Les séries françaises « high concept » qui ont marqué le petit écran

Les séries françaises « high concept » qui ont marqué le petit écran

19 janvier 2022
Séries et TV
La Corde
La Corde Arte
Une mystérieuse corde s’enfonce à l’infini dans une forêt de Norvège. Faut-il la suivre pour découvrir ce qui se trouve au bout ? Disponible sur Arte.tv depuis fin décembre et diffusée en prime time sur la chaîne à partir du 27 janvier 2022, La Corde – minisérie signée Dominique Rocher et Éric Forestier – est une pure création « high concept ». Comprenez une série dont l’intrigue repose d’abord et avant tout sur un concept fort, qui polarise le reste du récit. Un genre à part entière, qui permet d’installer de profondes réflexions sur l’humanité, et auquel s’attaque de plus en plus la fiction française. Florilège.

Les Revenants, de Fabrice Gobert (2012)

Le concept : et si vos proches, morts depuis plusieurs années, revenaient parmi les vivants, en espérant pouvoir reprendre leur place ?
C’est l’une des séries pionnières du genre. Un précurseur dans l’histoire du PAF. En adaptant le film de Robin Campillo passé inaperçu huit ans plus tôt, Fabrice Gobert frappe un grand coup et impressionne le monde entier, au point que les Américains décideront d’en faire un remake en langue anglaise. Avec sa mise en scène épurée et son imagerie brumeuse, Les Revenants parvient à établir un climat angoissant dans la plus pure tradition lynchienne, tout en établissant une réflexion puissante sur la place du passé dans le présent. L’une des créations les plus marquantes de Canal+.


La Dernière Vague, de Raphaëlle Roudaut, Alexis Le Sec et Sophie Hiet (2019)

Le concept : et si la nature se révoltait ? Dans les Landes, où le surf est roi, un inquiétant phénomène météo frappe tout à coup. L’océan semble se rebeller et une dizaine de surfeurs va disparaître, avant de refaire surface, comme par magie...
France 2 a osé plonger dans la série conceptuelle, pour mettre l’écologie au cœur du récit. Très inspirés par The Leftovers de Damon Lindelof, les créateurs utilisent la nature pour raconter des familles bouleversées et un phénomène terrestre que la science n’arrive pas à expliquer, comme un écho cinglant au climat qui se détraque. Mais quand La Dernière Vague s’abat, elle sait aussi offrir du grand spectacle et des séquences à couper le souffle, qui gardent le téléspectateur à flots.


Trepalium, de Sophie Hiet et Antarès Bassis (2016)

Le concept : et si 80 % de la population sans emploi était un jour ostracisée, laissée à l’écart de la civilisation moderne par un immense mur derrière lequel se retrancheraient les actifs restants ? La crise du chômage poussée à l’extrême !
Une création Arte à l’ambition sociale évidente. Une vraie série d’anticipation qui utilise son « high concept » pour pointer du doigt les inégalités et les dérives du monde contemporain, afin de poser les bases d’une meilleure réflexion sur la place du travail dans notre société. Une œuvre critique basée sur une idée originale, qui sonne juste et permet de dénoncer la dépossession des individus.


Plan B, de Jean-François Asselin et Jacques Drolet (2021)

Le concept : et s’il était possible de corriger les malheurs du passé ? Remonter dans le temps pour annuler les drames de sa vie n’est peut-être pas une bonne idée...
TF1 a aussi touché au genre avec cette adaptation de la série québécoise du même nom, portée par Julie de Bona. Une vraie tragédie familiale à l’émotion puissante, entrecoupée de rebondissements surnaturels surprenants, qui jouent du fameux effet papillon, tout en permettant de développer une profonde réflexion sur le sens qu’on donne à sa vie.


Zone blanche, de Mathieu Missoffe (2017)

Le concept : et si vous viviez dans une région encore brute, avec des zones non cartographiées, et dans laquelle il n’y a pas de réseau mobile ? Isolé du monde, le petit village de Villefranche est dominé par une nature sauvage, qui semble faire ressortir le côté farouche de ses habitants...
Un thriller pour France 2 énigmatique et envoûtant, qui entraîne les téléspectateurs dans les profondeurs de la nature. Au milieu des arbres, les secrets les plus terre à terre prennent tout de suite des allures surnaturelles déroutantes. Les Vosges, qui ont servi de décor à la série, sont un personnage à part entière. Un paysage d’ambiance à la Twin Peaks, qui est finalement, à lui seul, le concept de Zone blanche.


Ad Vitam, de Thomas Cailley et Sébastien Mounier (2018)

Le concept : et si la mort n’existait plus ? Quelle place resterait-il à la jeunesse dans une société qui a vaincu le vieillissement et les effets du temps ?
Le réalisateur des Combattants (César du meilleur premier film en 2015) se lance dans la science-fiction pour Arte, avec cette série qui utilise une base d’anticipation pour étudier le conflit des générations, incarné par Yvan Attal et Garance Marillier. Alors que l’espérance de vie ne cesse de progresser, comment faire de la place aux jeunes ? Sacrée meilleure série française au festival Séries Mania 2018, Ad Vitam est une fiction conceptuelle à l’ambition philosophique évidente, qui s’interroge sans détour, et dans un décorum somptueux, sur la quête d’immortalité de l’humanité.