A l’image de Métropolis, La Splendeur des Amberson avait été amputée de plusieurs minutes par les producteurs de l’époque, contre la volonté de son réalisateur. Et tout comme le chef-d’œuvre de Fritz Lang - dont on avait retrouvé la majorité des scènes manquantes en Argentine - le deuxième film d’Orson Welles pourrait retrouver son éclat originel. C’est la mission du réalisateur américain Joshua Grossberg, qui s’envolera vers le Brésil à l’automne prochain pour retrouver les 43 minutes retirées au montage original. Le choix de la destination n’est pas anodin car Orson Welles s’était déjà rendu à Rio de Janeiro en 1942, juste après le tournage de son deuxième film. Le réalisateur de La Soif du mal y travaillait alors comme ambassadeur de la « Good Neighbor policy » menée par les Etats-Unis en Amérique latine. Les historiens du cinéma estiment probable qu’une copie inaltérée de La Splendeur des Amberson lui ait été envoyée par les studios RKO afin qu’il puisse l’éditer durant son voyage.
« Ils ont détruit les Amberson et cela m’a détruit », avait déclaré Orson Welles au sujet de la nouvelle découpe de son film et de l’ajout d’une fin alternative. Même si les chances de retrouver les 43 minutes de pellicule manquantes (dont certains spéculent qu’elles ont été détruites pour contribuer à l’effort de guerre), l’expédition devrait se révéler aussi captivante que la découverte. Financées par la chaîne TCM, les péripéties de Joshua Grossberg seront immortalisées dans un documentaire intitulé « The Search for the Lost Print: The Making of Orson Welles ''The Magnificent Ambersons.'' ». Ce long-métrage prévu pour l’an prochain – et coïncidant avec le 80ème anniversaire du film - se concentrera autant sur la traque de Grossberg que sur la légende entourant la mutilation de l’œuvre de Welles.
