Hommage de Dominique Boutonnat, président du CNC, à Jean-Luc Godard

Hommage de Dominique Boutonnat, président du CNC, à Jean-Luc Godard

13 septembre 2022
Cinéma
Jean-Luc Godard
Jean-Luc Godard Capture d’écran de « Il était une fois, Le Mépris », documentaire d’Antoine de Gaudemar (éditions du Montparnasse)

Figure totémique du cinéma mondial, immense artiste et génie provocateur, Jean-Luc Godard a révolutionné le cinéma puis n’eut de cesse d‘explorer son art et remettre en cause sa propre pratique. De À bout de souffle en 1960 au Livre d’image en 2018, Jean-Luc Godard laisse une œuvre immense et foisonnante.


La partie la plus connue, la plus accessible aussi, reste bien sûr la première, celle de la Nouvelle vague, dont Godard demeurera l’une des personnalités emblématiques. Lui et quelques autres, après avoir aiguisé leur plume aux Cahiers du cinéma et déboulonné un cinéma jugé trop académique, passent à l’acte. Probablement le plus radical de la bande qui va donner naissance à la politique des auteurs, Godard va inventer par un geste cinématographique devenu culte, A bout de souffle, une nouvelle manière de filmer, plus légère et plus libre. Suivront parmi ses films les plus marquants Une femme est une femme, Vivre sa vie, Le Mépris, Bande à part, Pierrot le fou, Masculin-Féminin, Made in Usa ...  Des œuvres portées par les interprétations inoubliables d’Anna Karina, Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg, Michel Piccoli, Brigitte Bardot, etc

Au fil des années 60, son cinéma mue comme lui pour emprunter des chemins plus expérimentaux encore, où le metteur en scène qu’il a tant contribué à mettre au centre, va se fondre dans le collectif, celui du groupe Dziga Vertov, puis dans les années 70 vers la vidéo avec sa compagne Anne-Marie Miéville.

Jean-Luc Godard, devenu JLG, reviendra sur le devant de la scène cinématographique aux alentours des années 80, de Sauve qui peut la vie (79) à Hélas pour moi (1993), en passant par Prénom Carmen (1983), Détective (1985) ou Nouvelle vague (1990), filmant des stars pour mieux probablement les détourner de leur statut.

Il poursuit sa recherche sur l’art cinématographique avec sa série documentaire Histoire (s) du cinéma (1988), Film Socialisme (2010), L’Adieu au langage (2014, Prix du jury au Festival de Cannes) ou le Livre d’image.

Cet éternel solitaire nous laisse un héritage immense d’images, d’écrits et de déclarations, en fait une réflexion sans fin sur le cinéma.

Il est sans doute le cinéaste à avoir reçu le plus de récompenses pour l’ensemble de sa démarche artistique : Lion d’or pour sa carrière en 1982, deux César d’honneur et exceptionnel pour l’ensemble de sa carrière en 1987 et 1998, Palme d’or spéciale pour Le Livre d’image et l’ensemble de son œuvre en 2018, et Oscar d’honneur en 2010.