Les polars préférés de Samuel Benchetrit

Les polars préférés de Samuel Benchetrit

04 avril 2019
Cinéma
FARGO
FARGO 1996 Orion Pictures Corporation All Rights Reserved
Le président du Jury Sang Neuf du festival de Beaune – qui se déroule du 3 au 7 avril – nous détaille ses incontournables du genre : de Lynch à Audiard en passant Kubrick, Corneau et les frères Coen.

LOST HIGHWAY de David Lynch (1997)

L’histoire : Une immersion dans la tête d’un schizophrène qui a tué sa femme qu’il soupçonnait de le tromper
« Mon polar préféré est aussi l’un de mes films préférés tout court. J’ai une passion absolue pour David Lynch depuis Eraserhead. Je suis dingue de Sailor et Lula et de Twin Peaks. Mais avec Lost Highway, il franchissait un nouveau cap. Quand je l’ai vu pour la première fois, j’ai eu la sensation d’assister à une véritable révolution cinématographique, dont son Mullholand Drive sera le descendant direct quelques années plus tard »

L’ULTIME RAZZIA de Stanley Kubrick (1957)

L’histoire : Une bande de gangsters organise le hold-up de la caisse des paris lors d'une course de chevaux...
« Voilà encore un film essentiel à mes yeux. D’abord parce qu’il est co-écrit par l’un des rois du roman noir Jim Thompson pour lequel j’ai une passion infinie. Mais aussi pour le rythme incroyablement rapide de sa narration et sa conclusion dont je ne me suis toujours pas remis. L’Ultime razzia constitue la matrice d’énormément de polars qui suivront. Je suis ainsi convaincu que quand Martin Scorsese se lance dans Les Affranchis, il a ce film en tête. Ne serait-ce que dans son système de narration. »

SERIE NOIRE d’Alain Corneau (1979)

L’histoire : Un représentant de commerce et une adolescente de 17 ans vont tout faire - y compris utiliser les moyens les plus expéditifs - pour fuir leur morne condition.
« J’ai une passion pour les anti- héros sur lesquels le monde semble s’acharner. Comme le personnage de Dewaere dans Série noire, adapté là encore de Jim Thompson. En fait, j’ai un rapport au polar très symbolique : je vais aimer les polars de gens qui aiment les polars. Voilà, pourquoi je suis fou de ceux de Corneau. Série noire donc mais aussi Le Choix des armes et même Nocturne indien qui, à mes yeux, s’inscrit aussi dans ce genre avec cette recherche d’identité du personnage incarné par Jean-Hugues Anglade. Corneau, c’est un professeur en polar. Un maître. Il avait une passion pour les flingues par exemple. Il connaissait leurs noms sur le bout des doigts. »

 

FARGO de Joel et Ethan Coen (1996)

L’histoire : Un vendeur de voitures d’occasion endetté fait enlever sa femme par deux petites frappes afin de toucher la rançon qui sera versée par son richissime beau-père. Mais une policière enceinte va deviner le pot-aux-roses…
« Je suis un grand admirateur des polars décalés. Et Fargo constitue à mes yeux le sommet du genre. Ne serait-ce que pour cette idée géniale de commencer le récit avec un panneau indiquant « Ceci est une histoire vraie. Ces événements ont eu lieu dans le Minnesota en 1987. À la demande des survivants, les noms ont été changés. Par respect pour les morts, le reste est décrit exactement comme cela s’est déroulé », alors que tout est évidemment bidon. Débuter ainsi permet de tout faire passer, tout faire accepter aux spectateurs. Les Coen ont un humour imparable, une observation unique du quotidien des losers merveilleux, des pieds nickelés magnifiques. Je suis à chaque fois bluffé par l’intelligence de leur écriture. »

DE BATTRE MON CŒUR S’EST ARRETE de Jacques Audiard (2005)

L’histoire : Suite à une rencontre fortuite, un jeune marchand de biens véreux voit renaître son espoir de devenir pianiste, son rêve d’enfant.
« Je trouve que c’est le film où Audiard touche à la perfection tout en explorant les thèmes qui lui sont chers à commencer par la transmission. J’aime chez ce cinéaste cette sensation de se retrouver dans chacun de ses plans dans un réalisme… complètement rêvé. Un réalisme irréel. Comme dans Dheepan, qu’on peut aussi voir comme un polar, où il filme ce parcours de réfugié de manière puissamment spirituelle : ce film est vraiment sous l’œil des Dieux. »