« 16 Levers de soleil », une bande originale en apesanteur

« 16 Levers de soleil », une bande originale en apesanteur

25 septembre 2018
Cinéma
16 Levers de soleil
"16 Levers de soleil" La Vingt-cinquième heure

C'est au saxophoniste Guillaume Perret (connu notamment pour son travail avec son groupe The Electric Epic), qu'a été confiée la bande originale de 16 Levers de soleil, le documentaire sur l'épopée spatiale de l'astronaute Thomas Pesquet. Le musicien de jazz, qui a déjà sorti trois opus, a fait de ce travail autour de l'espace un véritable album. Rencontre avant la sortie de l’album le 28 septembre et de la sortie du film en salles, le 3 octobre.


Comment êtes-vous arrivé dans ce projet ?


Guillaume Perret : J'ai été contacté par le réalisateur (Pierre-Emmanuel Le Goff) qui avait fait un documentaire sur Thomas Pesquet avant son départ, pendant sa préparation. Il m'avait demandé de synchroniser, pour ce film, des morceaux de mes albums. On a pu arranger ça avec mon éditeur, Sony. Par la suite, il m'a parlé de son projet de long métrage de cinéma, avec des images tournées par Thomas Pesquet. Et il m’a commandé la musique.

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour construire votre musique autour de ce film, 16 Levers de soleil ?


Beaucoup de choses. D'abord les images de la station, de la Terre, du cosmos… Je me suis mis dans la peau de Thomas Pesquet. J'ai écouté tout simplement la musicalité des émotions, les sensations de décollage d'une fusée, d'être en apesanteur... Je me suis laissé guider. Le processus de création a été assez rapide. J'ai vraiment eu un cahier des charges précis. J'ai dû écrire et enregistrer très rapidement. Je n'ai eu que deux jours de répétition avec les musiciens avant d'aller en studio pour deux-trois jours. C'est très court. J'ai travaillé ensuite comme un fou chez moi pendant cinq mois, avec mon ingénieur du son, pour enregistrer beaucoup de choses. C'est ce qui a fait naître les morceaux de cet album.

Quand vous parlez de « cahier des charges », à quoi faites-vous référence ?


J'avais, au départ, des minutages précis du film pour situer des ambiances musicales. On m'avait demandé de faire une musique qui représenterait le chant de la Terre, une qui serait le dialogue entre Thomas et la planète, de faire des montées en tension... Il y a eu ensuite le projet de faire un album de BO (bande originale ndlr). J'ai décidé d'écrire plus de morceaux que demandé. J'ai musicalisé tout le film pour faire un bel album. Ce disque, c'est comme une BO augmentée.

Pour composer ces morceaux, vous avez utilisé des sons de la Station Spatiale Internationale et des fréquences émises par les planètes. Comment s'est fait ce partenariat avec l'Agence Spatiale Européenne et la Nasa ?


J'ai demandé des enregistrements d'ambiance. Je n’étais pas en contact direct avec la Nasa, tout est passé par les producteurs. Mais l'agence américaine a envoyé des communications et d'autres éléments. De mon côté, j'avais un certain nombre d'enregistrements, de fichiers… C'était une vraie volonté de ma part de mettre des sons de planètes et des ambiances de la Station Spatiale Internationale.

Pour cet album, vous avez collaboré avec des artistes venus d'horizons différents, des rappeurs Lino (du groupe Arsenik) et Nya, au contre-ténor Fabrice Di Falco...


J'adore les grands écarts. Ma propre musique est influencée par beaucoup de styles, de pays différents. Cette bande originale est très diversifiée. Pour l'un des morceaux, j'ai demandé à Nya d'écrire un texte en anglais sur la beauté et la paix qui règnent dans l'univers. Je lui ai donné la ligne directrice que je souhaitais et lui a écrit. J'ai aussi demandé à Lino de faire un texte sur la petitesse de l'homme qui se croit pourtant au centre du monde, au milieu de l'univers. Ça a donné le titre Dans la paume de Gulliver.

Dans 16 Levers de soleil, Thomas Pesquet interprète l'un de vos morceaux au saxophone depuis la Station Spatiale Internationale. C'est une première...


J'ai composé ce titre, Into The Infinite, et je lui ai fait parvenir dans l'espace une partition avec de l'audio et un petit tutoriel car je ne connaissais pas son niveau. J'ai fait quelque chose d'assez simple. Il en rigole d'ailleurs dans le film. Le morceau est assez planant. C'est la musique que j'imagine, si j’étais en train de regarder dans le hublot d’une station spatiale. C'était une belle expérience, c'est le premier morceau enregistré dans l'espace...

On retrouve dans cette bande originale votre style, mêlant jazz et sons plus électriques. D'où vient votre goût pour ce mélange ?


J'ai commencé le saxophone enfant et j'adorais ça. Mais j'ai voulu aller plus loin en électrifiant mon instrument. C'est ma spécialité. Je travaille avec des pédales de guitare à mes pieds, des loopers (permettant de répéter une boucle musicale ndlr)... Mes trois albums ont été faits ainsi, avec un saxophone électrifié qui produit des sons de guitare, de synthétiseur, des voix... Il peut imiter beaucoup d'instruments, des bruitages d'animaux, de nature, de percussions. Il permet ainsi beaucoup de textures différentes, ça donne une couleur particulière.

« 16 Levers de soleil », une bande originale en apesanteurAprès la sortie de la bande originale le 28 septembre, vous avez prévu des concerts pour présenter cet album. En profiterez-vous pour faire monter Thomas Pesquet sur scène avec vous ?


On s'appelle souvent et il est partant. Il viendra à l’occasion. Mais il n'est libre que deux jours par mois. Il ne faut pas oublier qu'il est astronaute...

16 Levers de soleil

Réalisé par Pierre-Emmanuel Le Goff, 16 Levers de soleil suit Thomas Pesquet dans son aventure spatiale. Produit par La Vingt-Cinquième Heure et Prospect TV, avec le soutien du CNC, ce long métrage, autorisé par la NASA et l'ESA, sort le 3 octobre 2018 au cinéma. La bande originale de 16 Levers de soleil, composée et jouée par Guillaume Perret, est disponible à partir du 28 septembre 2018.