point presse sur la production audiovisuelle 2006

point presse sur la production audiovisuelle 2006

17 avril 2007

• Après une année de stabilité, le volume de production aidée est orienté à la hausse (+4.5%)  ainsi que le montant des investissements (+11% à 1.352 milliard d'€). La production audiovisuelle est à la fois en croissance et mieux financée. La croissance des investissements (+141 M€) est à mettre au crédit des diffuseurs avec près de 100 M€ supplémentaires injectés dans la production aidée (+14%).

• Dans cette croissance du volume produit, les techniques, les emplois et les savoir-faire sont de plus en plus localisés en France, comme en témoigne la baisse des tournages de fiction à l'étranger (baisse de 40% depuis 2004 dans un volume global de jours de tournage en progression de 26%) ou bien encore la progression du taux de dépense en France en animation (passé de 63 à 69% entre 2004 et 2006).


L'analyse par genre met en évidence la mutation en cours de la fiction française ( I) ; la consolidation du documentaire (II) ; la performance record de l'animation (III).


I. La fiction en pleine mutation


La diffusion de la fiction américaine dans des cases bien exposées a certainement été un facteur déclenchant de la mutation de la fiction française. Elle en a bouleversé les codes sans pour autant rogner sur le volume de fiction française diffusée.


Les mutations profondes constatées en 2006 en terme de format traduisent bien la révolution qu'est en train d'accomplir la fiction française. Ainsi, en l'espace de deux ans, les formats dits internationaux de 52 et 26 minutes  représentent en production désormais plus de la moitié de la fiction française produite (53.5% en 2006 contre 31% en 2004). Les chiffres 2006 montrent un recul très important de la série de format 90 mn (-35% en volume produit) au profit de la série de 52 mn (+48% en volume produit).


Néanmoins, le format de 90' n'est pas pour autant abandonné ; il retrouve même une certaine vigueur mais uniquement en programme unitaire (volume supérieur à celui de 2003).


La mutation de la production vers les formats de 52 et 26 minutes, qui en est cours,  a des conséquences fortes en terme d'écriture et de réalisation auprès des auteurs. Elle  se retrouve également chez les diffuseurs pour qui la prise de risque est plus élevée.


En terme de volume produit, il est clair que l'année 2006 est une phase de transition et de recherche de nouvelles écritures pour des formats différents, selon des rythmes de mise en place spécifiques à chaque diffuseur. Au total, le volume produit reste stable (835 heures), et 2006 est plus une année de mutations qualitatives que de performances quantitatives.


Ce bilan de la production de fiction en 2006 incite le CNC à engager avec les professionnels une réflexion sur l'accompagnement par les pouvoirs publics de cette mutation de la fiction. Ainsi, il est probable que le financement des phases de développement et d'écriture doive être renforcé pour accompagner les producteurs, les auteurs et les diffuseurs dans cette prise de risque que constituent le développement et l'apprentissage des écritures de séries sur les nouveaux formats de fiction. Cette réflexion doit concerner le financement de la fiction dans son ensemble et prendre en compte les différents outils de soutien public (COSIP, crédit d'impôt, etc).


II. Le documentaire consolidé


Le volume produit se stabilise autour de 2000 heures ; la situation économique du documentaire évolue vers un meilleur financement (hausse de la couverture des devis par les diffuseurs de 44.3 à 46.4%, hausse de l'apport horaire de 63 à 70 000€). On observe donc en 2006 une continuation de la tendance entamée en 2005.


Canal+ augmente ses investissements et les volumes produits de manière significative, tandis que France 3 national et ARTE consolident à la hausse leur place dans le secteur et que le volume de documentaires commandé par les chaînes locales est en légère hausse. En revanche, les volumes produits pour les stations régionales de France 3 comme pour les chaînes du câble, du satellite et de la TNT sont en net repli en volume, avec un financement horaire néanmoins préservé.


III. Performance record pour l'animation


L'année 2006 correspond logiquement à la phase haute du cycle de production de l'animation. Cette phase haute atteint un niveau historiquement élevé (419 heures produites), à relativiser cependant compte tenu d'une année 2005 assez faible (268), ce qui correspond à un rythme annuel d'environ 300 heures.


Cette croissance du volume s'accompagne d'une forte localisation en France des dépenses. L'effet des soutiens publics est à cet égard significatif. Depuis 2004, le taux de dépense en France sur ce secteur est passé de 63% à 69% ; en terme d'emplois, le nombre d'heures travaillées a progressé de 46 % en 2005 avec une masse salariale en progression de 44%. Les tâches à forte valeur ajoutée de la filière sont de nouveau localisées en France, ce qui est un avantage stratégique majeur pour le futur, avec une diffusion sur l'ensemble de l'industrie de l'image (cinéma d'animation, jeu vidéo, …)


L'apport des chaînes du câble, du satellite et de la TNT est en croissance et représente désormais 14,4% des investissements totaux des diffuseurs sur le genre.


Le secteur de l'animation demeure très dépendant du marché international pour son financement. Les apports étrangers (coproductions et préventes) progressent en 2006, cependant moins rapidement que la croissance de ce secteur cette même année, en raison d'un marché international toujours difficile. La situation est plus favorable pour l'export où l'animation tire l'ensemble des exportations françaises en matière de programmes audiovisuels. Le renforcement du financement apporté par le producteur français (diffuseurs, COSIP) lui permet de négocier plus favorablement sur le marché international, donc de conserver des territoires d'exploitation et des parts de recettes plus importants.



NB : La production aidée est la production de programmes audiovisuels susceptibles de recevoir une aide du CNC, à savoir des fictions, documentaires, programmes d'animation, production audiovisuelle de spectacles vivants et, plus marginalement, certains magazines culturels.