Matthieu Longatte : « J’avais envie de ramener du réel dans ma série Narvalo »

Matthieu Longatte : « J’avais envie de ramener du réel dans ma série Narvalo »

14 septembre 2020
Séries et TV
Slimane Dazi, Jules Ritmanic et Rachid Guellaz dans Narvalo
Slimane Dazi, Jules Ritmanic et Rachid Guellaz dans Narvalo Alessandro Clemenza - Canal +
Matthieu Longatte, un autodidacte révélé par sa chaîne YouTube « Bonjour Tristesse », est la nouvelle signature de Création Décalée de Canal +. Avec Narvalo, qu’il a mis plus de 5 années à monter, il signe une série qui ne ressemble à aucune autre. L’humoriste a en effet privilégié un format singulier pour les 8 épisodes (leur durée varie selon l’histoire racontée) et il s’est appuyé pour l’occasion sur 1000 VISAGES (une association qui œuvre pour l’insertion de jeunes de banlieue dans le cinéma) ainsi que sur Le LABEC (LABoratoire d’Expression et de Création). Rencontre.

Comment est née la série Narvalo ?

Matthieu Longatte dans le making-of de Narvalo Alessandro Clemenza/Canal +

Au départ, je voulais faire une série où l’on voyagerait grâce aux histoires racontées par les personnages et je voulais me pencher particulièrement sur les légendes urbaines, ces anecdotes entendues de la bouche de plusieurs personnes qui jurent toutes que ça leur est arrivé. Progressivement, je me suis aperçu que dans mon entourage, mes amis et moi avions tous des anecdotes qui suffisaient à faire une série. Et pour le coup, j’étais sûr qu’elles étaient véridiques et que j’allais pouvoir y projeter un ancrage géographique et des personnalités que je connaissais.

Quand on voit les synopsis des épisodes, on réalise qu’il vous est quand même arrivé beaucoup de mésaventures…

Oh, oui (rires). A l’adolescence on voyage dans l’ennui en écoutant les histoires de ses potes… Surtout en banlieue où il n’y a pas grand-chose à faire. On meuble le temps comme on peut. A cet âge-là, c’est presque un enjeu de pourvoir tenir son auditoire sur l’intensité de son anecdote. On essaye de conserver son temps de parole.

Il y a bien 90 % de choses vécues dans la série. D’ailleurs, certaines histoires me sont personnellement arrivées, ou j’en ai été le témoin direct.  

Pour cette première série, vous avez choisi de travailler avec vos amis ?

Je n’ai pas du tout la culture du « piston ». Je n’ai pris personne, simplement parce que c’était des amis. La série cherchait également à mettre en avant des personnes qui restent en dehors du « système ». Evidemment, il y a au générique des gens que je connaissais, mais pas forcément des « amis ».

C’est la raison qui vous a poussé à collaborer avec 1000 VISAGES et Le LABEC ?

Oui. Ces deux associations travaillent à professionnaliser des jeunes de quartier et les sensibilisent aux métiers du cinéma et à l’acting (exclusivement l’acting en ce qui concerne le LABEC). Ma démarche était simple : je voulais travailler avec des personnes compétentes, que ce soit pour les techniciens ou les acteurs. Des personnes utiles au projet et qui seraient également compatibles avec l’esprit de la série.

Est-ce que des contraintes budgétaires vous ont également guidé dans ce choix ?

Pas du tout. Pour moi, ces associations de terrain font un travail plus qu’utile. Les gens qui sont sur le terrain sont essentiels à mes yeux. Je viens de l’improvisation théâtrale. J’en ai fait avec une association qui s’appelle Les Juniors de Trappes et travailler avec ces associations était une forme de reconnaissance. Je connais beaucoup de personnes sauvées par le théâtre d’impro et je crois vraiment au travail culturel, en particulier dans les quartiers. En ce qui concerne les acteurs, je ne fais pas de différence entre un professionnel et un amateur. Je vais juste regarder s’il me touche, s’il est vrai. Je trouve qu’il y a un gros déficit à ce niveau-là dans le cinéma français et j’avais envie de ramener du réel dans ma série. J’avais besoin de personnes qui soient dans la vie, qui parlent comme dans la vie. Mais je vais répondre de manière plus concrète à votre question : tout le monde a été payé selon la même grille, sans distinction, qu’ils viennent d’associations ou non.

Votre démarche est-elle militante ?

Pas du tout. Ma démarche est simplement nourrie par le respect que j’ai pour le travail que font ces associations. Si je peux faire la jonction, c’est-à-dire, si je trouve quelqu’un de bon et que je peux lui permettre d’avoir une expérience professionnelle, alors tout le monde y gagne. Le projet, l’association, la série, moi et, évidemment la personne en question…

La série Narvalo est diffusée à partir de ce lundi 14 septembre à 23h06 sur Canal +.