Nadine Bugnot : « Le festival La Toile des Palmistes doit rester une expérience vivante… »

Nadine Bugnot : « Le festival La Toile des Palmistes doit rester une expérience vivante… »

31 octobre 2023
Cinéma
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La toile des palmistes
Le Festival La Toile des Palmistes revient du 2 au 5 novembre La Toile des Palmistes

Depuis onze ans, le festival La Toile des Palmistes, en Guyane, vise à sensibiliser la population aux pouvoirs du cinéma et à mettre en avant la production locale. Entretien avec sa directrice. 


Quand le festival La Toile des Palmistes est-il né ?

Tout a débuté en 2012 sous l’impulsion de la G-CAM (Guyane Cinéma Audiovisuel et Multimédia), association qui regroupe localementdifférents professionnels du secteur : producteurs, réalisateurs, techniciens… Ce festival a été créé de manière spontanée pour proposer au public les créations locales et le sensibiliser à l’art cinématographique. En Guyane, notre système de production est très limité. La G-CAM cherche à développer la filière. Nous avons ainsi réussi à créer un fonds de soutien, géré par la collectivité territoriale de Guyane, permettant la création. Certains techniciens formés à l’étranger partagent leur savoir une fois revenus sur le territoire. S’il n’y a pas encore d’écoles de cinéma en Guyane, plusieurs lycées proposent des spécialités « cinéma ». Quant aux jeunes désireux de se former à ces métiers, travailler sur des tournages reste la meilleure alternative.

Autour de quels critères est réalisée la programmation ?

Historiquement, le festival ne programme que des œuvres tournées en Guyane et plus largement aux Antilles. Si le format court domine, le long métrage a bien sûr aussi sa place. Nous sommes ouverts à tous les formats et types de films : documentaire, animation, fiction… Le spectre de notre programmation s’est toutefois élargi au fur et à mesure des années. Nous proposons désormais des films de tous horizons dès lors qu’ils développent des sujets pouvant trouver un écho auprès de notre public. Je pense, par exemple, aux questions d’identité, au déracinement, à l’importance de la culture.... Nous privilégions les œuvres qui mettent l’accent sur des valeurs positives. Il y a ainsi cette année des films venus de Papouasie–Nouvelle-Guinée, Portugal, Pays-Bas mais aussi du Brésil et de l’Australie.

Concrètement à quoi ressemble la manifestation ?

Le festival se déroule durant quatre jours sur la place des Palmistes, un endroit très populaire de la ville de Cayenne. Beaucoup de familles se rassemblent le soir pour partager un moment convivial. Des camions-sandwichs permettent de se restaurer facilement. Un écran géant est disposé sur la place, et plus de 500 chaises sont placées devant. Chacun peut venir gratuitement et librement aux projections en continu. L’idée est que chacun, initié ou pas, puisse apprécier les films qui s’offrent à lui. C’est pour cela que le format court est idéal. Il n’implique pas de la part du spectateur une attention trop longue. Il faut que ce festival reste une expérience vivante. Conjointement, le cinéma L’Eldorado, unique salle de cinéma art et essai dans la région Antilles-Guyane, basé également sur la place des Palmistes, projette des films dont les thèmes abordés ou la tonalité de l’ensemble ne correspondent pas à l’esprit « tout public » des œuvres projetées en plein air. Au total, 37 films seront programmés durant toute la manifestation pour cette édition 2023.

Le festival départage-t-il les films sélectionnés entre eux ?

Nous avons la chance d’avoir le soutien de Canal+ Antilles qui, en qualité de partenaire, décerne un prix Révélation. Ne sont concernés que les films produits aux Antilles ou en Guyane. Le lauréat reçoit la somme de 10?000 euros et un accompagnement médiatique pour son film. Le jury est présidé cette année par l’actrice Anne Suarez, l’une des héroïnes de la série Guyane. Elle délivrera également durant le festival une masterclass. Chaque année, nous lançons également un concours de courts métrages. Les participants doivent réaliser un film de trois minutes autour d’un thème imposé. Pour cette édition 2023, il s’agit de « Né.e quelque part ». Ce concours vise à favoriser l’éclosion de nouveaux talents en Guyane. Le jury, conscient que ces films sont réalisés avec des moyens rudimentaires, concentre essentiellement son jugement sur la qualité du scénario et le respect du thème.

Outre ces prix, comment accompagnez-vous les jeunes désireux de progresser dans leur art ?

De plus en plus de jeunes Guyanais veulent faire du cinéma ou travailler dans l’audiovisuel. Un encadrement est donc primordial. Nous prenons appui sur une autre manifestation très importante en Guyane, le FIFAC (Festival international du film documentaire Amazonie Caraïbes), où sont organisés de nombreux ateliers d’écriture. Si cela ne concerne pour l’heure que le documentaire, nous aimerions l’élargir à la fiction. Au sein de la G-CAM, nous multiplions les rencontres avec les jeunes talents dans une volonté constante de transmission.

Combien attendez-vous de spectateurs pour cette édition de La Toile des Palmistes ?

Autour de 2500 ! Chaque année le public est de plus en plus nombreux.