Combats chorégraphiés, chutes, câblages… rencontre avec Aurélia Agel, cascadeuse professionnelle

Combats chorégraphiés, chutes, câblages… rencontre avec Aurélia Agel, cascadeuse professionnelle

19 décembre 2023
Cinéma
Tags :
Aurélia Agel
Aurélia Agel, cascadeuse professionnelle Aurélia Agel

Elle n’a que 25 ans et déjà 28 films à son actif. Elle s’est battue dans John Wick 4 ou avec Les Gardiens de la Galaxie, elle a joué les doublures sur les tournages de Fast & Furious X ou de la série Halo. D’abord destinée à faire de la pâtisserie, Aurélia Agel a tout abandonné pour suivre son rêve de devenir cascadeuse professionnelle. Rencontre.


Comment avez-vous débuté dans ce milieu ?

Avant de commencer la cascade, j’avais fait une école de cuisine pendant trois ans. Après cette formation, je me suis rendu compte que ce n’était pas le métier que je voulais faire, à cause des contraintes horaires notamment, qui ne me permettaient pas de continuer la pratique des arts martiaux, ma vraie passion depuis l’âge de 4 ans. J’ai donc tout arrêté et j’ai trouvé des petits jobs en attendant pour pouvoir vivre et m’entraîner. Jusqu’au jour où j’ai décidé, sur les bons conseils de mes parents, d’aller essayer une formation de douze jours dans une école de cascade qui se nomme le CUC (Campus Univers Cascades). Après ces douze jours de formation, je me suis découvert une nouvelle passion pour ce métier. Dans ma tête, c’était vraiment ce que je voulais faire.

Qu’est-ce qui vous a séduite dans le métier de cascadeuse au départ ?

La diversité de la profession. On y trouve du combat chorégraphié, du parkour (une méthode d’entraînement – ndlr), des acrobaties, du câblage, des percussions voiture, des chutes de hauteur, du feu, etc. Le but est d’être le plus compétent dans toutes les disciplines. C’est un métier à forte teneur en adrénaline ! Et en tant que compétitrice d’arts martiaux, ça m’a toujours plu !

C’est un métier à risques. Est-ce qu’on y pense ? Vous arrive-t-il d’avoir peur ?

Oui, bien sûr ! Le métier de cascadeur peut être dangereux. Les blessures sont fréquentes surtout lorsque l’on est mis à l’épreuve sur de grosses cascades. Mais avec l’expérience, on sait ce que l’on peut faire ou non et quelles sont nos limites.

Quels souvenirs gardez-vous de votre premier tournage, Anna, pour Luc Besson ?

J’avais 18 ans quand j’ai eu la chance de décrocher ce contrat pour doubler l’actrice principale (Sasha Luss). C’était une expérience très enrichissante mais aussi éprouvante car j’étais toute nouvelle dans le milieu. Je n’avais aucune idée de ce qu’était un tournage de film. J’ai tout de suite été plongée dans le grand bain. J’ai dû apprendre un grand nombre de chorégraphies, en répétant différentes cascades. J’ai appris à tenir et à manier des armes. Ce fut une expérience incroyable.

Aurélia Agel sur le tournage des Gardiens de la Galaxie Aurélia Agel

Être une femme cascadeuse, on imagine que c’est rare…

Non, en réalité, ce n’est plus vraiment le cas de nos jours. Nous sommes très nombreuses à l’échelle mondiale.

Vous pratiquez le karaté, le taekwondo, le judo, la boxe…

Oui, cela m’a beaucoup aidée à rentrer dans le milieu du cinéma. Mais chacun arrive avec un « background » différent. Pour certains c’est la gymnastique, le parkour ou autre. Pour moi, ce furent les arts martiaux.

Qu’est-ce qu’on vous demande en priorité sur les tournages ?

Cela dépend vraiment des films, mais d’après mes expériences, on nous demande le plus souvent des combats chorégraphiés. Et aussi beaucoup de câblages ou encore des chutes… Des choses qui demandent des mouvements un peu spécifiques.

Quelle est la cascade la plus folle que vous ayez faite ?

J’ai dû sauter d’un hélicoptère sur une plateforme en béton. Il y avait 3 mètres de hauteur. C’était une cascade assez stressante car je n’étais pas attachée ou câblée! Je n’avais donc vraiment pas le droit à l’erreur. Sinon, j’ai aussi fait une percussion voiture, une défenestrationou bien encore des câblages à 15 mètres de hauteur !

Les conditions de sécurité sont-elles de plus en plus optimales de nos jours ?

Oui, mais nous ne sommes jamais à l’abri de nous blesser. D’ailleurs, en général, on ne travaille pas seul. Il y a toujours une équipe derrière, que ce soit d’autres cascadeurs, un régleur de cascades ou autre. Ils sont là pour s’assurer de la sécurité justement.

Vous avez été la doublure cascade de Charlize Theron ou de Milla Jovovich. Est-ce qu’il faut créer un lien avec l’actrice qu’on va doubler ?

Oui complètement, c’est aussi ça le travail de doublure cascade. Il faut pouvoir reproduire la gestuelle de l’acteur ou de l’actrice, pour que ça corresponde au maximum au moment du tournage. Parce que le but reste l’illusion, que les spectateurs ne voient pas la différence.