« Chroniric XIX » : la fiction d’aventure textuelle sur mobiles, comment ça marche ?

« Chroniric XIX » : la fiction d’aventure textuelle sur mobiles, comment ça marche ?

06 mai 2019
Jeu vidéo
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ChroniricXIX
ChroniricXIX We Are Chroniric

Le best-seller Chroniric XIX est une aventure textuelle pensée pour les smartphones, qui n'hésite pas à interpeller le joueur à n'importe quel moment de la journée pour le plonger dans un univers alternatif. Décryptage des mécaniques qui agitent le jeu.


Dans la lignée de l'excellent Lifeline (2015), Chroniric XIX redynamise le jeu textuel en le faisant pleinement entrer dans l'ère des smartphones. Cette aventure interactive développée dans la région lilloise par We Are Chroniric, reprend les codes des Livres dont vous êtes le héros. Grâce à une interface graphique simple mais très fonctionnelle, le joueur entre dans un XIXe siècle alternatif où le voyage dans le temps est possible. Il doit aider une exploratrice temporelle appelée Echo XIX^ à se sortir de situations compliquées - le tout uniquement en choisissant parmi plusieurs réponses, objets et actions qui guideront l'aventure -, sur fond de guerre entre deux sociétés secrètes voulant influencer l'Histoire... La durée des sessions de jeu varie puisque certains événements du scénario se déroulent parfois en « temps réel » (typiquement quand Echo XIX^ doit réfléchir de son côté ou effectuer une tâche ardue) et il faut attendre une notification de la part de son smartphone pour reprendre la partie.

« Le jeu textuel date du début de l’industrie ludique et il m'a semblé intéressant de le moderniser, de l'adapter à l'usage d'envoi de SMS et de messages. J'avais l'impression que le genre se prêtait bien à un récit temps réel sur smartphones. C'est très immersif », explique Nicolas Devos, président et cofondateur de We Are Chroniric et scénariste principal du jeu. « Avec Chroniric, on essaie de casser le quatrième mur. Vous jouez votre propre rôle et on vient vous chercher par la main. Vous recevez les premiers messages un peu par erreur et de fil en anguille, vous êtes amené à aider le personnage qui fait alors un peu partie de votre vie. On a deux types de joueurs : ceux qui respectent cette immersion dans l'univers, et les autres qui préfèrent "consommer" le récit dès que possible. On a donc laissé la possibilité de faire passer le temps artificiellement, pour que ce ne soit pas un frein. La majorité des joueurs préfère avancer dans l'histoire au moment où ils sont disponibles, mais ils aiment quand même recevoir une notification quand ils sont occupés à autre chose. Il faut que le système soit suffisamment souple pour respecter l'usage et le rythme du joueur ».


 

L'illusion que l'univers du jeu existe même quand on n'y participe pas est bluffante, certainement grâce à l'attention portée aux dialogues et à la qualité du scénario, écrit durant plusieurs mois. Composé d'environ 50 000 mots (« l'équivalent d'un roman court »), ce dernier est constitué de plusieurs couches d'écriture. Un format très exigeant, comme le raconte Nicolas Devos : « Au départ, on travaille sur un scénario plutôt spatialisé, où l'on détaille comment le personnage va se déplacer. On lui définit une trajectoire dans plusieurs espaces, c'est-à-dire les lieux qu'il va pouvoir visiter. Le deuxième scénario s'ajoute ensuite, plus de l'ordre émotionnel ». Un aspect reflété dans le jeu par la « boussole morale » : à des moments plus ou moins cruciaux, une partie de l'interface devient bleue, rouge ou orange, indiquant quel type de relation le personnage est en train de nouer avec le joueur.

En cas d'erreur majeure, il est possible de revenir en arrière (ce que le script justifie évidemment par un voyage dans le temps). Chroniric XIX laisse beaucoup de liberté dans la manière dont le joueur va construire des liens avec Echo XIX^, qu'on peut traiter de façon protectrice ou bien plus virulente. Ces deux méthodes pour conseiller le personnage vont influer sur la réussite dans le scénario, ou du moins sur la manière dont Echo XIX^ va résoudre les épreuves qui lui sont soumises.

Le jeu est composé de multiples embranchements, ce qui offre une excellente « rejouabilité » (capacité à être rejoué ndlr). Il existe dix façons de mourir et trois de finir le scénario. « L'histoire se découvre sous un premier angle et vous pouvez la rejouer ensuite sous un autre. C'est la particularité de l'écriture interactive. Ce n'est pas un monde ouvert, on n'est pas sur un scénario procédural avec une exploration infinie. Mais on offre effectivement au joueur une forme de liberté dans la façon dont il va avancer dans l'aventure », résume Nicolas Devos.

We Are Chroniric travaille actuellement sur deux nouveaux épisodes et se questionne sur de potentiels portages de Chroniric XIX sur Switch et PC : « Ce qui nous retenait au départ, c'était l'usage. Sur smartphones et tablettes, le récit avance alors qu'on est dans notre routine quotidienne. Mais on nous demande beaucoup une version PC. Et la Switch ferait sens car c'est une console de jeu qu'on embarque avec soi ».

Chroniric XIX est actuellement disponible sur iPhone et Android.