Documentaire : fonds d'aide à l'innovation audiovisuelle (développement) - résultats de la commission du 13 mars 2023
Résultats des commissions
13 mars 2023
Bosco grande de Giuseppe Schillaci
Producteur : Wendigo films
Aide accordée : 15 000 €
Je connais Sergio, 51 ans, 260 kilos, fils renié d’un parrain mafieux, depuis maintenant plus de trois ans. Présenté comme « le roi de Bosco Grande », petit quartier populaire du centre de Palerme dont je ne connaissais pas l’existence, bien que je sois moi-même palermitain, Sergio vivote en faisant des tatouages et des photocopies. Depuis plusieurs mois son obésité l’empêche de quitter son lit. Sa vie est en danger. Pour survivre, il doit se soigner dans un centre spécialisé pour obésité sévère, à Cefalù, à 60 kilomètres de Palerme. Là, il devra lutter contre ses addictions à la nourriture, à l’alcool et à la cocaïne dans l’isolement d’une résidence perchée sur une colline surplombant la mer.
Le Cran de sureté de Marie Bonnard
Producteur : TS productions
Aide accordée : 17 000 €
Mon grand-père s’appelait Pierre Carous. Pendant quarante ans, il a été maire de Valenciennes, seule ville de droite du Nord principalement à Gauche. Il a été vice-président du Sénat, Président du groupe R.P.R au Sénat, proche de Charles Pasqua et de Jacques Chirac. On l’a retrouvé un jour de 1990, mort d’une décharge de fusil de chasse dans son garage. Cela fait trente ans que j’entends ma famille dire qu’il s’est suicidé parce qu’il avait des problèmes de santé. J’ai découvert récemment qu’une enquête policière autour de sa mort avait eu lieu pendant cinq ans. Malgré mes recherches, le dossier de l’enquête reste pour le moment introuvable. Avec ce film intime et politique, j’explore le récit construit autour de la mort de mon grand-père, celui de ma famille qui refuse de douter, celui contenu dans les archives, dans les témoignages des acteurs de cette époque, je vais enfin au bout de mes intuitions. Le passé se dérobe et ressurgit à la fois dans un clair-obscur entêtant.
Doucement se glisser dans la nuit d’Arnaud Alain
Producteur : Les films du Bilboquet
Aide accordée : 15 000 €
Dimitri ne sort jamais sans son appareil photo. Dans la rue, le métro, en soirée, il fait le portrait d’inconnus ou d’amis, et souvent, de garçons qui lui plaisent. Depuis quelques années, ces images se dérobent à ses yeux… Il sait que dans un avenir plus ou moins lointain il ne verra plus. Dimitri a décidé de conjurer le sort, et grâce à la photographie, il emmagasine les lumières et les corps. Je le filme, moi qui continuerai à voir. Doucement, nous nous glissons dans la nuit.
Entre deux mondes de Chloé Simonin & Margot Lançon
Producteur : Paraiso productions
Aide accordée : 16 000 €
Sous les yeux de Shayma, Chloé et Maëva, un groupe d’amies au lycée Marcel Cachin à Saint-Ouen, les premières infrastructures des Jeux Olympiques s’érigent. C’est une ville nouvelle qui sortira de terre d’ici trois ans. La ville sera leur refuge, le lieu de la fuite, de l’échappée, de la construction de soi. Entre deux mondes restitue deux mouvements, la transmutation des corps adolescents et la transformation des quartiers dans lesquels iels vivent. Un territoire qui s’efface et une identité qui se construit.
Être là d’Adèle Shaykhulova
Producteur : Petit à Petit production
Aide accordée : 16 000 €
Je découvre l’existence de près de 15000 caméras de surveillance dans ma ville natale Oufa, en Russie. Des images live accessibles 24h/24 sur internet. Coincée dans ma chambre en France et ne pouvant pas rentrer chez moi, je parcours la ville depuis mon ordinateur. Je peux aller partout : attendre aux arrêts de bus, longer les rues, entrer dans les cours d’immeubles, observer les chantiers, me promener dans les parcs, monter sur les toits. Les membres de ma famille apparaissent devant une des caméras, accrochée en hauteur dans le parc. Ils s’arrêtent, la pointent des doigts. Ils me transmettent un bonjour, secouant leurs mains. Puis s’en vont, disparaissant du cadre. J’essaie de les retrouver avec d’autres caméras. En vain. Les caméras ne sont pas disponibles partout. Les saisons changent et transforment la ville. Je continue à y errer, obsédée par l’idée de les revoir. Je suis suspendue à un lampadaire, à un immeuble soviétique, à un arbre. Et je reste là, avec eux. Sentez-vous ma présence ?
Festa Major de Jean-Baptiste Alazard
Producteur : Stank
Aide accordée : 12 000 €
Dans les Pyrénées Catalanes, à l'approche des premiers jours de septembre, chaque année depuis au moins 125 ans se déroule la Festa Major de Fillols. Quatre jours de danse, d'ivresse, de folie et de bonheur que se partagent les habitants du village, leurs invités et les « foresters » venus des vallées environnantes et d'ailleurs. Ensemble, cette population constitue « el Poble de Fillols » (« le peuple de Fillols »), célébré et immortalisé par une sardane composée en son honneur et jouée chaque année sur la place par la Cobla Millenaria, un des plus fameux orchestres catalans. En suivant Claire et Quentin, deux habitants du village, notre film sera une immersion dans la Festa Major de Fillols 2023, dans ses excès et ses moments de grâce, dans ses rituels et ses inventions spontanées, dans le lâcher prise collectif qui soude une communauté.
