Qu'est-ce que les Français allaient voir au cinéma pendant l'été 85 ?

Qu'est-ce que les Français allaient voir au cinéma pendant l'été 85 ?

16 juillet 2020
Cinéma
Parole de flic
Parole de flic Adel Productions - DR - TCD

A l'occasion de la sortie d'Eté 85, le mélo nostalgique de François Ozon, petit tour d'horizon de la programmation des salles françaises lors de la saison estivale 1985.


Sortis le 26 juin

Les Anges se fendent la gueule (Jamie Uys)
Sous ce titre imagé se cache en réalité Funny People II, un film à sketches en caméra cachée signé du réalisateur de la comédie australienne Les Dieux sont tombés sur la tête, immense succès international en 1980 : sorti seulement en 1983 en France, le film termina sa carrière à 5,9 millions d'entrées... Le premier Funny People était resté inédit en France, mais le succès des Dieux sont tombés sur la tête poussa la Fox à sortir la suite sous un titre évoquant directement une filiation entre les deux films. Résultat, moins de 880 000 entrées.

Gros dégueulasse (Bruno Zincone)
Adaptation de la bande dessinée du même nom de Reiser (qui signe également le scénario), Gros dégueulasse ne convainquit qu’à peine plus de 600 000 spectateurs : cette comédie avec Maurice Risch en chômeur négligé et oisif est le deuxième film de Bruno Zincone après la double parodie (à la fois du cinéma X et des films d'espionnage) Bactron 317, l'espionne qui venait du show (1979), cosignée avec Jean-Claude Strömme. Après Gros dégueulasse, Bruno Zincone est parti tourner le film érotique Emmanuelle 6 en 1988 mais le tournage se passe mal : il est remplacé à la moitié par Jean Rollin qui achève le film.

La Forêt d'émeraude (John Boorman)
Un enfant blanc, enlevé par des Indiens en Amazonie, accomplit une quête initiatique et abat un barrage installé par des industriels. Film d'aventures bien dans la lignée du style du réalisateur de Délivrance, qui fait jouer son propre fils Charley dans le rôle du héros, La Forêt d'émeraude rassemble plus de 2,6 millions de spectateurs, ce qui en fait le plus gros succès du cinéaste en France, devant Excalibur (2,3 millions en 1981).

 

Sortis le 3 juillet

Sang pour sang (Joel Coen)
Bien qu'acclamé par la critique, le premier film des frères Joel et Ethan Coen est passé complètement inaperçu dans les salles françaises, totalisant moins de 197 000 entrées. Son distributeur, Parafrance – qui fut aussi celui du fameux film érotique Emmanuelle (8,8 millions d'entrées) - était l'un des grands groupes de cinéma au début des années 80 (« troisième groupe cinématographique français » en 1983 d'après Le Monde) rencontrait de grosses difficultés financières, et Sang pour sang est son ultime film distribué en salles. Parafrance disparut en 1993, et le cinéma des frères Coen ne rencontrera vraiment le public qu'en 2000 avec O’Brother, qui dépassa le million d'entrées.

 

 

Spécial Police (Michel Vianey)
Cinquième et dernier film de l'écrivain et journaliste Michel Vianey après Un dimanche de flic (1983) avec Jean Rochefort, Spécial Police est un film policier qui met Richard Berry dans la peau d'un commissaire aidant une jeune femme (Carole Bouquet) à affronter les assassins d'un parti politique secret. Son originalité tient dans sa manière d'intégrer l'informatique de façon très moderne (pour l'époque) dans l'intrigue. Résultat : 838 000 entrées en salles, alors que La Balance avec Richard Berry, Nathalie Baye et Philippe Léotard a totalisé plus de 4,1 millions de billets en 1982.

 

Starman (John Carpenter)
John Carpenter n'a jamais vraiment rempli les salles françaises : après le succès de New York 1997 (1,2 million d'entrées en 1981), The Thing fut comme aux USA un échec en France (560 000 entrées en 1982). En 1984, Christine approcha le million d'entrées -sans doute grâce au nom de Stephen King- mais Starman, son film de l'été 1985 avec Jeff Bridges en alien messianique traqué par les autorités, ne réunit que 411 000 spectateurs.

 

Sortis le 10 juillet

Police Academy 2 : Au boulot ! (Jerry Paris)
Distribué par Warner, Police Academy, premier volet de la franchise comique du même nom, termina sa carrière française à 1,6 million d'entrées en 1984. Sa suite fit presque aussi bien avec 1,2 million d'entrées, le même score que Police Academy 3 : Instructeurs de choc l'année suivante. Une valeur sûre ? En 1987, Police Academy 4 : Aux armes Citoyens atteignit à peine le million, avant que la courbe des entrées ne dégringole avec Police Academy 5 : Débarquement à Miami Beach (environ 800 000 entrées en 1988). Le septième et ultime film de la série, Police Academy : Mission à Moscou, dépassa à peine 147 000 entrées en 1993, l'été de Jurassic Park...

