Festival du film de Sarajevo : retour sur la 24ème édition d’un événement lancé en pleine guerre

Festival du film de Sarajevo : retour sur la 24ème édition d’un événement lancé en pleine guerre

17 août 2018
Cinéma
Tags :
Festival du film de Sarajevo 2018

Créé pendant le siège de Sarajevo en 1995, le Festival du film de la capitale de Bosnie-Herzégovine a fêté ses 24 ans du 10 au 17 août 2018. Une 24è édition qui a notamment sacré Aga de Milko Lazarov.


Sarajevo, 1995. Depuis trois ans, les habitants vivent dans une ville ravagée par la guerre. Après la déclaration d’indépendance de la Bosnie-Herzégovine, des paramilitaires serbes, refusant que le pays quitte le giron de la Serbie, combattent les indépendantistes. Installée dans les hauteurs de la ville, l’armée serbe bombarde et détruit la cité abritant plus de 350 000 personnes. Refusant que la guerre fasse taire la culture, l’association Obala Art Centar décide malgré tout de lancer en 1995, peu avant la fin du siège en 1996, son Festival du Film International. Son but : « aider à reconstruire la société civile et garder l’esprit cosmopolite » de Sarajevo, souligne le festival.

Lancé dans l’une des périodes les plus sombres de l’histoire européenne, cet événement a su s’imposer en mettant les films des Balkans à l’honneur. Depuis plus de 20 ans, il met en compétition des œuvres d’Europe du Sud-Est, de l’Albanie à la Turquie en passant par le Kosovo, l’Autriche, Chypre, la Grèce ou encore la Roumanie, le Monténégro et la Bulgarie. Considéré comme le plus grand marché d’Europe du Sud en ce qui concerne l’industrie cinématographique, le Festival International du film de Sarajevo présente aussi bien des films de réalisateurs reconnus que des réalisations de jeunes cinéastes ou d’étudiants.


Les représentants français en sélection

Si près de 200 longs métrages sont présentés chaque année, seule une poignée d’œuvres sont françaises. Il faut dire que les films hexagonaux ne peuvent pas concourir dans les catégories principales. Cette année, les festivaliers ont pu découvrir, dans la section Focus, Touch me not, une coproduction roumaine, belge, tchèque, bulgare et française réalisée par Adina Pintille ainsi que Le Poirier sauvage (Ahlat Agaci) de Nuri Bilge Ceylan (coproduit par la Turquie, la France, la Bulgarie, la Suède ou encore le Qatar). Dans la sélection internationale Kinoscope, on a notamment pu retrouver Angels Wear White (coproduit par le Chine et la France) de Vivian Qu, Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (France, Portugal, Brésil), Good Manners de Juliana Rojas et Marco Dutra (coproduction brésilienne et française), Laissez bronzer les cadavres (France et Belgique) de Bruno Forzani et Hélène Cattet, Woman at War (coproduction islandaise, française et ukrainienne) ainsi que deux films 100% français : M de Yolande Zauberman et Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico.


Le palmarès

C’est ce jeudi 16 août que le jury rassemblant le réalisateur Asghar Farhadi (le président), l’actrice Judita Frankovic, la photographe Brigitte Lacombe, le scénariste et réalisateur Ana Urushadze ainsi que Mike Goodridge, le directeur artistique de l’International Film Festival & Awards de Macao, a rendu son verdict.
Aga de Milko Lazarov, une coproduction bulgare, allemande et française, a remporté le prix du meilleur film. Un film qui a reçu l’aide aux cinémas du monde du CNC.
Ioana Uricaru est repartie avec le Heart of Sarajevo du meilleur réalisateur pour Lemonade (Roumanie, Canada, Allemagne, Suède).
Zsofia Szamosi a reçu le prix de meilleure actrice pour Egy Nap (Un jour) de Zsófia Szilágyi tandis que le trophée du meilleur acteur a été remis à Leon Lu?ev pour The Load (Teret) d’Ognjen Glavoni?.
Deux films présentés, respectivement, à la Semaine de la critique et à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2018.
Le réalisateur Nuri Bilge Ceylan, qui a fait son retour le 8 août dernier dans les salles obscures avec Le Poirier sauvage – film qui a reçu l’aide sélective pour la distribution du CNC - a reçu un « Heart of Sarajevo » d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.