Comment est née cette initiative ?
Je viens du monde éducatif et mon associé, Serge Bergstein, venait de la distribution cinéma. On s’est rendu compte qu’il manquait une structure pour faire le lien entre les deux mondes et permettre aux distributeurs de communiquer plus facilement avec les enseignants sur leurs sorties de films. On a travaillé en complément de dispositifs comme École au cinéma, Collège au cinéma et Lycéens et Apprentis au cinéma, qui utilisent des films au moins un ou deux ans après leur sortie. Nous voulions véritablement travailler les films que les profs peuvent aller voir en salles avec leur classe.
Comment avez-vous procédé ?
On a imaginé des ressources qui permettraient aux enseignants d’utiliser une sortie au cinéma comme un complément à leurs cours. Dès 2006, on a fait nos premières opérations. Et en 2008, on a lancé un site internet, zerodeconduite.net, sur lequel les profs pouvaient télécharger gratuitement des dossiers pédagogiques sur les films à l’affiche. Pour notre dixième anniversaire, nous avons fait évoluer le site de manière importante. En outre, nous offrons aux enseignants la possibilité de réserver directement leur séance scolaire en ligne dans le cinéma le plus proche de leur établissement. À cet effet, nous avons créé une interface pour les exploitants. Nous venons également de signer un partenariat avec Hachette Éducation afin de donner à nos opérations une plus grande ampleur.
Qui élabore les dossiers pédagogiques et comment sont-ils préparés ?
Si les distributeurs de films contribuent financièrement à leur élaboration, ce sont bien les professeurs de l’Éducation nationale qui en écrivent le contenu. L’essentiel du dossier est constitué d’activités clés en main, en rapport avec les programmes, rédigées par des profs en activité pour leurs collègues. L’idée est de proposer des déclinaisons utilisables en classe du contenu exposé dans le film. Certaines sont exploitables avant la diffusion du film et d’autres après. On balaye toutes les disciplines de la maternelle à la fin du secondaire. Bien sûr, il y a des disciplines, comme les langues, pour lesquelles le média cinéma est particulièrement utile. Nous touchons aussi les professeurs de lettres via les adaptations littéraires, les professeurs d’histoire avec les films d’époque, et de temps en temps – même si c’est plus rare – des films peuvent intéresser les professeurs de sciences.
Avez-vous des exemples récents de films et d’activités qui ont particulièrement attiré les enseignants ?
L’année dernière, Green Book a très bien marché sur les profs d’anglais. Beaucoup de projections ont été organisées. Un Peuple et son roi est en train de devenir un classique sur la Révolution française pour les cours d’histoire. Les professeurs d’allemand ont plébiscité Le Vent de la liberté qui leur permet de montrer la vie en Allemagne de l’Est avant la chute du mur de Berlin. Les Figures de l’ombre a cartonné en projections scolaires, car il permettait d’aborder plusieurs domaines : la langue anglaise, bien sûr, mais aussi l’histoire des États-Unis, l’histoire des sciences et les droits des femmes.
Les enseignants exploitent-ils aussi ces films en classe ?
À leur demande, nous avons mis en place un service de ventes institutionnelles de DVD ; il faut savoir que les enseignants ne peuvent pas utiliser les DVD du commerce pour des projections en classe, il faut qu’ils s’acquittent de droits spécifiques. Zéro de conduite, c’est donc aussi une centrale d’achat pour établissements scolaires.
