point presse sur le bilan de la production cinéma 2007 par Véronique Cayla - Directrice générale du CNC

point presse sur le bilan de la production cinéma 2007 par Véronique Cayla - Directrice générale du CNC

26 mars 2008

 

2007 : une bonne année pour la production cinématographique française


Plusieurs faits marquants sont à retenir dans le bilan 2007 de la production cinématographique :

  • un niveau élevé de films produits porté par les films d'initiative française et soutenu par les coproductions internationales,
  • une atténuation de la bipolarisation de la production avec une remontée des films à budget moyen (4 à 7 millions d'euros),
  • une année record pour les investissements sur les films d'initiative française qui bénéficie à toutes les catégories de films et en particulier aux films à budget moyen,
  • une diversification des sources de financement avec une croissance importante des mandats (apports des distributeurs et des vendeurs internationaux), une progression tendancielle confirmée des aides publiques et un haut niveau d'investissements des chaînes de télévision


1 - Nombre de films produits : 2007 confirme le rythme binaire de la production avec un fort niveau des films agréés et en particulier des films d'initiative française


En observant les résultats des dernières années, on a constaté que la production cinématographique suivait un rythme binaire avec en alternance les années impaires (2003 - 2005) où le nombre de films agréés dépasse 210 films et les années paires ( 2002 - 2004 - 2006) où il est légèrement supérieur à 200.  2007 ne fait pas mentir cette cadence. Des chiffres qui démontrent bien que le rythme des sociétés et les cycles de production s'analysent de façon plus cohérente sur des périodes de deux ans.


Sans atteindre le niveau de 2005 qui avait enregistré un record historique avec 240 films, 2007 s'en rapproche avec 228 films agréés se plaçant au-dessus de la moyenne des 6 dernières années établie à 213 films. En revanche, contrairement à 2005, la hausse du nombre de films agréés en 2007 est largement compensée par la progression des investissements qui atteignent 1 201 M€.


Vitalité des films agréés qui, comme en 2005, est portée par les films d'initiative française : 185 films contre 187 en 2005 et 164 en 2006. Ce haut niveau de la production française est également soutenu par un fort volume de co-productions internationales qui passent de 76 films en 2006 à 95 films en 2007 (soit + 19 films) grâce notamment à la croissance des co-productions majoritaires françaises (+ 15 films par rapport à 2006).


2 - Les investissements dans la production : un record pour les films d'initiative française, qui bénéficie au financement et à la diversité de la production


Cette augmentation du nombre de films produits ne se fait pas au détriment de leur financement ni de leur diversité puisque, comparativement, les financements progressent plus (+ 16 % pour les films d'initiative française) que le nombre de films produits (+12.8 %). Evolution positive par rapport à 2005 où, au contraire, la croissance des financements, de 4,6% était largement inférieure à la croissance du nombre de films (+20%).
Pour la deuxième année consécutive, l'investissement moyen par film progresse, à 5.43 M€ contre 5.27 M€ en 2006. Rappelons qu'en 2005, on avait vu le devis moyen baisser passant de 5,34M€ en 2004 à 4,99 M€.
2007 est donc une année record en matière d'investissements dans les films d'initiative française : pour la première fois ils dépassent le milliard d'euros.


Quant à la diversité des productions, on constate une atténuation de la bipolarisation, même s'il est prématuré de savoir, à ce stade, si on est face à une tendance structurelle : c'est en effet la catégorie des productions moyennes (de 4 à 7 M€) qui progresse le plus tant en nombre de films (+ 10 films) qu'en investissement (passant de 11.6 % du total des investissements à 16.1 %). Parallèlement, on observe un léger tassement des investissement sur les budgets supérieurs à 7 M€, qui totalisent 64.5 % des investissements pour 49 films, contre 67.7 % pour 45 films en 2006.


Le nombre de films de devis inférieur ou égal à 2 M€ reste stable, un tiers environ étant des documentaires. Il est à noter que 70 % des films sans investissement de chaînes en clair se trouvent dans cette catégorie de budget.


