« La pandémie a amené Passeurs d’images à repenser ses modes d’action ! »

« La pandémie a amené Passeurs d’images à repenser ses modes d’action ! »

15 avril 2021
Cinéma
Atelier Le Petit détournement 2 - Les films de l'arpenteur et PDI Île-de-France - Argenteuil - Passeurs d'images
Atelier "Le Petit détournement" - Les films de l'arpenteur et PDI Île-de-France - Argenteuil Passeurs d'images
Délégué général de Passeurs d’images, Patrick Facchinetti fait le point sur les objectifs de cette association soutenue par le CNC et dédiée à l’éducation aux images à destination, prioritairement, des jeunes publics, et revient sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur ses actions.

Quelle est la vocation de l’association Passeurs d’images ?

Patrick Facchinetti DR
C’est une association œuvrant dans le domaine de l’éducation aux images. Nous nous inscrivons dans les politiques d’éducation artistique et culturelle voulues par le ministère de la Culture et le CNC. Nous assurons la coordination de deux des dispositifs dédiés au temps scolaire que sont Ecole et cinéma et Collège au cinéma, et d’un dispositif hors-temps scolaire qui porte le même nom que l’association, Passeurs d’images. Adossés à ces trois dispositifs, nous assurons la coordination de l’opération « Des cinés, la vie ! », qui est dédiée aux jeunes sous protection judiciaire de la jeunesse. Comme tout centre de ressources et de mise en réseau, nous apportons du conseil et de l’expertise à nos membres. On les fédère, via des séminaires de travail ou bien des rencontres nationales.

Nous avons aussi un fonds dédié aux innovations artistiques et culturelles afin de permettre de soutenir des projets expérimentaux. Nous avons également pour mission de faire émerger les différentes questions liées aux problématiques d’éducation aux images, de mutualiser ressources et outils, et d’initier des projets expérimentaux.

Passeurs d’images est une association avec une vocation nationale, qui est donc accompagnée par le CNC, les ministères de la Justice, de l’Education nationale et de la Culture, et l’ANCT. Elle est composée des membres des coordinations territoriales des dispositifs ; ce sont principalement des salles de cinéma, des structures appartenant au réseau d’éducation populaire ou des pôles régionaux d’éducation aux images. Nous avons vocation à développer des synergies entre les temps scolaires et hors-temps scolaires afin de favoriser la généralisation de l’éducation artistique et culturelle sur l’ensemble du territoire et des territoires.

En quoi consiste le travail de coordination de Passeurs d’images ?

Nous avons un peu un rôle de « go-between ». On est chargés de faire réseau et de créer du commun. Les dispositifs que l’on coordonne sont développés sur l’ensemble du territoire. Nous sommes chargés de faire se rencontrer l’ensemble de ces coordinations, qui sont assurées au niveau régional ou départemental. On est chargés de faire vivre et d’animer ce réseau : organiser des réunions régulières pour mutualiser les pratiques, les optimiser, dégager des initiatives conjointes. On répond aussi à des besoins non-pourvus, on apporte des outils à l’ensemble du réseau… Un des objectifs, c’est de co-construire avec les coordinations territoriales et l’ensemble des partenaires.  Pour ce faire, on s’appuie aussi sur des partenaires au niveau national : on travaille avec l’Agence du court métrage, la Cinémathèque française, le Forum des images, le BAL, Images en bibliothèques… D’une certaine manière, on peut dire qu’on fait de la formation de formateurs : on ne mène pas d’actions directes auprès des publics, mais on s’adresse aux professionnels qui mènent ces actions.

En quoi l’éducation aux images est-elle cruciale et essentielle aujourd’hui ?

Il s’agit de faire découvrir le patrimoine cinématographique aux jeunes dans un lieu culturel, la salle de cinéma, et qu’ils partagent une expérience commune encadrée par des professionnels du 7e Art. Ceci afin de leur donner envie de retourner en salle de cinéma.

