L’ÉCAS : l’école solidaire qui forme les animateurs de demain

L’ÉCAS : l’école solidaire qui forme les animateurs de demain

25 juillet 2023
Séries et TV
Les élèves de L'ÉCAS en plein travail.
Les élèves de L'ÉCAS en plein travail. ÉCAS

Cofondateur du studio d’animation TeamTo, Guillaume Hellouin a lancé ces dernières années l’ÉCAS, École Cartoucherie Animation Solidaire, une école gratuite qui forme les jeunes talents de demain dans un secteur en pleine croissance. Une école qui va pouvoir se structurer et se pérenniser grâce au plan d’investissement France 2030.


Avant de créer l’École Cartoucherie Animation Solidaire (ÉCAS), vous avez cofondé le studio d’animation TeamTo. Pouvez- vous nous le présenter ?

Il s’agit du premier studio indépendant français d’animation 3D. Je l’ai cofondé en 2005, avec cinq partenaires. Il réunit aujourd’hui 400 salariés. Il existe deux studios, l’un à Paris et l’autre à Bourg-lès-Valence dans la Drôme. TeamTo fabrique ses projets intégralement en France, mais travaille aussi comme producteur exécutif pour d’autres studios, Frog Box pour Pyjamasques ou Activision pour Skylander par exemple. Dans un premier temps, nous avons surtout développé des programmes « pré-school », pour les enfants, puis, au fil du temps, nous nous sommes aussi orientés vers des productions plus adultes comme RAID : Shadow Legends et avons même produit un long métrage, Gus, petit oiseau, grand voyage, sorti en 2015. Trois autres sont actuellement en préparation.

D’où est née l’idée de créer l’ÉCAS ?

Tout part d’une réunion organisée par le CNC en 2017. A la suite d’une étude réalisée par leurs soins, basée sur la demande croissante des plateformes, l’institution avait estimé un déficit de 1 500 profils dans l’écosystème de l’animation française, à l’horizon 2022. Une prévision qui s’est révélée exacte ! C’est en tout cas sur la base de cette information stratégique que j’ai pris la décision de former nous-mêmes nos prochains animateurs. Pour des raisons d’engagement personnel, j’ai souhaité qu’on aille chercher des talents chez une population qui n’avait pas forcément accès à ces métiers pour des questions sociales. Car s’il existe évidemment de nombreuses écoles privées, elles coûtent souvent cher et nécessitent donc des parents en mesure de financer ces études.

France 2030 nous permettra aussi de mieux structurer l’école, en engageant un staff permanent.

La spécificité de l’ÉCAS, c’est donc qu’il s’agit d’une école d’animation « solidaire » ?

Tout à fait ! On a monté une école gratuite pour des stagiaires, qui propose de la formation professionnelle continue sur huit mois. Des cours intensifs, gratuits pour nos élèves, et qui leur garantissent dans la foulée un premier contrat de six mois, chez TeamTo ou ailleurs, leur permettant de rentrer dans le circuit. Encore plus avec le plan d’investissement France 2030. Notre objectif est d’ouvrir la formation aux autres studios et d’anticiper leurs besoins, afin de monter des formations sur d’autres métiers comme les effets spéciaux ou le « compositing ».

Guillaume Hellouin
Le fondateur de l'ECAS, Guillaume Hellouin ECAS

L’ÉCAS est donc lauréate de l’appel à projets France 2030 « La Grande Fabrique de l'image ». Qu’est-ce que cela va changer pour vous ?

Cela va nous apporter des fonds supplémentaires. Des subventions qui nous permettront de pérenniser l’école. Car nous sommes une association à but non lucratif, financée par la région, Pôle Emploi et un peu de mécénat. Le studio TeamTo a également financé 15 % du fonctionnement des classes depuis l’ouverture de l’école. Il faut bien avoir en tête que chaque promotion coûte entre 200 000 et 250 000 euros. Jusqu’à aujourd’hui, chaque promotion ne pouvait réunir plus d’une trentaine d’élèves par année. Depuis nos débuts, on ainsi formé 125 personnes réparties en quatre promotions. Sur ce point, l’apport de France 2030 sera très concret et décisif : il devrait nous permettre de faire naître deux promotions différentes par an mais aussi de mieux structurer l’école, en engageant un maximum de membres permanents. Grâce à tout cela, l’ÉCAS pourra se développer et s’ouvrir aux autres studios. Et d’autres directeurs d’animation que ceux du studio TeamTo viendront y dispenser des cours.

L’animation est un domaine qui nécessitera encore de gros besoins à l’avenir, selon vous ?

C’est clairement un métier d’avenir ! Pour des animateurs talentueux et formés, j’ai la certitude qu’il n’y aura aucun problème d’emploi. Parce que les besoins sont énormes. La télévision et les plateformes ont favorisé la demande évidemment, mais elles ne sont pas les seules. L’animation dans les jeux vidéo - qui sont de plus en plus complexes - constitue par exemple un autre domaine en pleine explosion.

 

L’animation a l’image d’un milieu assez masculin. Vous peinez à recruter des profils féminins ?

On compte environ 40 % d’élèves féminines aujourd’hui, mais on vise la parité. On a pleinement conscience que beaucoup de jeunes filles ne s’autorisent pas certains métiers. L’une de nos missions est donc de mettre en place des outils de communication pour rendre nos métiers de l’animation attirants pour elles et susciter des vocations chez celles qui n’y auraient pas pensé !