Aide au parcours d'auteur : résultats de la commission des 11 et 12 janvier 2022

Résultats des commissions

12 janvier 2022


Simon Panay
Parrainé par Alain Gagnol
Je réalise des documentaires en Afrique de l'Ouest depuis dix ans, en me concentrant ces dernières années sur le monde fascinant des mines d'or artisanales. Je viens d'achever mon premier long-métrage documentaire « Si tu es un homme », qui a été tourné pendant deux ans dans une mine du Burkina-Faso et qui sortira en salles en fin d'année. J'ai aujourd'hui la volonté d'explorer de nouvelles façons de restituer le réel, en développant plusieurs projets de fiction. L'aide au parcours d'auteur m'offrira du temps, pour que je puisse me consacrer pleinement à l'écriture de certains projets, dont l'adaptation d'un roman. 

Marion Le Corroller
Marrainée par Delphine de Vigan
Après des études de Finance Internationale, Marion Le Corroller prend un virage à 360° et retourne sur les bancs de l'école pour apprendre l’écriture scénaristique. Durant cette période, elle écrit et réalise deux courts-métrages produits, présentés dans de nombreux festivals français et internationaux. L’aide au parcours d’auteur représente un vrai tournant dans sa jeune carrière d’auteure-réalisatrice et va lui permettre de développer deux projets de genre. Un premier long-métrage, NECTAR, qui raconte l’histoire de Margot, une jeune interne en rupture avec sa famille et traversant une crise identitaire majeure, qui peu de temps après son arrivée à l’hôpital tombe mystérieusement malade. Et le second, LA MARÉE, une série 8x52 minutes qui revisite le mythe du western en s’intéressant à l’exploitation de sang humain comme nouvel or rouge. Parrainée par Delphine de Vigan, cette année s’annonce donc riche en écritures et incontestablement…sanglante !

LaurieAnne Courson
Parrainée par Alain Gagnol
Je m'autorise enfin à sortir de ma zone de confort et à expérimenter de nouvelles pistes d'écriture, à un moment de mon parcours où l'envie de raconter autrement devenait impérieux. Ce cinéma que je cherche, je vais pouvoir le nourrir de rencontres, d'ateliers et de collaborations pour explorer un univers méconnu, l'animation au service du réel. En ce sens, le compagnonnage d'Alain Gagnol est précieux. Car dans les deux projets documentaires que je développe, et qui ont pour point commun de convoquer le passé, la liberté et l'océan, je m’interroge : comment éclairer mes histoires des zones d'ombre de l'Histoire ?

Marine Atlan
Marrainée par Delphine de Vigan
Après plusieurs années à avoir été directrice de la photographie, je passe désormais à l’écriture de mon premier long-métrage. J’aime accompagner un réalisateur, rencontrer l’autre et me mettre au service de son imaginaire. Alors pourquoi ne pas en rester la? ? La multiplication des regards pourrait me suffire et pourtant, il y a des récits que les autres ne racontent pas, des obsessions que je ne retrouve que chez moi. Les notions d’impuissance et d’illégitimité, le courage, la honte et le rapport entre le corps collectif et l’individu se nichent dans tous les courts que j’ai réalisés. Après une longue phase de tournage pour les autres, je ressens le besoin de prendre du temps pour développer mes projets. La bourse Parcours d’Auteur me permettra d’écouter ce désir et de poursuivre cet élan en me consacrant à l’écriture. Je suis depuis toujours fascinée par Pompéi, j’ai l’impression que s’est rejoué la?-bas, lors de l’éruption du Vésuve en 79, ce qui m’a émue enfant dans la découverte de la photographie. Les cendres ont agi comme le bromure d’argent. Elles ont capture? un instant. Avec La Gradiva, j’aimerais revenir dans cette ville de fantômes en 2023 au cours d’un voyage scolaire de lycéens. Je veux avec ce film éprouver à leurs côtés la violence d’un monde qui promet aux enfants une égalité? qui n’est que mirage, mais aussi la capacite? de re?sistance de tout corps vivant et de tout esprit libre.