Les jeunes sont aujourd’hui noyés d’innombrables images. Il est important qu’ils puissent prendre un peu de distance par rapport à ces images, les décrypter, les contextualiser, les analyser. On pense que l’image a toute sa place pour que les jeunes puissent se construire en tant que citoyens éclairés, se construisent un point de vue.

Quel a été l’impact de la pandémie de Covid-19 sur tout ce processus d’éducation aux images qui passe, par définition, beaucoup par des expériences collectives ?

Sur les dispositifs en temps scolaire, l’impact a été très fort car les salles de cinéma étant fermées depuis près d’un an, les jeunes n’ont pas pu y aller découvrir des films. Et nous ne souhaitons pas que les films des dispositifs soient diffusés en classe. Ensuite, nous avons dû faire preuve d’inventivité, en tant que tête de réseau. Nous avons donc profité de ce temps pour travailler sur la méthodologie, les outils… Nous avons imaginé des solutions alternatives, face à un réseau qui était démuni et abattu. Par exemple, nous avons proposé le projet « Le Film absent ». Nous avons également développé sur notre plateforme Nanouk des modules d’ateliers pratiques et théoriques à destination des professionnels pour qu’ils puissent se rendre dans les classes. Nous avons aussi imaginé le projet « Le Jour d’après ». Pour le hors-temps scolaire, nous avons mené un certain nombre d’actions. La pandémie a été moins impactante, car les ateliers y rassemblent moins de personnes.

Atelier "Le Petit détournement" - Les films de l'arpenteur et PDI Île-de-France - Argenteuil Passeurs d'images

Vous avez, pour la première fois, organisé en novembre 2020 vos Rencontres nationales en ligne…

Oui, c’est un autre effet de la pandémie. Nous organisons des rencontres nationales chaque année, qui rassemblent plusieurs centaines de professionnels. Nous les avons maintenues, au CNC, mais avec un procédé de live-streaming. Elles ont ainsi été diffusées en direct sur notre chaîne YouTube et notre site « www.passeursdimages.fr », ce qui nous a permis de toucher de nouvelles personnes, y compris le grand public. L’idée, c’était de sortir de l’entre-soi et de faire comprendre les enjeux de l’éducation aux images au plus grand nombre, avec notamment l’organisation et la diffusion de tables rondes à destination de tous. Nous avons pu toucher jusqu’à 5000 personnes, donc c’est une réussite ! Nous allons pérenniser ce dispositif pour la prochaine édition. Cette pandémie nous a amenés à repenser nos pratiques et nos modes d’action.

Autour de quels axes souhaitez-vous, à l’avenir, faire évoluer le travail de Passeurs d’images ?

Nous souhaitons nous inscrire dans une démarche européenne. Nous avons, en France, la chance d’avoir un établissement public, le CNC, qui mène une vraie politique ambitieuse en direction des publics, ce qui n’est pas le cas de tous ses homologues. Nous faisons un peu figure de modèle en Europe. Dans les autres pays, il y a cependant aussi des actions innovantes menées dans le domaine de l’éducation aux images. Nous souhaiterions nous inscrire dans un programme européen pour mutualiser et optimiser les bonnes pratiques et les rendre plus efficientes. Ensuite, nous aimerions continuer à travailler au plus près des territoires et faire en sorte de resserrer les liens entre les coordinations territoriales. Nous réfléchissons à avoir de nouveaux temps fédérateurs, associant les publics, et les jeunes, d’une manière active. Enfin, un de nos objectifs prioritaires est de favoriser la fréquentation des lieux culturels, et particulièrement des salles de cinéma, auprès de nos publics cœur de cible que sont les jeunes. Il s’agit aussi de s’appuyer sur les outils numériques dont les jeunes sont familiers. Les dispositifs scolaires et hors-temps scolaires, dont nous assurons la coordination nationale, peuvent et doivent prendre toute leur place dans cette démarche.