« Les Trois Mousquetaires : Milady » : comment ont été pensés les effets spéciaux et les cascades du film ?

« Les Trois Mousquetaires : Milady » : comment ont été pensés les effets spéciaux et les cascades du film ?

12 décembre 2023
Cinéma
Les trois mousquetaires
« Les trois mousquetaires : Milady » réalisé par Martin Bourboulon Ben King

Deuxième volet de l’adaptation des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, Milady transporte le spectateur du Louvre au palais de Buckingham et des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle. Rencontre avec le réalisateur Martin Bourboulon, qui détaille la façon dont il a préparé les cascades du film et appréhendé la réalisation des effets spéciaux numériques.


Comment avez-vous préparé les scènes d’action des Trois Mousquetaires : Milady ?

Martin Bourboulon : Comme je tournais ces scènes en plans-séquence, il n’y avait, par définition, pas de découpage. Impossible de laisser la moindre place à l’improvisation, cela aurait trop compliqué les choses. Pour coordonner les mouvements et m’assurer que tout allait fonctionner, nous avons travaillé en prévisualisation. C’est-à-dire que nous nous sommes mis d’accord avec les coordinateurs de cascades sur la façon dont allait se dérouler la scène, puis j’ai filmé les cascadeurs avec mon téléphone. C’est une façon de se rendre compte de ce que va être le plan final, et d’avoir des références très précises. Plus on prépare en amont, plus on est libre sur le tournage de changer des choses. Et si jamais ces modifications ne fonctionnent pas, on a toujours la possibilité de retourner sur la prévisualisation initiale. Ce qui permet de retomber sur ses pieds.

Il est presque indispensable de travailler avec la prévisualisation 3D […] afin de s’assurer de ce qu’on a besoin de créer. Il y a aussi toute la partie VFX que j’appelle « maquillage », qui sert notamment à effacer dans les plans tous les anachronismes contemporains.

Comment avez-vous procédé pour les scènes contenant beaucoup d’effets spéciaux (VFX) ?

Pour la séquence de l’infiltration dans La Rochelle, avec l’attaque des bateaux, on partait de zéro. Rien n’existait, il fallait donner vie à tout. Nous avions des story-boards afin de poser sur le papier les différentes ambitions visuelles. On y décrivait la façon dont les bateaux allaient arriver, comment on les découvrirait depuis la longue-vue d’Athos… C’était une base pour pouvoir commencer à discuter avec Olivier Cauwet, le superviseur VFX, et les équipes du studio BUF. Je leur ai donné de grandes orientations sur la philosophie de la scène, et en fonction, ils ont rebondi en proposant d’autres idées. Ce qui leur a permis ensuite de réaliser une prévisualisation 3D, presque à l’étape de maquette. À partir de là, on a pu confronter nos idées pour améliorer ensemble les choses. Avant d’arriver au résultat final, ils m’ont bien sûr montré un suivi de leurs avancées. En fait, c’est comme lorsque l’on réalise des travaux chez soi et qu’on passe sur le chantier une fois par semaine. (Rires.) Nous n’avions pas de rendez-vous quotidiens, mais il fallait que je sois présent aux étapes importantes.

 

Ce n’est pas la première fois que vous utilisez des effets spéciaux visuels à grande échelle…

Effectivement, sur Eiffel j’avais aussi beaucoup travaillé avec ce genre d’outils. En fait, il est presque indispensable de travailler avec laprévisualisation 3D et de détailler le plus possible les choses en amont, afin de s’assurer de ce qu’on a besoin de créer. Et il y a aussi toute la partie VFX que j’appelle « maquillage », qui sert notamment à effacer dans les plans tous les anachronismes contemporains.

J’ai veillé à ce que le spectateur ne puisse pas dire ce qui a été modifié numériquement. Je ne voulais surtout pas que les effets spéciaux se sentent. Il s’agit de trouver le bon équilibre, qui est d’ailleurs toujours un peu mystérieux.

 Par exemple ?

Dans la salle du Conseil du roi [tournée au château de Fontainebleau, NDLR] à l’époque, tout l’éclairage se faisait à la bougie. Fallait-il physiquement remplacer un à un tous les lustres électriques présents par des bougeoirs ? La question se posait, mais il a vite été évident que cela aurait été beaucoup plus contraignant et coûteux que de les effacer par ordinateur, en post-production. Ce genre d’arbitrage est constant : qu’est-ce qu’il est possible de faire avec la décoration une fois que nous sommes sur le lieu de tournage, et qu’est-ce qui relève des VFX ? Il y a toujours de la correction, on est tout le temps en train d’effacer ou de modifier des choses pour le bien du film. C’est stimulant de sans cesse relever des défis, tenter des choses et chercher ce qui serait le meilleur pour la scène. J’ai été très vigilant à ce que le spectateur ne puisse pas dire ce qui a été modifié numériquement. Je ne voulais surtout pas que les effets spéciaux se sentent. Il s’agit de trouver le bon équilibre, qui est d’ailleurs toujours un peu mystérieux.

 

LES TROIS MOUSQUETAIRES : MILADY

LES TROIS MOUSQUETAIRES : MILADY
Les trois mousquetaires : Milady Pathé

Réalisation : Martin Bourboulon
Scénario : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
Effets visuels : BUF
Production déléguée : Chapter 2, Pathé Films
Distribution: Pathé
Sortie en salles le 13 décembre 2023

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