Vincent Cassel, Isabelle Adjani, Karim Leklou ou encore Oulaya Amamra… C'est le joli casting rassemblé devant la caméra de Romain Gavras pour son deuxième long métrage. Dans Le Monde est à toi, l'ancien réalisateur de clips, qui s'est fait connaître par son style trash mais créatif, suit les aventures de François (Karim Leklou), un petit dealeur qui veut devenir le distributeur officiel de Mr Freeze au Maghreb. Après avoir découvert que ses économies ont été dilapidées par sa mère, Dany (Isabelle Adjani), il est contraint d'accepter un dernier coup en Espagne pour se renflouer.
Pour son réalisateur, Le Monde est à toi est l'histoire d'un « mec qui veut s'échapper d'un film de voyous ». Un mec incarné avec brio par Karim Leklou. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cet acteur, aperçu notamment dans Un prophète de Jacques Audiard, Le Nom des gens de Michel Leclerc et Les Anarchistes d'Elie Wajeman, est à l'affiche de la deuxième réalisation de Romain Gavras. «On l'a écrit pour Karim. Je l'avais vu dans plein de films (…) C'est une vraie rencontre. Il me touche, il a de la profondeur. Ce n'est pas un héros habituel, ce n'est pas un jeune premier. Moi, il me bouleverse. Mais c'est dur d'expliquer pourquoi on est bouleversé par un acteur », confie Romain Gavras.
L' «hyper réalité » des personnages
Fidèle à ses habitudes et son « côté grandiloquent », Romain Gavras a choisi « un titre qui résonne fort » pour son « film de gangsters » présenté au Festival de Cannes 2018 lors de la Quinzaine des réalisateurs. Avec sa mise en scène et ses « ingrédients puissants à l'image », Le Monde est à toi a de quoi marquer les esprits. Et que dire de ses héros incarnés par un Vincent Cassel enlaidi, une Isabelle Adjani déjantée et un Karim Leklou en bras cassé savoureux. Des personnages « très graphiques qui ancrent le film dans son réalisme ». «C'était l'idée d'avoir le personnage de Karim qui soit vraiment premier degré. C'est son but, son rêve, il est très premier degré. Les autres sont plus 'haut en couleurs'. Ils ont la possibilité d'être dans une hyper réalité. C'était important qu'on trouve ce rapport-là avec Karim, car tout passe par lui. Le spectateur est dans ses baskets, il vit avec lui cette aventure, ses problèmes », explique ainsi Romain Gavras.
Un film de « gangsters » avec humour
«Quand on est réalisateur, on veut faire un film de gangsters à un moment donné », a souligné Romain Gavras à Première. Mais il a malgré tout choisi de revisiter son « film de gangsters » sur le ton de l'humour, pour en faire un « spectacle populaire, un divertissement ». « L'esprit de traiter d'un film de voyous par la comédie, l'aspect bras cassé, c'est british, mais c'est aussi italien », tel que ces « films des années 1960-1970 comme Le Pigeon, Affreux, sale et méchant, où il y a des personnages comme ça mais traités sur le ton de la comédie », a-t-il expliqué au magazine. L'occasion également d'évoquer le thème choisi comme « fil conducteur » du Monde est à toi : « la filiation ». «On trouve ça intéressant de passer par l'humain dans un film de voyous, de fils à maman », a affirmé le réalisateur, fils du cinéaste Costa-Gavras et de la productrice Michèle Ray-Gavras.