Yann Arthus-Bertrand : "Il y a une prise de conscience généralisée sur l’écologie"

Yann Arthus-Bertrand : "Il y a une prise de conscience généralisée sur l’écologie"

27 novembre 2020
Cinéma
Fondation GoodPlanet
Fondation GoodPlanet Yann Arthus-Bertrand
L’homme d’images et écologiste français s’apprête à lancer sa troisième vente aux enchères au bénéfice de sa fondation GoodPlanet. L’occasion de faire le point sur ses différents projets.

Pour la troisième année consécutive, Yann Arthus-Bertrand organise une vente aux enchères particulière puisque les lots concernent des rencontres et des échanges avec des personnalités (François Hollande, Daniel Auteuil, Juliette Binoche, Plantu...) ou des anonymes exerçant des métiers artisanaux. L’événement aura lieu, en ligne, depuis la plateforme Drouot Digital, du vendredi 27 novembre au dimanche 6 décembre 2020.

Comment vous est venue cette idée de vente aux enchères dont la première a eu lieu en 2018 ?

Yann Arthus-Bertrand Quentin Jumeaucourt/DR

Human (2015) avait été projeté à New York au centre culturel français, qui organise régulièrement des ventes aux enchères de ce type. On m’avait notamment demandé si j’étais d’accord pour y participer. J’ai eu ensuite l’idée de transposer le concept en France.

La troisième édition a lieu du 27 novembre au 6 décembre. A-t-elle été menacée par la situation sanitaire ?

La vente aurait dû se tenir à la fondation mais nos partenaires, Drouot Digital et Christie’s, ont réussi à l’organiser virtuellement sans trop de problèmes. Je pense même, j’espère, que l’événement sera encore plus suivi, notamment par les étrangers.

Un grand nombre de personnalités a encore répondu présent.

Les réponses favorables nous ont un peu dépassés ! Je suis même toujours étonné de la gentillesse et de la disponibilité des personnalités que nous sollicitons. On propose 130 lots cette année, ce qui est assez considérable. Cela va d’une journée en compagnie d’une bergère dans les Corbières à un tête-à-tête avec François Hollande à Paris, en passant par l’observation d’un souffleur de verre au travail en Alsace ou encore un déjeuner avec Juliette Binoche.

Avez-vous le sentiment que la cause écologique est désormais prioritaire en France et dans le monde ?

Je ne dirais pas ça. Il y a en revanche une prise de conscience généralisée. Récemment, j’étais à une conférence où j’ai demandé au public s’il était confiant dans l’avenir. Personne n’a répondu oui...

Qu’ont permis de développer les bénéfices des deux premières ventes aux enchères et quelles sont vos idées pour l’avenir ?

La Fondation GoodPlanet est un endroit très utopique et gratuit. Il y a des cours de cuisine, un escape game sur le carbone, une ruche géante, des conférences... Je tiens à la gratuité et pour la maintenir, il faut évidemment des fonds que les ventes aux enchères alimentent en partie. On a une grande idée qui consiste à élever des cerfs et des biches au cœur de la fondation puis à les relâcher, à terme, dans le bois de Boulogne. Ce serait important pour la biodiversité. Je vais me battre pour y arriver.

Parlons de cinéma. Votre dernier film, Woman, est sorti juste avant le premier confinement, en mars dernier, puis de nouveau au moment du déconfinement. Regrettez-vous son exploitation dans ces conditions particulières qui ne lui ont peut-être pas permis de toucher un plus grand public ?

J’ai beaucoup de regrets. C’était le moment de parler des femmes et de leur donner la parole. Durant les premières semaines d’exploitation, les salles où le film était projeté étaient pleines, il y avait des standing ovations à la fin... Puis, la Covid est arrivée et ça a eu du mal à repartir.

Qu’en est-il de votre projet intitulé France ?

Le titre exact est France, une histoire d’amour. Je vais aller à la rencontre des Français qu’on va photographier un peu partout dans l’Hexagone. Nous allons travailler conjointement avec les 70 000 facteurs du pays qui vont nous orienter vers des gens qu’ils apprécient. C’est un projet fou, en partenariat avec La Poste. Ensuite, nous entamerons les prises de vues d’un film sur les réfugiés dans le monde, dans la lignée de ce que nous avons fait pour Human et Woman.

Vous avez dit que votre but, à travers vos films, est que les gens se « sentent plus humains ». L’humanité est en ce moment soumise à rude épreuve. Pensez-vous qu’elle puisse en tirer quelques leçons ?

Je ne suis pas futurologue, je ne suis pas Jacques Attali... (Rires.) La tyrannie de la croissance nous oblige à travailler pour produire et consommer, c’est un peu absurde. Tout ce qui se passe en ce moment, et qui pourrait se reproduire dans l’avenir, nous amène à réfléchir à ce qui est essentiel dans la vie. C’est peut-être une bonne chose.