Cinq grands cinéastes étrangers pour cinq remakes de film français

Cinq grands cinéastes étrangers pour cinq remakes de film français

20 mars 2019
Cinéma
L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut
L'Homme qui aimait les femmes de François Truffaut Films du Carrosse - DR - T.C.D.
Notre cinéma inspire bien au-delà de nos frontières. La preuve avec Fritz Lang, Billy Wilder, Stanley Donen, Blake Edwards et Paul Mazursky qui ont revisité des œuvres de Jean Renoir, Edouard Molinaro, Claude Berri ou encore François Truffaut.

DESIRS HUMAINS de Fritz Lang (1955)/LA BETE HUMAINE (1938) de Jean Renoir

Seize ans après Renoir, Fritz Lang s’attaque au roman d’Emile Zola en transposant son action à la fin de la Guerre de Corée. Et ce ne sera pas le seul changement. Car la censure va édulcorer son scénario, au fil des différentes versions. Le Jacques Lantier de l’original (campé par Gabin) devient Jeff Warren et perd son côté psychopathe alcoolique aux prises avec des pulsions sexuelles immaîtrisables. Ceci saute d’autant plus aux yeux que Lang n’a pas réussi à convaincre le comédien qu’il voulait pour ce rôle (finalement tenu par Glenn Ford) : l’inquiétant Peter Lorre qui, malmené sur M le maudit, refusa de travailler à nouveau sous sa direction. C’est la deuxième fois que Lang signe le remake d’un film de Renoir après La Rue rouge, inspiré par La Chienne. Et son Désirs humains reçut un accueil guère enthousiaste. Lui-même avouera d’ailleurs préférer la version de Renoir.

 

 

VICTOR LA GAFFE (1981) de Billy Wilder/L’EMMERDEUR (1973) d’Edouard Molinaro

La Chèvre, Les Compères, Les Fugitifs, Le Dîner de cons…Francis Veber a vu nombre de ses scénarios adaptés à Hollywood. Mais ce Victor la gaffe tient une place à part. Tourné dix ans après L’Emmerdeur – il s’agit du tout dernier long métrage mis en scène par le réalisateur de La Garçonnière. En lieu et place de Lino Ventura et Jacques Brel, Billy Wilder a choisi de réunir le duo Walter Matthau-Jack Lemmon qu’il avait déjà dirigé dans La Grande combine et Spécial première. Avec à leurs côtés, un inattendu Klaus Kinski en sexologue qui, pour ce rôle, a refusé Les Aventuriers de l’arche perdue. Mais ce casting de premier choix n’empêchera pas Victor la gaffe de ne jamais sortir en France. Et d’être renié par son réalisateur.

 


C’EST LA FAUTE A RIO (1984) de Stanley Donen/ UN MOMENT D’EGAREMENT (1977) de Claude Berri

Disparu le 21 février 2019, le réalisateur de Chantons sous la pluie avait mis un terme à sa carrière de réalisateur 35 ans plus tôt avec ce remake du film de Berri qu’il a voulu développer après l’avoir découvert dans un cinéma de Santa Monica avec sa femme Yvette Mimieux. L’action quitte les plages de Saint-Tropez pour celles de Rio. Et le duo Victor Lanoux-Jean-Pierre Marielle laisse place au tandem Michael Caine-Joseph Bologna (qu’on voit la même année dans La Fille en rouge, autre remake d’un film français : Un éléphant, ça trompe énormément). Pendant qu’encore au balbutiement de sa carrière, Demi Moore campe, elle, la fille de Caine.

L’HOMME A FEMMES (1984) de Blake Edwards/L’HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES (1977) de François Truffaut

En cette année 1983, Hollywood semble s’être entiché de La Nouvelle Vague. Pendant que Jim McBride revisite A bout de souffle, Edwards s’attaque donc à L’Homme qui aimait les femmes, tourné 6 ans plus tôt par Truffaut. Pour succéder à Charles Denner dans le rôle-titre, Warren Beatty puis Dustin Hoffman furent successivement envisagés avant de décliner et de laisser la place à Burt Reynolds. Face à lui, on note la présence de Julie Andrews, grande habituée du cinéma d’Edwards (avec un Golden Globe à la clé pour Victor Victoria) et Kim Basinger qui avait échoué face à Bo Derek pour le casting d’Elle du même Edwards qui la retrouvera quelques années plus tard dans Boire et déboires. Mais ce remake reçut un accueil à mille lieues de l’original.

 

LE CLOCHARD DE BEVERLY HILLS (1986) de Paul Mazursky/ BOUDU SAUVE DES EAUX (1932) de Jean Renoir

En 1930, Jean Renoir signait avec Boudu, sauvé des eaux un classique du cinéma français. L’histoire d’un clochard magnifique sauvé du suicide par un libraire bourgeois qui cherche à le civiliser. Cinquante-six ans plus tard, le réalisateur de Bob et Carole et Ted et Alice revisite cette histoire dans l’un des quartiers les plus huppés de L.A.. Et confie le rôle de Michel Simon à Nick Nolte, après que Jack Nicholson et Burt Reynold aient été envisagés. Le film reçut un bel accueil qui le conduisit jusqu’à une nomination au Golden Globe de la comédie, remporté par Hannah et ses sœurs de Woody Allen. Et il inspira dans la foulée une série : Down and out in Beverly Hills (le titre en V.O. du film).