 

Sorti le 17 juillet

Sale temps pour un flic (Andrew Davis)
Distribué par la 20th Century Fox, il s'agit du huitième film d'action porté par Chuck Norris à sortir en France. Le précédent, le fameux Portés disparus, était sorti en salles françaises par UGC le 12 juin 1985, à peine plus d'un mois avant Sale temps pour un flic. Mais Portés disparus a été le plus fort, avec 837 000 entrées, alors que Sale temps pour un flic n’en cumula que 550 000.

 

Sortis le 7 août

Pale Rider, le cavalier solitaire (Clint Eastwood)
1,1 million d'entrées : cette année-là, le western Pale Rider -comme toujours distribué par Warner- devient le plus gros succès de la carrière de Clint Eastwood réalisateur en France (sa trilogie avec Sergio Leone a cumulé 14,7 millions d'entrées). Il fera un score similaire avec Le Maître de guerre en 1987, mais devra attendre 1993 et Un monde parfait (3,1 millions) pour retrouver les faveurs du public hexagonal.

 

Runaway : l'évadé du futur (Michael Crichton)
En 1974, le premier film de l'écrivain Michael Crichton, Mondwest -avec Yul Brynner en cow-boy androïde d'un parc d'attractions du futur- rassembla plus de 360 000 spectateurs en France. Le futur auteur de Jurassic Park tourna ensuite Morts suspectes (1978) et La Grande attaque du train d'or (1979) avec Sean Connery avant ce film de science-fiction où Tom Selleck et Cynthia Rhodes éliminent des robots déviants. Résultat, plus de 670 000 entrées. Avant de s’éteindre en 2008 à 66 ans, Michael Crichton ne repassera qu’une seule fois derrière la caméra avec Preuve à l'appui qui subit un cuisant échec en 1989.

La Baston (Jean-Claude Missiaen)
Passé complètement inaperçu (239 000 entrées), La Baston, avec Robin Renucci en cambrioleur piégé par un gang, est le troisième film du critique de cinéma Jean-Claude Missiaen après les polars Tir groupé (1,2 million d'entrées en 1982) et Ronde de nuit (868 000 entrées en 1984), tous deux avec Gérard Lanvin. Il conçut ensuite, en 1991, les quatre épisodes de la série post-apocalyptique Les Hordes, diffusée sur la Cinq qui prit la décision… de ne jamais diffuser l'ultime épisode.

 

Sorti le 21 août


Parole de flic de José Pinheiro
Film à la gloire de son acteur principal dans la peau d'un ancien policier retournant en France en quête de vengeance, Parole de flic termina sa carrière à plus de 2,5 millions d'entrées -plus fort que le James Bond, Dangereusement vôtre, sorti la même année.

 

Sortis le 28 août

Legend (Ridley Scott)
La fresque de fantasy du réalisateur d'Alien, le huitième passager (2,8 millions d'entrées en 1979) et Blade Runner (qui connut un gros succès en France - contrairement aux USA - avec plus de 2 millions d'entrées) fut une déception au box-office avec 765 000 entrées dans l'hexagone. Tom Cruise n'était pas encore la star de Top Gun, qui dépassa la barre des 3,5 millions d'entrées en 1986...

 

Stop Making Sense (Jonathan Demme)
Sorti à la sauvette, le fabuleux ciné-concert des Talking Heads tourné par Jonathan Demme, et considéré comme l'un des meilleurs documentaires musicaux jamais tournés, n'attira que 23 000 curieux en salles françaises.

Horror (Philippe Mora)
Sous ce titre se cache en réalité Hurlements 2, la suite directe du fameux film de loup-garou de Joe Dante, Hurlements (1,2 million d'entrées en 1981). Il ne retrouva son titre, plus explicite, qu'à sa sortie en vidéocassette. Le film - qui réunit péniblement 42 000 spectateurs - est réalisé par le franco-australien Philippe Mora qui tournera également Hurlements 3 en 1987, sorti directement en vidéo dans notre pays.

Les Débiles de l'espace (Mike Hodges)
Cette comédie anglaise de science-fiction, coécrite par Mel Smith (le futur réalisateur du film Mister Bean) et tournée par l'éclectique réalisateur de La Loi du milieu (1971) ou Flash Gordon (1980) ne convainquit que 29 000 spectateurs en salles. L'été 1985 était déjà fini.