Paul Grimault, le père de l’animation française

Paul Grimault, le père de l’animation française

05 novembre 2019
Cinéma
Tags :
Epouvantail
Epouvantail Tamasa Distribution
Le Monde animé de Grimault, qui regroupe l’essentiel de ses courts métrages, révèle l’importance de Paul Grimault dans le cinéma d’animation français et même mondial.

Quand on pense à Paul Grimault, on pense inévitablement à son compère Jacques Prévert avec qui il écrivit le premier long métrage d’animation français dans les années 40, La Bergère et le Ramoneur ; film maudit, à la production chaotique, qui sortit en 1953 contre l’avis de ses auteurs qui rejetèrent son montage avant que Grimault en récupère les droits et le retravaille pour aboutir à son chef d’œuvre, Le Roi et l’Oiseau, distribué en 1980. Si Grimault fréquentait Prévert depuis 1930, relation renforcée au sein du Groupe Octobre (troupe de théâtre anar de gauche dont Prévert fut le grand ordonnateur), les deux hommes mirent cependant du temps à collaborer ensemble.

Né en 1905, Paul Grimault, après des études d’arts appliqués, commence sa carrière comme dessinateur de meubles à la fin des années 20. En 1929, il entre à l’agence Damour, spécialisée dans la publicité, où il fait la connaissance primordiale de Jean Aurenche, futur grand scénariste français. C’est Aurenche qui le présente à Prévert et c’est avec Aurenche qu’il va écrire ses premiers courts métrages animés, poussé par... Prévert. Avant d’en arriver là, Grimault conçoit des films publicitaires au sein de la société de films d’animation Les Gémeaux qu’il a créée, en 1936, avec un certain André Sarrut - avec qui il entrera en conflit sur La Bergère et le Ramoneur. Six ans plus tard, c’est le saut de la fiction : Le Marchand de notes, écrit avec Aurenche, est le premier court métrage de Paul Grimault. Son univers poétique est déjà en place. Les objets animés prennent vie, les corps sont élastiques, les automates plus humains que les humains. L’année suivante, Les Passagers de la Grande Ourse enfonce le clou : un gamin et un chien embarquent à bord d’un bateau volant, digne des engins fantastiques de Hayao Miyazaki, grand fan de Grimault dont le sens du merveilleux est universel.

Best Of

Le marchand de notes et Les Passagers de la Grande Ourse figurent en bonne place dans Le monde animé de Grimault, qui regroupe six autres courts métrages du maître parmi lesquels quatre authentiques chefs d’œuvre réalisés en quatre ans. L’épouvantail (1943), qui met aux prises le personnage éponyme et un chat féroce, est son film le plus cartoon et le plus ouvertement influencé par Tex Avery. Le voleur de paratonnerres (1944) et La flûte magique (1946), avec leurs personnages de garçons funambules et insaisissables qui défient l’autorité (police, monarchie), sont des brouillons parfaits de La Bergère et le Ramoneur. Quant au Petit Soldat (1946-47), il marque la première collaboration, historique, entre Grimault et Prévert. Un acrobate automate et une poupée s’aiment tandis que la guerre gronde au dehors... Fable antimilitariste, Le Petit Soldat préfigure non seulement La Bergère et le Ramoneur mais aussi Toy Story et ses figurines animées ! Le Diamant (1972) et Le chien mélomane (1973) clôturent en beauté le programme. Plus stylisés, ils montrent l’évolution d’un Paul Grimault en perpétuelle recherche poétique et plastique dont l’aboutissement sera Le Roi et l’Oiseau.

Le Monde animé de Grimault sort en salles le 6 novembre.