Cinq films de Chaplin à redécouvrir

Cinq films de Chaplin à redécouvrir

10 juillet 2019
Cinéma
Monsieur Verdoux
Monsieur Verdoux Charles Chaplin-United Artists

A l’occasion de la rétrospective commémorant le 130ème anniversaire de sa naissance, retour sur cinq films méconnus ou sous-estimés d’un génie du cinéma.


Le plus dramatique – L’Opinion publique (1923)

Pur mélodrame, L’Opinion publique raconte les parcours croisés d’une jeune femme et de son amoureux qui, pour fuir un milieu provincial étouffant, décident de vivre leur passion à Paris. Des événements malheureux les séparent avant qu’ils ne se retrouvent un an plus tard. Dans l’intervalle, Marie est devenue une femme entretenue tandis que Jean est resté un peintre sans-le-sou. Uniquement présent derrière la caméra, Chaplin offre ici à son ex-compagne Edna Purviance un rôle magnifique de courtisane partagée entre les élans du cœur et la tentation du confort. L’échec cuisant en salles de L’Opinion publique, interdit dans plusieurs Etats américains, marquera tellement Chaplin qu’il décide après cela de ne plus tourner que des comédies dont il sera la vedette.

Le plus burlesque – Le Cirque (1928)

Réalisé entre La Ruée vers l’or et Les Lumières de la ville, deux chefs-d’œuvre certifiés, Le Cirque est loin d’avoir le même statut dans la filmographie de Chaplin. C’est pourtant un film marquant (dans lequel Charlot intègre par erreur un cirque) qui connut une genèse rocambolesque, entre dégradations des décors, blessures en tous genres... Le tournage fut si douloureux pour Chaplin qu’il ne parla même pas du Cirque dans ses mémoires publiés en 1964 et que le film, selon sa volonté, resta longtemps invisible. Parfait équilibre de mélo et de burlesque, traversé de séquences cultes (la cage au lion, le palais des glaces), Le Cirque est une pépite.

 

Le plus raffiné - Monsieur Verdoux (1947)

Les cinéphiles pourront s’étonner de voir Monsieur Verdoux dans un panthéon de “films méconnus” du maître. Pourtant, ce portrait caché de Landru mettant en scène un tueur de dames sophistiqué (et français !) n’est pas le plus plébiscité de sa filmographie. Trop sombre ? trop subversif ? Trop désabusé ? Charlie “tue” Charlot dans cette comédie noire qui lui permet de régler ses comptes avec les ligues de vertu et la bien-pensance américaine. Mais avec le recul, Monsieur Verdoux apparaît cependant aujourd’hui aux yeux de beaucoup comme le dernier chef-d’œuvre du maître.

 

Le plus politique - Un Roi à New York (1957)

En 1952, Chaplin quitte définitivement les États-Unis, lassé des attaques et des procès incessants dont il fait l’objet. Il tourne donc Un Roi à New York à Londres en se donnant le rôle d’un monarque européen exilé aux États-Unis à la suite d’une révolution. Sur place, obligé de trouver de l’argent, ce souverain fait de la publicité avant de prendre sous son aile un enfant dont les parents ont été arrêtés pour propagande marxiste... L’allusion au maccarthysme et à l’ambiance paranoïaque qui agite l’Amérique est évidente. Et son dénouement qui renvoie au rapport douloureux de Chaplin à son pays d’adoption, Un Roi à New York, dernière véritable apparition à l’écran de l’acteur-réalisateur, laisse filtrer une réelle émotion.

Le moins connu – La Comtesse de Hong Kong (1967)

Dix ans après Un Roi à New York, Chaplin tourne à 77 ans son dernier film, et le premier en couleurs. L’histoire d’amour impromptue entre un ambassadeur américain et une comtesse russe sur fond de croisière de luxe. Incarnée par un Marlon Brando à la beauté flamboyante et une Sophia Loren virevoltante, La Comtesse de Hong Kong est une comédie romantique très élégante et remplie de gags visuels à l’ancienne. Longtemps négligé, le film a été réhabilité par la suite, à juste titre : La Comtesse de Hong Kong témoigne aujourd’hui d’une sophistication parfaite et d’un savoir-faire comique imparable.