Disparition de Willy Kurant, directeur de la photographie de Godard, Varda et Pialat

Disparition de Willy Kurant, directeur de la photographie de Godard, Varda et Pialat

06 mai 2021
Cinéma
Willy Kurant
Willy Kurant Cinémathèque française

Né à Liège en 1934, ce compagnon de route de la Nouvelle Vague est décédé le 1er mai.


Les deux premiers longs métrages sur lesquels il avait travaillé en tant que directeur de la photographie, tous deux sortis en 1965, étaient signés Agnès Varda (Les Créatures) et Jean-Luc Godard (Masculin féminin). Le Belge Willy Kurant fut une figure phare de la Nouvelle Vague, qu’il accompagna dans ses différentes aventures esthétiques, collaborant avec Marin Karmitz (Nuit noire, Calcutta), Chris Marker (Le Fond de l’air est rouge) ou le Polonais Jerzy Skolimowski, quand celui-ci vint filmer Jean-Pierre Léaud à Bruxelles (Le Départ).

Avant les révolutions cinématographiques des années soixante, Willy Kurant avait fait ses classes à l’école du reportage télévisé, collaborant notamment à l’émission Cinq colonnes à la une. Influencé par l’esthétique du cinéma-vérité, il avait été marqué dans son enfance par les paysages du nord de la Belgique : « Cette lumière, je ne l’ai jamais oubliée. Le ciel bleu métallique, les nuages noirs, le contraste très élevé. »

Au début des années soixante, il entame une collaboration avec Maurice Pialat (pour les Chroniques Turques), qui culminera un quart de siècle plus tard avec Sous le soleil de Satan, film qui lui vaut sa seule nomination aux César en 1988.

Le parcours de Willy Kurant, qui le voit travailler sur près de cent films au cours d’une carrière s’étendant sur sept décennies, l’emmène notamment à Cuba, au Moyen-Orient, à Pompéi avec Pink Floyd (le fameux concert du groupe dans les ruines désertes de la cité antique), en Espagne avec Orson Welles (Une histoire inachevée) ou encore aux Etats-Unis, où il travaille pour des séries B produites par Roger Corman et filme Marlon Brando dans une « nuit américaine » restée fameuse, dans le film La Nuit du lendemain (Hubert Cornfield, 1967).

Willy Kurant aura aussi été le complice de Serge Gainsbourg, de Je t’aime moi non plus (1976) à Charlotte for ever (1987), puis de Philippe Garrel, pour qui il avait récemment composé les lumières d’Un été brûlant et de La Jalousie. « Les deux films en scope semblent symboliser tout l’art de la lumière de Willy Kurant, le premier traitant la couleur de l’image comme une aquarelle aux couleurs primaires, le deuxième réalisé dans un noir et blanc très contrasté en référence aux premiers longs métrages du chef opérateur », écrivait Bernard Payen, à l’occasion d’une rétrospective organisée par la Cinémathèque française en 2013.