Si l'exposition reste fermée jusqu'à nouvel ordre en raison de la crise sanitaire, le cycle de film De Geste et de silence qui accompagne cet événement est, lui, maintenu. En trois films emblématiques, ce cycle permet de chercher les échos entre l’art du Quattrocento et le néoréalisme italien. Comme l’indique la présentation du cycle sur le site du musée, « à travers l'emploi renouvelé des corps et dans une dimension documentaire induite par la contemporanéité, le néoréalisme a cherché à transcrire, par un « cinéma de gestes et de silences », les perceptions émotionnelles et les prises de conscience d’une génération confrontée à l’épreuve ».
Cette démonstration se fera en trois films. Diffusé le 17 mars, Riz amer est une chronique néoréaliste de la vie des « mondines » (ouvrières saisonnières des rizières de la vallée du Pô), à laquelle se mêle une intrigue policière. Cinéaste marxiste, Giuseppe De Santis a filmé, dans les décors naturels de l'Italie du Nord, des scènes dramatiques et lyriques rappelant le grand cinéma soviétique de Dovjenko et Donskoï. Surtout, il a su magnifier la sensualité de l’actrice Silvana Mangano dont la beauté marmoréenne évoque parfois les grandes statues de la Renaissance. Une semaine plus tard, le 24 mars, on pourra (re)découvrir Voyage en Italie le film de Roberto Rossellini. Le cinéaste du néoréalisme y suit un couple de bourgeois anglais arrivant à Naples pour régler une histoire d’héritage.
Alors qu’ils étaient sur le point de se séparer, ils redécouvrent une forme de complicité. A travers leur périple, ce couple incarné par Ingrid Bergman et George Sanders accède enfin à la beauté du monde. Et dans la scène la plus célèbre du film, les deux touristes assistent, sur le site de Pompéi, à la découverte grâce à la technique du moulage de plâtre des corps d’un couple antique saisis par la lave du Vésuve. Comme si leur crise existentielle était enfin transcendée par la statuaire antique…
Enfin Les Amants diaboliques sera diffusé le 31 mars. Même si Visconti pratiqua par la suite un cinéma lyrique et baroque, c'est à propos de ce film que le monteur du film Mario Serandrei inventa le qualificatif de néoréalisme. Le projet du cinéaste était de montrer la réalité authentique du pays à travers cette histoire de l'épouse d'un aubergiste de campagne qui tombe amoureuse d'un vagabond et le pousse à tuer son mari. Premier film de Visconti, Les Amants diaboliques révèle déjà un sens de la mise en scène et l'obsession de l'auteur pour les passions tragiques.
Le cycle "De gestes et de silences" sera disponible en ligne et les liens de diffusion (gratuite) seront actifs aux dates et heures annoncées sur les pages du site.
