Georges Feydeau au cinéma… en cinq actes

Georges Feydeau au cinéma… en cinq actes

25 septembre 2019
Cinéma
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Le Dindon de Jalil Lespert
Le Dindon de Jalil Lespert Cinéfrance Studios - Pathé Films - Onzecinq - France 2 Cinéma - Artémis Productions
A l’occasion de la sortie du Dindon de Jalil Lespert, retour sur cinq films français adaptés de l’œuvre du dramaturge, passé maître dans l’art du vaudeville, disparu en 1921 à 58 ans.

On purge bébé de Jean Renoir (1931)

Pièce en un acte créée en 1910, On purge bébé met en scène un fabricant de pots de chambre incassables invitant à dîner un fonctionnaire influent du Ministère des armées, son épouse et l’amant de celle-ci pour décrocher un juteux contrat. Pendant ce temps, son fils Toto, « enfant roi » par excellence, refuse de prendre la purge qui le soulagerait de ses problèmes intestinaux. Pour Jean Renoir ce film était un défi. Il le tourna en moins d’une semaine, le monta dans les sept jours qui suivirent et le sortit dans la foulée. L’idée était de prouver à ses producteurs qu’il était capable de travailler rapidement et de signer un succès. Pari réussi : ce triomphe en salles lui permit d’enchaîner avec La Chienne, un des premiers films français parlants qui allait donner une nouvelle impulsion à sa carrière. Dans le (petit) rôle d’Horace Truchet, on remarque un jeune comédien qui allait bientôt exploser : Fernandel.

L’hôtel du libre-échange de Marc Allégret (1934)

Un expert venu pour découvrir la source de bruits suspects dans un hôtel ; sa femme, prête à le tromper avec son meilleur ami ; son neveu désireux de passer quelques heures avec la servante du meilleur ami de son oncle … Voilà quelques-uns des personnages qui se croisent dans l’adaptation de cette pièce écrite 40 ans plus tôt. Deux ans après avoir porté à l’écran le Fanny de Pagnol, Marc Allégret s’attaque à ce sommet du vaudeville avec l’aide de Jacques Prévert au scénario. Et devant sa caméra, il retrouve Fernandel qu’il avait fait débuter au cinéma en 1931 dans Le Blanc et le noir. Trente-trois ans plus tard, le britannique Peter Glenville s’emparera de la même pièce pour donner naissance à Paradiso, Hôtel du libre-échange, avec Alec Guinness et Gina Lollobrigida.

Occupe-toi d'Amélie ! de Claude Autant-Lara (1949)

Après un court métrage muet d’Emile Chautard, une version italienne signée Telemaco Ruggeri et celle de Marguerite Viel, Claude Autant-Lara est le quatrième réalisateur à porter à l’écran cette pièce créée en 1908. L’histoire suit les intrigues d’une demi-mondaine qui se prête à un mariage blanc pour aider un ami de son amant… dont elle tombe amoureuse. Sélectionnée à Cannes (d’où il repart avec un prix spécial pour les décors des Max Douy), cette comédie triomphe en salles avec 2,1 millions d’entrées et marque surtout le retour en grâce de Danielle Darrieux (elle le qualifiera elle-même de « film de sa résurrection ») après les années difficiles qui avaient suivi la Seconde Guerre mondiale. Considéré par Bertrand Tavernier comme « le chef d’œuvre d’Autant-Lara » (qui le considérait lui-même comme son film préféré), Occupe-toi d’Amélie ! fut pourtant longtemps invisible après son exploitation originale. Irrités par les libertés prises par le cinéaste pour son adaptation, les héritiers de Feydeau se sont opposés à toute ressortie pendant plus de 30 ans.

Un fil à la patte de Michel Deville (2005)

Michel Deville est le cinquième cinéaste à porter à l’écran cette pièce de Feydeau écrite en 1894. Il réunit devant sa caméra un casting éclectique (Emmanuelle Béart, Charles Berling, Dominique Blanc, Mathieu Demy, Patrick Timsit ou encore Sara Forestier) dans ce sommet du vaudeville aux chassés-croisés amoureux permanents. Sortie en 2005, cette comédie éclairée par Pierre-William Glenn (Série noire) reste à ce jour l’ultime film de la carrière d’un cinéaste à la filmographie aussi riche que diverse, de Raphaël ou le débauché à Péril en la demeure en passant par Le Paltoquet, L’Ours et la poupée ou La Maladie de Sachs.

 

Le Dindon de Jalil Lespert (2019)

Après Henri Pouctal en 1913 et Claude Barma en 1951, Jalil Lespert transporte au cinéma cette mécanique de précision vaudevillesque écrite en 1896 où maris, femmes, maîtresses et amants se croisent dans un rythme effréné. Mais Lespert est le premier à transposer ce récit dans la France des années 60, « afin de rendre le texte plus contemporain tout en en conservant la langue ». Le travail d’adaptation est co-signé par Fadette Drouard (Patients) et Guillaume Gallienne qui reprend aussi à l’écran le rôle de Pontagnac qu’il avait joué plus de 150 fois à la Comédie Française. Gallienne a pour partenaire de jeu Dany Boon, Ahmed Sylla, ou encore Holt McCallany, l’un des héros de série de David Fincher, Mindhunter.