Aide au parcours d'auteur : résultats de la commission des 29 et 30 mars 2022

Résultats des commissions

30 mars 2022


Nicolas Pelloille-Oudart

Parrainé par Jérôme Genevray

Il y a quelques années, j'ai décidé de faire évoluer ma carrière afin d'expérimenter de nouvelles formes de narration. Issu du monde du cinéma, j’ai trouvé dans le jeu vidéo un domaine artistique particulièrement prolifique et plein de promesses, comme l’a été autrefois La nouvelle vague. Je me suis reconnu dans cette recherche de la nouveauté, dans l'expérimentation permanente, dans la palette large des possibilités d'expression. Si j'ai sollicité l’aide au parcours d’auteur, c’est pour continuer le processus que j’ai entamé et entrer dans une nouvelle phase d’apprentissage (et de remise en question), pour explorer un peu plus le monde du jeu vidéo. En embrassant les contraintes de ce milieu, pour proposer des concepts originaux, au croisement du cinéma et du jeu. 

 

David Dufresne

Parrainé par Franck Victor et Jérôme Genevray

Des premières radios libres aux fanzines, du journalisme aux premiers webzines, du documentaire interactif au documentaire cinéma, tout mon travail a tourné autour de la quête des formes. Comment mieux raconter le monde ? Par le réel ou la fiction ? L’enquête ou le roman ? Mettre en forme (« informer ») ou raconter ? Après la publication de deux romans ancrés dans le réel, l’un sur les violences policières, l’autre sur les pouvoirs médiatique et politique, j’ai eu envie d’une ultime bifurcation: celle de l’écriture scénaristique de série. Or, pour amorcer ce virage, il faut du temps, il faut des recherches,  avant même le temps de l’écriture ; il faut lire des scénarios par paquet, s’accaparer les codes,  écouter les maîtres, se remettre une nouvelle fois en cause et en jeu, apprendre, suivre des cours — et se projeter dans de nouveaux outils et de nouveaux savoirs.  Grâce à cette aide, cette phase impérative d'apprentissage devient possible. Une étape afin de réfléchir aux formes possibles pour comprendre… quelles formes prendre. Et quels nouveaux chemins emprunter dans mon (sinueux) parcours d’auteur.

 

Louda Ben Salah-Cazanas

Parrainé par Olivier Babinet

Je viens de réaliser mon premier film Le monde après nous, tiré de ma propre histoire, dans un dispositif très léger et financé en dehors du parcours traditionnel. J’envisage maintenant de revenir vers mes premiers amours de cinéma, avec un film dans l’univers du polar.  Mais c’est surtout un film personnel qui s’appuie sur mon regard, mon expérience. J’ai donc commencé à imaginer un film qui se situerait en pleine période électorale pour mettre en lumière plus évidemment la contradiction intérieure de la police. A travers une enquête autour d’un criminel, je veux sonder comment l’influence politique et le sentiment d’impunité peuvent avoir une influence sur l’exercice de leur métier, sur les valeurs qu’ils défendent. M’emparer du polar après avoir réalisé Le monde après nous, est un défi.

Je veux parler de politique, de l’influence qu’elle a immédiatement sur la société en dehors du discours, montrer comment elle agit sur le corps social. La bourse Parcours d’auteur va me permettre de professionnaliser ma démarche et de me plonger dans des recherches afin de d’ancrer dans la réalité une dramaturgie qui me permette d’exprimer mon point de vue et mes obsessions. Mais l’aide va aussi me donner un moment de répit face à la pression de la vie matérielle et d’être pleinement concentré dans mes travaux de pré-écriture et de professionnaliser ma démarche.

 

Damien Manivel

Parrainé par Camille Duvelleroy

Depuis quelques années, en parallèle de mon travail de réalisateur, je me forme à la synthèse sonore et à la composition musicale. Les musiques électro-acoustique et concrète m'ont fait découvrir des pièces longues aux variations si délicates qu'elles donnent la sensation de baigner dans un temps élastique qui n'a ni début ni fin, un présent infini. M'en inspirant, je me suis pris à rêver à une forme cinématographique dans laquelle musique et film s'entrelaceraient de la première à la dernière image, dans un flux ininterrompu. Je sollicite l'aide au parcours d'auteur pour partir à la recherche de cette forme rêvée et m'accompagner dans la conception d'un long-métrage de fiction dont je composerai la musique, un film sur l'adolescence qui s'intitule L'île.

 

Gabriel Harel

Parrainé par Jérôme Genevray et Franck Victor

J’ai réalisé deux courts métrages d’animation pour lesquels j’ai tourné avec des comédiens en décors naturels afin de m’inspirer d’une matière de prise de vues et de prises de sons pour ensuite réaliser l’animation. Dans la continuité de cette démarche de combiner prise de vue réelle et animation, j’envisage maintenant d’écrire et réaliser deux long-métrages, une fiction de comédie de sport (en prise de vue réelle) et un film d’animation de genre fantastique pour adulte. La fiction sera écrite dans un esprit “bande-dessinée”, avec un plaisir du burlesque, de liberté absurde ou de personnages caricaturés. Elle comportera aussi des petites scènes animées et des clins d'œil au comics, manga ou à la bande dessinée. Le long-métrage d’animation sera lui écrit et réalisé dans une continuité de La Nuit des Sacs Plastiques, inspiré de films fantastiques en prise de vue réelle.

Pour ce long et ambitieux travail d’écriture, j’ai demandé l’aide au parcours d’auteur.