Serhat Karaaslan
Parrainé par l’ensemble de la commission
L'aide au parcours d'auteur est une grande chance. C'est non seulement un soutien financier important, qui me permettra de développer et réaliser mes projets, c'est aussi la possibilité pour moi d’avancer sereinement dans le paysage cinématographique français et européen. Cet accompagnement, à ce moment de ma carrière et de ma vie personnelle, est précieux puisqu'il assure une légitimité et une faisabilité nouvelles aux envies et aux intentions cinématographiques que je projette. Il est d'autant plus bénéfique qu'il prévoit des échanges de qualité avec des membres de la commission qui ont confiance dans mon travail, dans mes films à venir.

Hassen Ferhani
Parrainé par Lucien Jean-Baptiste
Aujourd’hui, après deux longs métrages, je veux sonder d’autres gestes filmiques, Je cherche a? approfondir toutes les voies du « mentir vrai » comme disait Aragon. C’est ce que j’ai esquisse? dans mes premières œuvres en m’efforçant de casser le mur dresse? entre documentaire et fiction. Tirer la réalité? de l’imaginaire et la fiction de la vérité. A? ce propos, il y a le titre de ce film qui me fascine : L’invraisemblable vérité?. Il résume, je crois, tout ce qu’est le cinéma, comme d’autres arts, d’ailleurs, la littérature en particulier. Et je pense par exemple a? ce haïku de Kiarostami :
« J’ai photographie? un arbre
Il a rougi
Vous n’êtes pas obligés de me croire. »
Je sens que je suis a? un tournant. Jusque-là, j’ai surtout injecte? de la fiction dans mes documentaires. Je ne dirais pas que je voudrais maintenant introduire du documentaire dans des films de fiction. Je ne pense pas, non plus, abandonner le documentaire. Mais le désir est la?, fort et profond, l’envie tenace de construire un univers filmique, de diriger des comédiens, de suivre une trame narrative, de créer une atmosphère.
Aujourd’hui, un nouveau projet devient une nécessité pour moi, celui de trouver un vocabulaire cinématographique diffèrent.

Maxence Voiseux
Marrainé par Dominique Cabrera
En réalisant mes premiers films, j’ai commencé tout juste à approcher les personnages de l’Artois. Ces films ne furent qu’un premier geste et le début d’une réflexion sur le monde populaire. Je continue de creuser ce sillon autour de deux personnages : Gabin et Pim, deux histoires où fiction et documentaire se croisent. Leurs récits se regardent, se nourrissent, se contredisent et se complètent. Ils sont deux regards de cinéma sur l’Artois, sur la jeunesse populaire contemporaine et sur deux gamins en révolte contre le déterminisme.

Hélène Ricome
Parrainée par Nicolas Peufaillit
Depuis plus de cinq ans, je suis obsédée par une image, une représentation collective, celle où la femme est créée à partir de la côte de l’homme. Je ne la supporte pas et dans le même temps elle ne me quitte pas. J’en rêve, elle a déclenché des lectures, des recherches iconographiques, des essais filmiques et des rencontres avec des exégètes … Elle s’est immiscée dans ma vie et s’est placée au centre de mes désirs de films.
L’aide au parcours d’auteur va me permettre, je l’espère, de transformer cette obsession en réalisant un long métrage entre fiction et documentaire et une série de courts objets filmiques à destination des galeries, des centres d’art et des musées.

