Éducation à l’image : coup de projecteur sur « Toute la lumière sur les SEGPA »

Éducation à l’image : coup de projecteur sur « Toute la lumière sur les SEGPA »

14 juin 2024
Cinéma
Les élèves du collège Paul Riquet présentent leur court métrage
Les élèves du collège Paul Riquet présentent leur court métrage CNC

Depuis 2011, ce dispositif permet à des collégiens scolarisés en classes SEGPA de réaliser un court métrage dans le cadre d’un projet artistique et culturel. Le 13 juin 2024, les films de la dernière promotion ont été projetés à la Cinémathèque française, avec à la clé une remise de prix par le cinéaste Pierre Salvadori. Décryptage.


Créé en 2011, « Toute la lumière sur les SEGPA » est un dispositif d’éducation aux images, coordonné par Cinéma Alhambra, pôle régional d’éducation aux images en région Sud, et soutenu par le CNC. Il est destiné à des collégiens scolarisés en classes SEGPA adaptées aux élèves en difficulté scolaire. Jeudi 13 juin 2024, les huit classes de la 13e promotion du festival ont été réunies à la Cinémathèque française pour un grand jour : celui de la projection de leurs courts métrages sur lesquels ils ont travaillé pendant un an, accompagnés par leurs enseignants et un intervenant professionnel. Le dispositif « Toute la lumière sur les SEGPA » permet aux élèves de suivre 35 heures de pratique artistique réparties sur l’année. Les classes visionnent des films, discutent autour des œuvres, appréhendent les métiers du cinéma et les techniques audiovisuelles avant de passer à l’écriture d’un scénario.

Nous sommes touchés de voir que vous vous engagez toujours avec tant de coeur et de passion. 
William Benedetto, 
Directeur du Cinéma Alhambra

Cette édition 2023-2024 a particulièrement enthousiasmé le jury, présidé par le réalisateur Pierre Salvadori et composé de Marie-Camille Laniesse (Responsable du développement documentaire chez Bonne Pioche Productions), Benjamin Siksou (comédien et musicien), Sophie Gigon (membre de la Direction générale de l'enseignement scolaire [DGESCO] du ministère de l’Éducation nationale) et Sophie Ensina (inspectrice de l’Éducation nationale du Val-de-Marne). « Nous sommes touchés de voir que vous vous engagez toujours avec tant de cœur et de passion », a déclaré William Benedetto, directeur du Cinéma Alhambra, aux élèves. Et pour cause : le niveau était élevé et la créativité au rendez-vous. Côté palmarès, le Prix de l’humour a été décerné au film La Bêtise de trop (collège René Nicklès en Meurthe-et-Moselle), réalisé « en hommage à un de nos camarades qui a été exclu du collège » d’après une des comédiennes du film. Le Prix de la science-fiction et de l’inventivité a été remis à Libérez Dictaropolis, une histoire de révolte dans un collège dystopique (collège Janusz Korczak dans le Val-de-Marne). Le Prix de la créativité est revenu à Silence Moteur, une enquête expérimentale sur le concept du son (collège Gérard Gaud dans la Drôme). Le Prix de la narration originale a récompensé le court métrage Un trésor de madeleine(s), que Pierre Salvadori a qualifié de « vrai film d’aventure » (collège Val de Nièvre dans les Hauts-de-France). Quant au Prix de l’audace narrative, il a été remis à La Peur du noir, un film d’horreur sur les angoisses enfantines (collège Sylvain Menu dans les Bouches-du-Rhône). Zone 41, un thriller de science-fiction (collège Jean Rostand dans le Loir-et-Cher) a lui obtenu le Prix du scénario fantastique. Le Bracelet brisé, un appel à la tolérance entre fiction et documentaire (collège Jean Lurçat en Corrèze) est reparti avec le Prix de l’émotion. Enfin, La Classe a disparu, comédie fantastique sur fond de Jeux olympiques (collège Paul Riquet dans l’Hérault) a remporté le Prix de l’ambition.

Pierre Salvadori signe les trophées des élèves CNC

Cette année, les élèves ont découvert au cinéma le film La Petite bande, du président du jury, Pierre Salvadori. Ils ont ainsi pu poser leurs questions directement au cinéaste. « C’est toujours émouvant de s’engager collectivement pour mener à bien un projet », a affirmé le réalisateur.

Tous les lauréats ont reçu un trophée fabriqué par les élèves du collège Pierre Brossolette à Melun.

C'est toujours émouvant de s'engager collectivement pour mener à bien un projet.
Pierre Salvadori
Réalisateur et président du jury

Depuis son lancement il y a douze ans, « Toute la lumière sur les SEGPA » est une réussite. C’est la deuxième édition nationale du programme qui se déroulait auparavant uniquement dans les Bouches-du-Rhône et qui s’ouvrira dès l’année prochaine à de nouvelles régions. Au total, 33 collèges répartis sur huit régions ont participé cette année au dispositif. Le programme éducatif, qui vise à redonner du sens à l’apprentissage, est pensé pour souder les classes et leur apprendre à travailler en équipe. L’objectif : donner un espace aux élèves pour s’exprimer, s’affirmer, prendre confiance en eux aussi bien à l’oral qu’à l’écrit, et se sentir valorisés comme individus. Des compétences qui leur seront utiles par la suite.

 

Le jury de l'édition 2024 de « Toute la lumière sur les SEGPA »