 

Philippe Ramos

Parrainé par Vergine Keaton

Soudain, tout s’est arrêté. Le travail de cinéma suivait son cours et, brusquement, quelque chose est survenu : une fissure, un accident. C’est comme si la machine cinéma, ma machine cinéma, s’était enrayée et n’avait pu donner à voir qu’un film aux images immobiles. Ce film, c’est mon dernier long métrage, Les Grands Squelettes. Je vois ce film comme un coup d’arrêt dans mon trajet de cinéaste. Depuis cette radicale expérience, l’écriture ne va plus de soi.

Aujourd’hui, j’ai besoin du temps de l’atelier pour repenser les fondations de ma maison cinéma. Essais, tentatives, reprise : la demande que je vous adresse, est une aide à prendre le temps de l’esquisse, des tâtonnements, des fausses routes… Une aide au temps de l’expérience où il s’agira de faire mûrir certaines formes aperçues il y a bien longtemps dans mes films Super 8, ou timidement entrevues dans mes longs métrages récents. Pour cela, il me faudra reprendre des pistes inexplorées et les mettre à l’épreuve de trois projets qui, tous, sont des terreaux possibles à l’émergence d’une nouvelle manière d’écrire et de réaliser mes films. Le premier de ces projets, L’or, sera un travail de found footage. Le suivant, Super Super 8 sera la transformation d’un scénario existant en un scénario-collage. Ces deux cessions de travail seront des champs d’expérimentations qui me permettront d’écrire un traitement pour un troisième projet ambitieux, un film-monde, La Ville Sexuelle.

 

Cécile Allegra

Parrainée par Franck Victor

Depuis cinq ans, mon parcours de documentariste a bifurqué vers le scénario et la fiction. J'ai écrit deux long métrages et plusieurs bibles de série. Mon troisième long - qui raconte l'histoire de la rencontre entre une femme et un cerf - constitue une rupture dans mon parcours à bien des égards : après avoir exploré pendant des années la relation de l'homme à la guerre et l'origine du mal, je veux maintenant travailler sur la relation avec le vivant autre que l'humain. Mes recherches préparatoires à l'écriture, soutenues par le dispositif Parcours d'auteur, porteront donc sur notre relation émotionnelle à la nature et de l'animalisme comme une éthique non pas à part - mais englobant l'humanisme.

 

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval

Parrainés par l’ensemble de la commission

Nous vivons une époque d’accélération permanente. Les technologies numériques permettent aux cinéastes de travailler dans leurs vitesses propres. Mais les montages financiers des films sont souvent tellement longs. Le temps est devenu l'allié principal de nos projets. Avoir le temps de prendre le temps. De travailler sur le temps, avec le temps, sur ce que deviennent les images, d’où elles nous arrivent, vers où elles se déplacent. Archives, documentaire, fiction, science-fiction. Cette aide du Parcours d’Auteur est une aide extrêmement innovante et précieuse pour les cinéastes. Elle va nous permettre de continuer de penser (et à filmer), à repérer (et à filmer), à rencontrer (et à filmer), à écrire (et à filmer), un film d’anticipation en trois mouvements, ou deux films, ou trois films, qui se passent en 2019, 2023 et 2040, sur la lande de Calais. Où une guerre a été menée par une géographie de la domination contre une géographie de l’émancipation. La ville détruite, enfouie sous les collines de sable, continue à hanter le territoire, comme un cimetière indien.    

        

Laure Portier

Parrainé par Axelle Ropert

Le parcours d’artiste me permet de me mettre au travail sur un projet que j’ai en tête depuis longtemps. Un film qui aura une forme assurément fictionnelle. Mais dont j’aimerai trouver sa propre grammaire, de celle qui aura pris le temps d’épouser l’histoire, comme si le réel en dépendait. C’est une histoire de liens, de ce qui fait lien, sur ce qui empêche aussi de faire lien. Je m’interroge, surtout depuis Soy Libre, mon premier long-métrage, sur l’exercice du regard. Je me suis persuadée, dès son écriture, que la manière dont on pose son regard sur une chose, une situation ou un être peut en changer sa forme, voire sa trajectoire.

Je vais donc reprendre depuis cette préoccupation première. 

Si je présuppose que le fait de poser son regard sur quelque chose peut en changer la forme. Que se passe-t-il si ce regard n’est jamais posé ? Que se passe-t-il si tout ce que l’on ressent est nié ? Comment vit-on ou plutôt comment survit-on face au déni ?

Ce sera l’histoire d’une mauvaise mère.

Julien Faraut

Parrainé par Anne Georget

Je m'intéresse depuis de nombreuses années aux archives cinématographiques du sport et aux relations qui unissent plus largement sport et cinéma. Leurs origines communes, leur enfance partagée, la constance de leur lien, avec entre autres points de convergence les questions de durée, de mouvement ou de dramaturgie. Après Regard neuf sur Olympia 52, L’Empire de la perfection et Les Sorcières de l’Orient, je souhaite poursuivre ce travail personnel de réemploi des archives cinématographiques et de liberté formelle afin de proposer une alternative singulière aux documentaires télévisuels malheureusement trop souvent standardisés. Cette fois-ci le défi est de réaliser un film sensible et non didactique sur un sujet requérant de nombreux contenus scientifiques, la plasticité cérébrale, l’imagerie mentale, le sens du mouvement, les neurones miroirs ou comment les athlètes de haut niveau qui par la répétition atteignent des sommets de perfection gestuelle nous renseignent sur l’évolution humaine.