Olivier Derousseau
Marrainé par Marie Losier
Cette aide substantielle au parcours d'auteur permettra cette année, d'une part, de partir en Cisjordanie, à Jérusalem, mais aussi Haïfa, Saint Jean d'Acre et Nazareth, afin de commencer à construire le contrechamp à l'enregistrement d'un poème de Mahmoud Darwich, « Et la terre se transmet comme la langue », effectué au mois de mai 2021, pendant le confinement, sur le plateau du Théâtre de Gennevilliers. Arpenter ce territoire morcelé afin d'y repérer la possibilité de fabriquer des plans images et des plans sonores ; trouver au "milieu de ce monde" si tourmenté une assise nécessaire, du temps pour la recherche et les rencontres ; imaginer un tissu dialectique pour offrir à ce texte, par les moyens du cinéma, une ouverture vers sa contemporanéité, une résonance. D'autre part, ayant séjourné plusieurs fois en compagnie d'un groupe de musique expérimentale composé de jeunes adultes autistes, les Harry's, cette aide aidera aussi à approfondir l'écriture d'un film à venir à propos de musique improvisée et d'énergie collective.

Raphaelle Rio
Parrainée par l’ensemble de la commission
L’accompagnement et la bourse du parcours d’auteur m’offrent le cadre idéal pour me consacrer pleinement à deux projets de longs-métrages : l’un documentaire à partir d’archives familiales, autour de l’histoire de mon père ; l’autre de fiction, autour d’une femme et de sa fille, le temps d’un été. Je vais pouvoir continuer d’enquêter et d’écrire, travailler en amont avec les comédiennes, me mettre en quête de producteur.ices.
Bien que d’approches distinctes, mes deux projets sont traversés par les mêmes questions de transmission familiale et de silence. Et je souhaite les aborder avec le même soin du réel et des émotions. Pour chacun d’eux, je chercherai une écriture où la vie personnelle résonne avec une dimension politique.

Margherita Caron
Parrainée par l’ensemble de la commission
« Le cinéma est une encre de lumière » disait Jean Cocteau. L'Italie de mon enfance a été cette encre pour moi.
Depuis mes premiers films, je m’intéresse aux invisibles de l'histoire, à l'esprit des lieux et à la mémoire, aux frictions entre passé et présent, entre rêve et réalité, documentaire et fiction.
Une année de plomb réunit plusieurs enjeux à un moment charnière de mon parcours et de ma pratique : écrire et réaliser un premier long-métrage autour d'un épisode hors-normes de mon histoire familiale. Un enlèvement.
Longtemps, j'ai cherché comment raconter cette histoire et comment l'incarner dans sa juste forme cinématographique. Je veux créer un jeu narratif, visuel et sonore par un va-et-vient poreux et rythmé entre fiction et documentaire, passant d'une affaire médiatique à la radiographie intime d'un homme, de la petite à la grande histoire.
C’est un projet ambitieux et de longue haleine, qui implique un travail transversal en parallèle à l'écriture et la collaboration de nombreux intervenants. L'Aide au parcours d'auteur et l'accompagnement des membres du jury va me permettre de me consacrer entièrement à son développement et d'achever un premier traitement pour convaincre des producteurs à s'embarquer dans cette aventure. Cette aide représente pour moi un soutien inestimable pour continuer ce travail, le faire aboutir, porter ce film jusqu’au premier jour de tournage.

Vincent Le Port
Parrainé par Lucien Jean-Baptiste
Je cherche à raconter l’histoire d’une ville sans histoire, Saint-Grégoire, la ville de mon enfance, une cité-dortoir où 10 000 habitants vivent leurs vies sans histoires. La bourse Parcours d'auteur va me permettre d’élaborer sur le long terme une écriture qui entremêlera l’intime et le collectif, mon histoire personnelle et une Histoire plus globale, celle qui a vu en cinquante ans des champs et des fermes devenir des lotissements et des zones commerciales. En fouillant le passé de cette ville qui en a fait table rase, en cherchant des histoires à des gens qui s’en préservent, je vais notamment aborder deux genres cinématographiques qui me sont jusqu’à présent étrangers : l’essai documentaire et le film d’archives.

