Disparition de Michel Aumont

Disparition de Michel Aumont

30 août 2019
Cinéma
Michel Aumont dans Palais Royal
Michel Aumont dans Palais Royal Rectangle Productions, TCD
Le comédien, habitué des seconds rôles au cinéma et à la télévision, s’est éteint jeudi 29 août à l’âge de 82 ans. Grand nom du théâtre français, il avait le don d’incarner l’imaginaire des metteurs en scène avec une justesse saisissante. Portrait.

Quatre Molière mais pas de César. On pourrait voir dans la carrière de Michel Aumont, qui vient de décéder à l’âge de 82 ans, un combat du théâtre contre le cinéma. Ce serait injuste, même si le comédien, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, a brillé de mille feux sur les planches, alors que sur le grand écran, il a surtout donné la réplique aux premiers rôles. Son visage, connu de tous, rappelle qu’il n’y a pas vraiment de seconds rôles et que l’importance d’un personnage est entre les mains de celui qui en a la charge. En témoigne son « petit » rôle dans Courage fuyons d’Yves Robert en 1979 où, aux côtés de Jean Rochefort, il impose une bonhommie tragique et obtient une nomination au César du meilleur second rôle dans la foulée. Son travail chez Bertrand Tavernier lui vaut par deux fois la possibilité de remporter les fameux lauriers du cinéma, d’abord grâce aux Enfants gâtés (1977), où il campe un scénariste de cinéma, puis dans Un dimanche à la campagne où il incarne un fils de bonne famille trop rangé avec une sublime humanité.

Cette humanité, elle se retrouve aussi chez Claude Sautet, Michel Deville, Claude Chabrol, Jean-Jacques Annaud, Claude Zidi, Georges Lautner,  Édouard Molinaro, Pierre Granier-Deferre, Patrice Leconte, Valérie Lemercier… Incarnation du Français « respectable », il se fait souvent homme de loi ou notable. C’est avec Francis Veber que Michel Aumont a connu la plus longue et fidèle aventure cinématographique. Il parvient d’ailleurs à imposer définitivement son potentiel comique auprès du grand public avec Le Placard (2000) où il interprète un personnage homosexuel au grand cœur qui sauve François Pignon du suicide. Suivront : Tais-toi ! (2003), La Doublure (2006) ou encore le remake de L’Emmerdeur (2008) Avant ça, il avait tourné, toujours pour Francis Veber, Le Jouet (1976) ou encore Les Compères (1983).

En 2010, la comédienne et réalisatrice Anne Le Ny offre  à Michel Aumont le premier rôle. Dans Les Invités de mon père, il est Lucien Paumelle, un médecin retraité qui recueille chez lui une clandestine venue de Moldavie et sa fille. Une générosité qui n’est pas du goût de ses enfants. L’acteur insuffle à ce rôle grave légèreté, rondeur et douceur.

Grand écran, planches mais aussi petit écran Michel Aumont a démontré l’étendue de son talent, composant ses personnages avec le souci de l’authenticité et le goût du pittoresque.