des partenaires à part entière de la création. 

En fiction, deux chantiers de réflexion seront en outre explorés. Tout d’abord, favoriser les conditions de développement et de production des séries longues, qu’il s’agisse des futures séries quotidiennes de la TNT ou des séries de journée des diffuseurs historiques. Ces séries sont à même de dynamiser le volume de production au bénéfice de tout le secteur. En parallèle, une réflexion doit être menée sur les modalités de soutien aux coproductions internationales, qui sont amenées à prendre plus d’importance pour les diffuseurs publics et privés, et dont les structures de coûts et de financement sont atypiques par rapport à la production traditionnellement aidée.

En documentaire, la hausse du volume est portée en partie par un type de documentaire plus formaté sur des sujets de société. Cette évolution, qui accompagne le renouvellement des écritures et l’arrivée du genre en première partie de soirée, ne doit pas se faire aux dépens du « documentaire d’auteur » dans sa tradition française. C’est un des constats que partage le ROD dans son étude récente sur l’état du documentaire, et ce sera l’un des enjeux de la mission confiée à Jacques Perrin, qui doit mener sa réflexion d’ici cet été. Le CNC y sera particulièrement attentif, compte tenu notamment du poids de ses aides dans le secteur.

En spectacle vivant, les modalités de soutien des aides du CNC devraient évoluer en 2011, pour s’adapter aux nouvelles conditions de productions et mieux intégrer les productions à destination d’internet. 

Enfin, l’année 2011 sera celle de la mise en œuvre effective du  « web COSIP ». L’émergence de projets pour Internet, qui se confirme en 2010, est réjouissante pour la création et démontre que le secteur a su investir un nouveau marché, bien que son modèle économique soit encore très incertain. Le soutien automatique audiovisuel est désormais ouvert aux productions conçues pour Internet, reconnues comme des œuvres de création à part entière y compris par les autorités européennes. 

Cette ouverture du soutien automatique du CNC à la création pour Internet vient compléter les aides sélectives déjà existantes au CNC et notamment l’aide sélective à la production nouveaux médias créée en 2007 qui a bénéficié à 67 projets en 2010 pour un budget de 1,8 millions d’euros. Depuis 2007, près de 180 projets (majoritairement des web documentaires mais aussi des projets de fiction et d’animation) ont été aidés pour 6 millions d’euros. Et en 2011, le budget est renforcé à 3 millions d’euros. 

 
 
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[1] Ce bilan de la production audiovisuelle aidée s’appuie sur des œuvres audiovisuelles qui ont effectivement reçu des soutiens financiers du CNC au titre de l’année 2010. Il s’agit de la production de programmes audiovisuels dans les genres fiction, documentaire, animation, captation et récréation audiovisuelle de spectacles vivants et, plus marginalement, certains magazines culturels. Ces résultats peuvent donc être en décalage avec les statistiques publiées par les chaînes de télévision ou par le CSA. Elles permettent néanmoins de disposer de séries annuelles cohérentes. 
[2] A noter qu’en complément de l’analyse de la production annuelle, le CNC a réalisé cette année encore deux études spécifiques, une sur la diffusion de la fiction à la télévision en 2010 et une sur l’emploi dans les entreprises de fiction télévisuelle en collaboration avec le groupe Audiens.