Sara Rastegar
Marrainée par Marie Losier
Après avoir réalisé plusieurs films documentaires en relation avec l’Iran, mon pays d’origine, cette bourse va me permettre de mener une recherche en amont de l’écriture d’un projet de long métrage de fiction qui s’inspire d’un évènement fondateur dans mon parcours de cinéaste.
C’est l’histoire d’une tragédie familiale, un accident, qui a eu lieu en Iran au même moment qu’une catastrophe naturelle, un séisme dévastateur.
D’un côté, le récit de cet accident sera mis en scène autour d’un huis clos familial habité par une problématique morale forte car il s’agit de décider du sort d’un coupable. De l’autre, le récit du séisme est révélé à travers des images d’archives personnelles que j’ai filmé en Iran lors de mes précédents voyages.
Cette bourse va accompagner un travail de recherche et d’écriture afin d’articuler au sein d’un scénario de fiction hybride, ces deux évènements parallèles qui racontent ensemble la dislocation et les failles d’une trajectoire familiale marquée par l’exil.

Laurent Bazin
Parrainé par Nicolas Peufaillit
Pour l’écriture de mes prochains projets immersifs, je souhaite explorer les mécanismes du jeu vidéo, du jeu de rôle, du sado-masochisme et plus globalement toutes les pratiques où le « je » emprunte un masque qu’il soit réel ou numérique, pour devenir un « autre ».
Je souhaite travailler sur les énergies libérées par le recours à un avatar, qu’elles soient lumineuses ou violentes ; examiner comment la médiation d’un tiers personnage peut nous révéler des choses qui nous échappaient sur nous-mêmes.
Cette plongée relève autant de l’écriture fictionnelle que d’une quête aventureuse, aux frontières de l’art et de la vie. L’aide au parcours d’auteur, me permet ainsi d’épouser de nouveaux risques et d’engager une recherche en profondeur dont les enjeux innervent tout le nouveau cycle d’écriture que j’engage aujourd’hui.

Manuela Frésil
Marrainée par Dominique Cabrera
J’ai passé un mauvais été.         
Dans la maison des cévennes où je vis la plupart du temps, semaines solitaires interrompues par mes descentes régulières au village où vivent de vieux punks encore un peu tox - ici on les appelle les « assistés » autant dire les  « parasites» -, ont déboulé à la maison une dizaine de « jeunes gens » qui nous ont regardé, nous les darons, comme des gens d’un autre temps.
Les copains réparaient ma bagnole. Je faisais la popote, un gigot car ce soir-là c’était banquet.
Mais les jeunes gens sont véganes et nous ont dit :
« - Décidément votre génération n’a pas rien compris aux systèmes de domination. Primo : toi bien sûr dans la cuisine ! Deuzio sur les personnes non humaines : le mouton de ce gigot.
- C’est une brebis du voisin !
- On ne voit pas le rapport. Pourquoi manger des animaux alors qu’on peut s’en passer.»
Les gars sont rentrés au village. Les jeunes gens ont pris possession de ma cuisine et m’ont piqué ma bagnole. Je suis retournée au jardin m’occuper des tomates. Je connais les dits « jeunes gens » depuis l’enfance. Tou.te.s sont nées filles et déclarées ainsi à l’état civil.
Aujourd’hui certain.e.s le contestent. Ni fille, ni garçon et pour certain.e.s « garçons lesbiens », fluide de genre," iels" sont "non cis". Moi si : Mon identité de genre correspond à la personne que je crois être. En écho aux jeunes gens, j’invente un nouveau film et une nouvelle façon de travailler. Un film qui construit une utopie au cœur duquel une femme à barbe et son époux vivent une histoire d'amour folle.
Cette uchronie, s'appuie sur le récit véridique de deux personnes intersexuées ayant vécues à la charnière du XIX et du XXème siècle, ainsi que sur l'ethnologie rurale. C'est une fable aventureuse, qui mêle le documentaire et la fiction pour rendre compte du destin collectif d’ «êtres » aux corps non conformes aux exigences de leur époque . En cela je rejoins les jeunes gens.