Clap de fin pour « Irresponsable »

Clap de fin pour « Irresponsable »

03 décembre 2019
Séries et TV
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Irresponsable saison 3
Irresponsable saison 3 Tetra Media Fiction - La Pépinière - OCS
Belle série sur l’adulescence, Irresponsable s’achève avec une saison 3 diffusée à partir du 5 décembre sur OCS. Rencontre avec son créateur, Frédéric Rosset.

Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter Irresponsable à la saison 3 ?

On avait depuis le départ l'idée que la série allait durer trois saisons. On avait remarqué que toutes les séries OCS étant allées au bout de leurs ambitions artistiques après trois saisons. Et c'était totalement logique pour des raisons de production : notre budget est extrêmement serré et on doit tourner une saison complète en une vingtaine de jours. Ça ne peut pas durer éternellement ! Et puis le tournage de la saison 2 avait été difficile, au point qu’on se disait qu’on avait vraiment frôlé le ratage.

Pourquoi ?

On est très content du résultat, hein ! Mais je veux dire qu’on a eu peur de ne pas pouvoir tourner tout ce qu’il nous fallait. Il faut vraiment mettre au crédit du réalisateur Stephen Cafiero et de ses équipes d’avoir réussi à le faire. Donc on s’était dit qu’en tirant trop sur la corde, on risquait de se louper. Ça confirmait qu’il était plus malin de faire ce qu’on avait toujours dit, et de terminer avec la troisième saison. À la fin de la saison 2, on avait décidé de mettre le couple ensemble et je me disais que ça ne pourrait durer qu’une saison, pas plus. Si la série devait durer plus longtemps, je ne les aurais pas remis si tôt ensemble !

L’écriture de la saison 3 a coulé de source ou bien avez-vous rencontré des embûches ?

Ce n’est jamais simple, mais l’impulsion de se dire que c’est la der des ders est une prise d’escalade assez forte pour permettre de se hisser au sommet. On se dirigeait vraiment vers une conclusion, et il n’y avait pas du tout de frustration, ou l’impression qu’on faisait une bêtise en voulant terminer à la saison 3. Tout ce qu’on avait à dire sur les personnages rentrait dans ces dix derniers épisodes. Avec ma coauteure, Camille Rosset, on s’est posés pour savoir ce qu’on voulait évoquer : qu’est-ce qu’on n’avait pas encore raconté sur ces personnages ? Les réponses sont venues naturellement. Par exemple pour Julien, il était évident que le désir absolu de paternité qu’il a depuis le départ était à approfondir avec l’idée de faire un autre enfant. Et il fallait qu’il se rende compte que ce n’est pas forcément la volonté de sa compagne. Tout cela menait vers des intrigues assez évidentes. Et pour conclure la série, je m’étais toujours imaginé que le fils allait quitter le foyer familial à 18 ans, contrairement à son père qui n’avait pas encore lâché sa mère à 30 ans. Le fait que le plus jeune se demande quel sera son futur amène tous les autres personnages à se questionner là-dessus. C’est même un peu « méta », puisqu’on s’interroge sur ce que vont devenir nos personnages une fois que la série sera terminée.


La série mêle de plus en plus habilement humour et dramaturgie. Avez-vous l’impression d’avoir évolué en tant qu’auteur ?

Oui, j’ai l’impression d’avoir changé. Et les personnages ont changé avec moi, ils ont mûri, ce qui amène forcément à traiter des thématiques plus adultes. On a eu envie de parler sérieusement de sujets peut-être un peu plus durs, et de mélanger encore plus les genres. Dans l’épisode 4, il y a des blagues un peu bêtes, et en même temps des choses tristes et émouvantes. Ce spectre-là, le plus large possible, avec des ruptures de ton, c’est ce qu’on vise depuis le début. Ça s’est encore plus imposé dans cette saison 3.

Le format 26 minutes vous a-t-il aidé à penser la série et à la faire évoluer ? Vous vous sentiez plus libre qu’avec un 52 minutes ?

Ce qui est sûr, c’est que le 26 minutes est un format idéal pour faire de la comédie dramatique. Il y a un truc un peu magique là-dedans, et d’ailleurs ça se fait de plus en plus, de Fleabag à Atlanta, de Girls à Bojack Horseman... C’est devenu le format de l’intime. Je pense que si le format s’est imposé, c’est qu’il permet d’avoir le bon timing pour la comédie, et en même temps d’aller plus loin dans le rythme, sans lasser. Et en même temps on peut traiter sincèrement et sérieusement les névroses des personnages. La même chose étirée sur un 52 minutes deviendrait lourde, car c’est un format qui a besoin de plus de respirations.

Irresponsable est aussi la naissance d’un acteur, Sébastien Chassagne. Qu’est-ce que vous avez aimé chez lui ?

Beaucoup de choses ! En lui faisant passer le casting, il m’a rassuré sur plusieurs points. Je me demandais notamment si l’empathie allait marcher pour ce personnage, un peu tête à claques sur le papier. Sébastien dégageait quelque chose qui était totalement le personnage, et par son charisme, on avait envie de lui pardonner toutes ses conneries ! Il a un côté très sûr de lui, même quand il ne l’est pas. Et c’était exactement Julien : un faux sûr de lui, qui même s’il est glandeur, a une certaine fierté et ne veut pas montrer cet aspect de lui. Il est actif pour rester passif, finalement !

Vous travaillez déjà sur un autre projet ?

Je ne dis pas qu’il y a rien, mais qu’il est un peu trop tôt pour en parler ! Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai envie de créer une autre série ensuite, mais je ne sais pas du tout quand ça arrivera. J’espère que ça aboutira le plus tôt possible. En tout cas, Irresponsable nous a ouvert des portes et les chaînes sont à l’écoute et curieuses de savoir ce qu’on a à proposer. Mais en plus de travailler sur ces projets personnels, je travaille sur des séries d’autres créateurs comme Dix pour cent, la saison 2 d’Une Belle Histoire et une série qui sera diffusée sur une plateforme de streaming assez connue. Mais je ne dirai pas laquelle !

Diffusée sur OCS à partir du 5 décembre, Irresponsable est soutenue par le CNC.