Classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Mont-Saint-Michel et sa baie accueillent chaque année près de trois millions de visiteurs, auxquels s’ajoutent régulièrement des équipes de tournage. Décor de productions emblématiques comme Pauline à la plage (1983) d’Éric Rohmer, le blockbuster américain Armageddon (1998) de Michael Bay ou récemment la série The Walking Dead: Daryl Dixon (2023) signée David Zabel, le site nourrit les imaginaires les plus ambitieux. Ses ruelles médiévales, son abbaye millénaire et son atmosphère fantasmagorique en font un cadre de tournage unique.
Des tournages encadrés
Avant que les caméras ne s’installent, les projets de tournage font l’objet d’un processus rigoureux de sélection et d’évaluation. Les demandes d’accueil de tournages peuvent être adressées directement à l’Établissement public national du Mont-Saint-Michel (EPMSM), mais sont le plus souvent envoyées en amont à Normandie Images, la Commission régionale du film, membre du réseau Film France-CNC. Interlocuteur privilégié des productions, l’organisme soutient le développement de projets cinématographiques et audiovisuels en coordonnant les équipes de tournage, les gestionnaires des sites et les talents de la région, dans le but de valoriser le territoire normand. « Lorsque la demande nous parvient, nous l’étudions en fonction de l’image que véhicule le Mont à travers les œuvres, mais aussi du budget annuel et de la disponibilité des équipes. En général, nous sélectionnons deux gros tournages par an et une multitude de projets de moindre envergure, comme des tournages de jeux télévisés. », confie Cécile Ozanne, directrice de la Communication, de la Culture et des Partenariats de l’EPMSM.
Des décors hors du commun
« Le Mont-Saint-Michel est un lieu de tournage atypique », rappelle Cécile Jodlowski-Perra, directrice de Normandie Images. À la différence des autres sites de la région, l’îlot rocheux impose des contraintes matérielles. Intra-muros, dans ses rues étroites, les camions ne peuvent pas toujours circuler. Un défi pour acheminer le matériel. « Il peut arriver que les équipes le portent elles-mêmes à la main, faute de moyens de transport. », précise Nùria Rodriguez, responsable du service production et tournages de Normandie Images. Autre enjeu de taille : la fréquentation touristique. Chaque année, entre juillet et août, près de 900 000 visiteurs foulent les pavés du Mont. Peu de productions peuvent donc se tourner à cette période.
La nature impose elle aussi son propre rythme. Depuis 2006, la baie est classée Zone de Protection Spéciale (ZPS) pour sa faune locale et notamment ses oiseaux. « Pendant la période de nidification des goélands [d’avril à juillet, ndlr], les tournages sont plus réglementés. Ils se déroulent sous surveillance étroite à des heures encadrées et sur des chemins précis », souligne Cécile Ozanne. Le phénomène des grandes marées complique également les conditions de tournage puisqu’à certains moments de l’année, le Mont redevient une île, les eaux encerclent les remparts et submergent la passerelle.
Des tournages d’exception
La deuxième saison de la série française Cat’s Eyes (2025), créée par Michel Catz et produite par Big Band Story, est l’une des dernières productions d’envergure à avoir choisi le Mont comme décor. Habituées aux sites d’exception, l’équipe a tourné le premier opus en région Île-de-France, notamment sur les toits de la Monnaie de Paris. Pour la saison 2, elles ont investi le Mont-Saint-Michel quelques jours à l’automne 2025. « Le projet a été soumis à Normandie Images dans le cadre du fonds d’aide de la région, en partenariat avec le CNC. Il a bénéficié d’un soutien financier à la production, ce qui nous a permis d’accompagner les équipes dans le choix des décors et des techniciens. », explique Cécile Jodlowski-Perra. Sur place, le tournage a nécessité une organisation rigoureuse, en raison entre autres des cascades réalisées par les actrices sur les toits de certaines habitations. « Le site est classé et protégé. Les toitures où ont été tournées ces scènes ont été choisies en concertation avec les architectes des Bâtiments de France. », remarque Cécile Ozanne.
Le Mont a aussi servi de décor aux deux premières saisons du spin-off Daryl Dixon. Le tournage de la saison 2 a permis d’embaucher six techniciens locaux pour une durée cumulée de travail de 225 jours. « Valoriser l’emploi sur le territoire normand est un axe majeur de l’action de Normandie Images. Les résultats sont d’autant plus satisfaisants qu’ils ont ainsi mis en lumière le savoir-faire normand auprès d’une production américaine. », constate Nùria Rodriguez.

Un site attractif pour la région Normandie
En septembre 2025, Normandie Images a organisé un voyage d’inspiration et d’écriture cinématographique pour six auteurs, scénaristes et cinéastes, en partenariat avec Attitude Manche, l’Office du tourisme du Cotentin, Normandie Livre et Lecture ainsi que l’EPMSM. Objectif : encourager les cinéastes et les productions à tourner en Normandie et au Mont-Saint-Michel. L’occasion aussi de leur faire découvrir les paysages de la Manche, la beauté des décors du Mont et nourrir leur imagination pour de futurs projets.
Terre de tournage incontournable, le Mont-Saint-Michel continue de fasciner les cinéastes et d’attirer les productions du monde entier. Une effervescence qui contribue à soutenir l’économie locale, valoriser le savoir-faire régional, et mettre en lumière le patrimoine normand.