Neuf grands films tournés en 70mm

Neuf grands films tournés en 70mm

18 juillet 2019
Cinéma
Lawrence d'Arabie
Lawrence d'Arabie Columbia
A l’occasion du week-end spécial 70mm organisé par la Cinémathèque française du 25 au 28 juillet, retour sur neuf grands films tournés dans ce format extraordinaire.

Ben-Hur  (William Wyler, 1959)

10000 figurants, 2500 chevaux, 3h35 de projection, 11 Oscars… Ben-Hur est le film de tous les superlatifs. Forcément, il ne pouvait pas faire l’économie des potentialités monumentales offertes par le 70mm. Le réalisateur William Wyler et le directeur de la photographie Robert L. Surtees étaient d’abord réticents à travailler avec ce nouveau format, à la mode depuis le succès du Tour du monde en 80 jours (Michael Anderson) en 1956. Pour les convaincre, la MGM inventa pour eux une nouvelle caméra (la MGM Camera 65) donnant à l’image un ratio de 2 :76.1. A elle seule, la fameuse course de chars du film contribuera à donner au 70mm ses lettres de noblesse.

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17 juillet 2019

 

 

West Side Story (Robert Wise et Jerome Robbins, 1961)

Dans les années 50 et 60, le péplum, le western et les films d’aventure n’avaient pas le monopole du 70mm. La comédie musicale n’était pas en reste : le premier film tourné en 70mm, en 1955, était un musical (Oklahoma ! de Fred Zinnemann) et, après lui, My Fair Lady (George Cukor) et La Mélodie du Bonheur (Robert Wise) magnifièrent à leur tour l’écran large. West Side Story est la plus célèbre de toutes : il fallait bien le 70mm pour montrer à l’écran les dizaines de danseurs réunis par Robert Wise et Jerome Robbins.

 

 

Lawrence d’Arabie (David Lean, 1962)

Tourné en Super Panavision 70, le récit de l’odyssée de T.E. Lawrence par David Lean est l’une des utilisations les plus époustouflantes de l’écran large, magnifiant ses extérieurs tournés dans le désert jordanien et jouant sur les échelles, l’infiniment grand et l’infiniment petit, comme peu de films avant lui. Depuis sa sortie en 1962, chaque occasion de voir Lawrence d’Arabie sur grand écran est un événement.

 

 

Playtime (Jacques Tati, 1967)

Le grand œuvre de Jacques Tati, tourné pendant deux ans dans un décor gigantesque par un démiurge obsédé à l’idée de recréer un monde dans ses moindres détails. L’un des films qui justifie le mieux, par l’ampleur de sa vision et le fourmillement délirant à l’œuvre dans chacun de ses plans, l’utilisation du 70mm. Comme l’expliquait Tati lui-même : « Si je tourne en super 8, je vais filmer une fenêtre, en 16 mm je vais en avoir quatre, en 35 mm je vais en avoir douze et en 70 mm, je vais avoir la façade d'Orly. » L’échec commercial de Playtime ruinera Tati et il faudra attendra sa restauration, en 2002, pour que ce film génial soit enfin réhabilité.

 

 

2001, l’Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968)

Tourné en Super Panavision 70 et en Todd-AO, montré au cinéma en Cinerama 70mm, 2001, l’Odyssée de l’espace était plus qu’un simple film à l’époque de sa sortie : quasiment un spectacle son et lumières, une attraction digne d’une Exposition universelle, que les spectateurs allaient voir pour fantasmer sur la conquête de l’espace (l’Homme allait poser le pied sur la Lune un an après). Stanley Kubrick s’était inspiré de La Conquête de l’Ouest, gigantesque fresque western sortie quelques années plus tôt, et ambitionnait d’en tourner l’équivalent cosmique.

 

 

Tron (Steven Lisberger, 1982)

En 1982, le 70mm était passé de mode depuis longtemps – le dernier film américain à avoir été tourné dans ce format était alors La Vallée perdue, de James Clavell, en 1971. Le choix de filmer Tron (l’histoire d’un programmeur de jeux vidéo se retrouvant propulsé à l’intérieur d’un système informatique) en 70mm greva un peu plus le budget de ce film aux effets visuels révolutionnaires, qui fut un échec en salles. Le 70mm ne fut plus utilisé par les studios hollywoodiens pendant dix ans, jusqu’à Horizons lointains, de Ron Howard, en 1992.

 

 

The Master (Paul Thomas Anderson, 2013)

Les années 2010 ont vu la résurgence du format 70mm, alors même que la pellicule était donnée pour morte au début de la décennie. Paul Thomas Anderson fait un superbe usage du format dans ce tableau de l’errance d’un laissé-pour-compte dans l’Amérique des années 50, ne l’utilisant pas pour sublimer les paysages et la profondeur de champ, mais choisissant au contraire de se concentrer sur les gros plans, scrutant les visages tourmentés et fiévreux de ses interprètes, Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman.

 

 

Les Huit Salopards (Quentin Tarantino, 2015)

Quentin Tarantino, entièrement dédié à la préservation d’une certaine idée du cinéma, flamboyante et grandiose, tourne ce western en utilisant des lentilles anamorphiques Ultra Panavision, une catégorie du 70mm donnant à l’image un ratio 2.76 :1, qui n’avait plus été utilisée depuis Khartoum (Basil Dearden), en 1966. Dans le monde entier, les salles de cinéma s’équipent pour accueillir Les Huit Salopards et une nouvelle génération de spectateurs s’intéresse à une manière oubliée de voir des films. Tarantino pousse le plaisir fétichiste jusqu’à présenter le film façon « roadshow » (terminologie anglo-saxonne désignant les séances de cinéma événementielles), avec une ouverture musicale et un entracte. Sur le territoire américain, ce fut la plus grosse sortie d’un film en 70mm depuis Horizons lointains (Ron Howard), en 1992.

 

Dunkerque (Christopher Nolan, 2016)

Avec Paul Thomas Anderson et Quentin Tarantino, Christopher Nolan est le plus militant des grands cinéastes contemporains quand il s’agit de défendre la pellicule, le 70mm et les potentialités de l’écran large. Dès Le Prestige, en 2006, il a tourné plusieurs séquences de ses films en utilisant le 65 ou le 70mm : la course-poursuite de The Dark Knight, la séquence d’ouverture de The Dark Knight RisesDunkerque a été le premier de ses films intégralement tourné en 70mm et en Imax. Ce sera a priori également le cas du prochain, le film d’espionnage Tenet.