Initialement lancé il y a deux ans entre les États-Unis et le Royaume-Uni, le tournage du film Heads of State (diffusé sur Prime Video, avec au casting Idris Elba et John Cena) a connu un parcours semé d’embûches. Alors que l’équipe s’apprêtait à poser ses caméras en Italie – choisie pour incarner l’Espagne –, la double grève des scénaristes puis des comédiens à Hollywood a brutalement interrompu la production.
C’est grâce à l’intervention décisive de Peninsula, société française de production exécutive, que le projet a pu redémarrer. Son fondateur, John Bernard, a su convaincre les producteurs de relocaliser le tournage dans le sud de la France. Un pari rendu possible par les avantages du Crédit d’impôt international (C2i), qui peut couvrir jusqu’à 40 % des dépenses, mais aussi grâce à l’appui de la Commission du Film Alpes-Maritimes Côte d’Azur et sa connaissance de la diversité des décors naturels du département. La région a ainsi accueilli des scènes censées se dérouler dans pas moins de huit pays différents. Camille Ferret, responsable opérationnelle de la commission, détaille les différents décors que l’on retrouve dans cette superproduction.
Sospel devient Buñol, le village de la Tomatina
« C’est le charmant village de Sospel, niché dans l’arrière-pays niçois, qui a été choisi pour représenter Buñol (Espagne), célèbre pour sa fête de la tomate, la Tomatina. La place Saint-Michel, joyau architectural du comté de Nice avec ses façades colorées, son sol pavé de galets et son église baroque, a servi de décor principal. Afin de recréer l’ambiance festive pour la scène d’ouverture, la production a transformé les lieux : façades temporaires, balcons végétalisés, fanions colorés… Et pour la séquence emblématique de la Tomatina, 40 tonnes de fausse sauce tomate ont été utilisées, après de nombreux tests pour garantir la sécurité des participants et la préservation du sol classé. »

Nice, de la Pologne à l’Italie
« Pour une séquence de poursuite ferroviaire censée se dérouler à Varsovie, la production de Heads of State a jeté son dévolu sur la petite gare de Lingostière, située à l’ouest de Nice. Ce choix s’est imposé pour plusieurs raisons pratiques et esthétiques : reliée uniquement par la ligne du Train des Pignes, exploitée par les Chemins de fer de Provence, la gare bénéficie d’une plage horaire nocturne sans circulation ferroviaire, de 22 h à 5 h du matin, offrant ainsi une grande flexibilité pour le tournage. Mais c’est aussi l’architecture brute et industrielle du site, notamment celle des hangars de réfection des trains, qui a séduit les équipes artistiques. Ces structures rappellent l’ambiance des zones désaffectées d’Europe de l’Est, parfaitement en phase avec l’univers visuel de la scène. De plus, elles offraient un cadre idéal pour les cascades prévues au scénario. Le port de Nice, quant à lui, a été métamorphosé en port industriel de Trieste (Italie). Grâce à un habile travail de masquage – caisses, transpalettes, semi-remorques – les éléments reconnaissables de la ville ont été dissimulés pour renforcer l’illusion. Enfin, le tiers-lieu Le 109, situé à proximité, a également été exploité pour son architecture industrielle et dépouillée, renforçant l’illusion d’un décor d’Europe centrale. »
Grasse, écrin de la villa de Gradov
« Le Château Diter, à Grasse, a été choisi pour incarner la luxueuse demeure de l’antagoniste Gradov (Paddy Considine). Son architecture imposante et son atmosphère de domaine privé correspondaient parfaitement à l’image d’un personnage fortuné. Ce lieu, à la fois cinématographique et authentique, a permis de tourner sans transformations majeures. »

Théoule-sur-Mer, une Croatie azuréenne
« Pour représenter un départ en bateau depuis la Croatie, la production a opté pour Théoule-sur-Mer. Son littoral aux eaux claires, sa jetée et ses maisonnettes colorées évoquent fidèlement les paysages de l’Adriatique, tout en offrant une lumière naturelle idéale pour le tournage. »
Villeneuve-Loubet, un domaine américain recréé
« Le parc de Vaugrenier, à Villeneuve-Loubet, a servi de décor à une scène de recueillement dans un domaine familial américain. Ses grands arbres et ses collines ont permis de recréer un cadre intime et solennel, rappelant les États-Unis. »
Biélorussie, Angleterre, Allemagne : les studios de la Victorine, caméléons de l’action
« Enfin, les studios de la Victorine à Nice ont été mis à contribution pour plusieurs séquences clés : cascades en Biélorussie, scènes à bord d’Air Force One, pub anglais ou encore bar bavarois. Grâce à leurs infrastructures modulables, backlots, plateaux et restaurants ont permis de recréer une grande variété d’ambiances, consolidant encore un peu plus la place de la Côte d’Azur comme terre d’accueil du cinéma international. »

Heads of state

Scénario : Josh Appelbaum, André Nemec, Harrison Query
Production executive française : Peninsula
Disponible depuis le 2 juillet sur Prime Video
Le film a bénéficié du Crédit d’impôt international (C2i)