Le nombre de budgets supérieurs à 15 M€ s'établit à 12, évolution qui traduit de façon très frappante le rythme binaire de ces productions « lourdes » puisque l'on observe une régularité dans l'alternance selon les années paires ou impaires (9 en 2004 et 9 en 2006 ainsi que 11 films en 2003 et 12 films en 2005). A noter cependant que le nombre de films dont le devis est supérieur à 7 millions d'euros a encore progressé en 2007 (+ 4 films par rapport à 2006 et + 10 films par rapport à 2005), tranche de films qui capte près des 2/3 des investissements.


Enfin, le nombre de premiers films a fortement augmenté (+16 films pour un total de 72) alors que le nombre de 2èmes films (+ 5 pour un total de 32) reste dans la moyenne des dernières années.
 

3 - Bilan positif pour les investissements des chaînes de télévision qui rattrapent le décalage constaté en 2006 et percée importante des investissements des autres mandataires

 

  • Les investissements de Canal + (à 160 M€ soit + 16 %) comme ceux des chaînes en clair (à 125 M€ soit + 22.6 %) atteignent leur plus haut niveau historique, ce qui semble confirmer que la baisse observée l'année dernière était bien un effet de calendrier, particulièrement pour France 3 (+ 61%) : en effet, deux calendriers différents que sont ceux des obligations des chaînes (engagements financiers annuels auprès du CSA) et ceux des statistiques du CNC (films mis en tournage au cours d'une année) expliquent les distorsions qui peuvent apparaître dans les chiffres avancés par le CNC et ceux déclarés chaque année au CSA.

 

Les investissements moyens de Canal + comme des chaînes en clair sont stables (1,19 M€ contre 1,18 M€ en 2006 pour Canal +, et 1,20 M€ contre 1,21 M€ en 2006 pour l'ensemble des chaînes en clair).

 

  • S'agissant des autres mandats, qui ne sont pas soumis, contrairement aux chaînes de télévision, à des obligations réglementaires, on observe une forte augmentation des investissements en minimum garanti des distributeurs et exportateurs de films : les apports des distributeurs progressent de 49 % pour représenter désormais 9.5 % des financements. Les apports des vendeurs internationaux augmentent de 128 % soit 8.2 % des financements.

 

 


4 - Les financements publics (crédit d'impôt, SOFICAS et aides régionales) continuent de progresser

 

  • Sur les 185 films d'initiative française, 120 ont bénéficié du crédit d'impôt contre 119 en 2006. L'impact du crédit d'impôt déjà observé en 2005 se confirme, cette année encore, en terme de relocalisation et de dépenses en France : les semaines de tournage sur notre territoire passent de 900 à 971. En pourcentage, elles représentent 73.3 % des semaines de tournage au total, contre 78.5 % en 2006, baisse proportionnelle à l'augmentation du nombre de coproductions internationales. Par ailleurs, les films avec crédit d'impôt ne réalisent que 2,6% de leurs dépenses à l'étranger contre 31,6% pour les films sans crédit d'impôt.

 

  • La réforme intervenue à la fin de l'année 2006 a permis d'accroître significativement les investissements des SOFICAS : ils passent de 32,78 M€ en 2006 soit 6,7% du budget des films à 40,50 M€ en 2007 qui représentent 7,2% du budget des films. Croissance importante aussi en nombre de films puisque 88 sont concernés en 2007 contre 78 l'année précédente.
    A noter que les SOFICAS sont davantage concentrées en 2007 sur les films à budget supérieur à 7 millions d'euros (29 films contre 19 films en 2006) alors que, parallèlement, on observe une légère déconcentration des investissements sur cette catégorie de films. Le devis moyen des films dans lesquels les SOFICAS s'impliquent est en augmentation (à 6,40 M€ contre 5,23 M€ en 2006 et 6,29 M€ si on inclut « Astérix aux jeux olympiques »).

