Qualifiée en 1976 « de sociologue de l’année » par Roland Barthes, Claire Bretécher illustrait avec humour et dérision les travers et les sujets de société de son époque. Seule femme à avoir collaboré avec des revues de BD franco-belges dans les années 1960, cette figure majeure de la bande dessinée a marqué les esprits par sa représentation réaliste des femmes, notamment dans les BD Les Mères, Les Frustrés, ou encore Agrippine.
L’adolescence parisienne, rebelle et bourgeoise, héroïne de neuf albums, a vu ses aventures adaptées en série d’animation. Diffusée sur Canal + en 2001, la série Agrippine mettait en scène le quotidien d’une ado d’aujourd’hui, au milieu de ses parents ex-soixante-huitards, de sa bande de copines, de son petit-frère et de ses crises existentielles.
Autre grande série à succès, Les Frustrés, publiée entre 1973 et 1981 dans les colonnes du Nouvel Observateur, dans laquelle Claire Bretécher se moquait avec tendresse des milieux intellectuels aisés à travers leurs petits problèmes de tous les jours. Traduite dans plusieurs langues, la série a également été adaptée en version animée à la télévision en 1975.
Née le 17 avril 1940 à Nantes, Claire Bretécher dessinait pour « échapper à l’ennui ». Abandonnant les Beaux-Arts, elle a enseigné le dessin puis est devenue illustratrice pour les journaux du groupe Bayard avant de rejoindre, à l’invitation de Goscinny, L’Os à moelle, pour lequel elle a imaginé le Facteur Rhésus, des planches scénarisées par Goscinny. « Le dessin de presse, les strips, la BD, peu importe, je voulais dessiner et mon but était de manger grâce à ça », expliquait celle qui est également passée par Le journal de Tintin, le Journal Spirou, Pilote (où naît son personnage de Cellulite), L’Echo des Savanes (qu’elle a cofondé) ou encore Le Sauvage et le Nouvel Observateur.