La Grange à Baba de Lucien Roux & Matthias Joulaud
Producteur : Les films du tambour de soie
Aide accordée : 15 000 €
Didier, agriculteur sourd-muet, vient de perdre Claude, son aîné. Désormais seul dans sa maison isolée dans les contreforts du Cantal, il doit trouver sa voie sans recours à son frère. Aux creux de ces montagnes auxquelles il ne peut renoncer, Didier doit surmonter sa peur de l’inconnu et construire des liens avec les autres habitants du hameau. La Grange à Baba suit les routines de Didier, guidées par un nouvel enjeu : la recherche de sa nouvelle place. Il faut qu’il réinvente sa langue et ses échanges, qu’il transforme son handicap en force.
Magma de Laetitia Farkas
Producteur : Kepler 22 productions
Aide accordée : 13 000 €
Elisabeth est une terre de feu qui brûle de jour comme de nuit. Elisabeth est une héroïne qui aime la lumière mais qui se perd dans les recoins les plus sombres de son âme. Élisabeth, c’est ma mère. Je reviens auprès d’elle pour voir ce que je n’ai jamais voulu voir. Cette lave souterraine, cette puissance, qui remonte à la surface par jaillissements.
Ma moria de Diane Boucaï
Producteur : Baldanders films
Aide accordée : 18 000 €
13 août 2011 : Je filme ma mère pour la première fois. En peignoir, elle me liste ses perpétuelles souffrances : cystite, épicondylite, c’est la vie. La vie c’est la mort, l’idée de la sienne m’obsède, je n’arrête plus de la filmer. Alitée ; en train de se curer les dents aux ciseaux à ongles ; priant le Dieu transmis par sa mère... Notre relation s’approfondit grâce à la caméra. Elle développe une complicité avec l’objectif.
3 mai 2021 : Ma mère me confie qu’une de ses voyantes a vu que je la filme tout le temps. Je l’entends comme un signe : il me faut dire que je fais un film sur elle.
Pour ça, je dois accepter que les choses aient une fin.
Les Naufragés du T1 de Mehdi Benallal
Producteur : Triptyque films
Aide accordée : 15 000 €
À la charnière des années 80 et 90, le tramway atterrit en Seine-Saint-Denis, reliant Saint-Denis à Bobigny. Pour l’émission de télévision locale L’Antenne est à nous, diffusée en Île-de-France par FR3 puis France 3, passants et habitants, lycéens et collégiens, urbanistes et ouvriers, sont appelés à jouer le jeu de l’enthousiasme. À quoi répond, retrouvée dans les archives de l’émission, l’opiniâtre singularité des personnes.
No sex no love no country de Yael Perlman
Producteur : Triptyque films
Aide accordée :18 000 €
Une cinéaste israélienne exilée réinterprète avec deux acteurs les échanges intimes qu’elle a eu parallèlement avec un ancien soldat israélien et un jeune Palestinien, rencontrés sur la plateforme de Chatroulette. Alternant images de webcam reconstituées et fragments de réels du tournage, elle interroge la construction mêlée des identités politique et sexuelle sous l'influence de l'occupation israélienne.
Petites personnes de Sophie Audier
Producteur : Decia films
Aide accordée : 18 000 €
Dans la crèche de Turbul à Montreuil-sous-Bois, des enfants de 2 ans se séparent pour la première fois de leurs parents. Commence alors pour eux la tumultueuse aventure de l’apprentissage de l’autonomie, de la relation à l’autre et du vivre ensemble. Ils jouent, expérimentent, échangent, apprennent, rendent compte du monde, du leur, du nôtre. Au fil de l’année, tandis que les gestes se précisent et que la parole s’affirme, la communauté prend forme, avec tendresse, avec humour.
Roswell d’Annabelle Amoros
Producteur : Paraison production
Aide accordée : 12 000 €
Dans le désert du Nouveau-Mexique, la ville de Roswell mêle fascination pour l’inconnu et société du spectacle permanente. L’histoire de la ville est liée au développement de la puissance militaro-industrielle des États-Unis. Après avoir abrité des bases stratégiques durant la Guerre Froide, Roswell reste aujourd’hui fortement connectée à l’Armée. La ville est entourée de zones militaires interdites d’accès et aux activités secret défense. Le nom de Roswell est également connu pour le mystérieux crash qui y eut lieu en 1947. Sans apporter de réponses, le film laisse l’imaginaire collectif déployer ses fantasmes face aux étrangetés de la ville.
Les Sanglières d’Elsa Brès
Producteur : Elinka films
Aide accordée : 12 000 €
Au creux d’une vallée cévenole, une révolte paysanne éclate à l’annonce de l’abolition du droit de glanage. Un groupe se détache, et, du haut d’une montagne, tire une flèche qui nous mène jusqu’en 2022 dans le jardin d’Annie, une femme cévenole de 75 ans qui passe ses nuits à guetter l’approche des sangliers vers un nouveau quartier pavillonnaire en construction. Le jour où un sanglier avale une des caméras de surveillance, le paysage se retourne.