 

  • Les aides publiques des régions aux films de long métrage auxquelles le CNC contribue depuis 2004 grâce au dispositif 1€ pour 2€ sont également en progression en 2007. Elles passent de 13,5 M€ en 2006 à près de 16 M€ (+ 18%). 65 films sont concernés en 2007 par l'intervention des régions (contre 59 l'année précédente) dont plus de la moitié sont des premiers et deuxièmes films. A ces aides publiques des régions s'ajoute la contribution financière de la région Rhônes-Alpes, co-productrice, et dont les apports atteignent 1,77 M€ pour 7 films d'initiative française.
    Les régions consacrent leurs investissements à des films dont le budget moyen se situe à 4,23 M€ et couvrent près de 6% des devis concernés.
    Rappelons d'ailleurs que le bilan positif des premières conventions CNC/ DRAC/ régions pour la période 2004-2006 nous a conduit à installer cette coopération dans la durée.  En renouvelant les cadres de ce partenariat pour 2007-2009, nous avons consacré le rôle déterminant que jouent les régions dans le soutien à la production cinématographique et audiovisuelle française.



5 - Le soutien du CNC : renforcer les aides sélectives au bénéfice de la création


Le soutien automatique du CNC investi en 2007 est en légère baisse (-8%). Ce recul ne correspond pas à une baisse des droits générés mais à une baisse de la mobilisation du compte qui tient à des éléments conjoncturels observés régulièrement : quelques producteurs avec des comptes particulièrement importants qui mobilisent de très fortes sommes (plusieurs millions d'euros) en une seule fois, sur un projet, n'ont pas eu à engager des investissements en 2007. En revanche, on verra se traduire, à coup sûr, en 2008 de forts mouvements de mobilisation de ces comptes automatiques.


La part de l'Avance sur recettes dans les devis des films aidés est en croissance passant de 13,4% en 2006 à 15,2% en 2007. C'est ce mouvement que le CNC entend renforcer en 2008 grâce à l'augmentation de 10% de l'enveloppe de l'Avance qui passe de 22 à 24 millions d'euros. Marge de manoeuvre qui nous permettra donc d'accroître encore le montant de l'aide accordée à chacun des projets retenus et non pas d'augmenter le nombre de films aidés.


A noter enfin qu'il est encore prématuré de mesurer dans ces statistiques les effets des efforts budgétaires engagés depuis 2 ans par le CNC -et qui vont se poursuivre en 2008, avec + de 66% d'augmentation des aides écriture et développement entre 2006 et 2008- sur les aides en amont et ce d'autant plus que les aides à l'écriture n'ont pas vocation à apparaître dans les budgets de production.


Conclusion


Globalement, l'année 2007 est une bonne année pour la production cinématographique française qui confirme sa vitalité s'établissant à un niveau élevé en nombre de films et aussi à un niveau record en investissements. Situation plutôt favorable pour la production française et beaucoup plus rassurante qu'en 2005 où on avait en effet observé une surchauffe avec un nombre exceptionnel de films accompagné dans le même temps d'une érosion du financement.


Les signes encourageants observés en matière d'atténuation de la bi-polarisation doivent nous conduire à réfléchir aux moyens de consolider la tranche de films situés entre 4 et 7 millions d'euros, catégorie importante pour le cinéma français, et inciter encore les aides publiques à s'impliquer davantage dans ce type de productions.


Il est également indispensable de mieux accompagner les investissements des mandataires -exportateurs et distributeurs notamment -  en ajustant nos mécanismes d'aides afin de les rendre plus incitatifs.


Le CNC qui peut s'appuyer en 2008 sur une croissance des recettes du fonds de soutien continuera à renforcer sa politique redistributive en faveur de la création et conforter ses aides sélectives afin d'en faire une force plus efficace d'appui à la prise de risque artistique, à l'innovation et à l'indépendance face aux tendances, parfois uniformisantes, du marché.