Née le 28 septembre 1934 à Paris, Brigitte Bardot grandit à Paris dans un foyer strict et austère. Ses parents, un industriel et une mère au foyer, nourrissent pourtant quelques velléités artistiques. Ainsi, la fillette et sa sœur, Marie-Jeanne (dite « Mijanou »), de quatre ans sa cadette, déambulent devant la caméra de leur père, passionné de cinéma. Mais surtout, la jeune Brigitte, sans cesse rabaissée par ses parents qui lui préfèrent la studieuse et docile Mijanou, voue une passion pour la danse classique. Reçue au concours d'entrée du Conservatoire de danse de Paris à l’âge de 13 ans, la jeune fille, peu encline aux études, est remarquée par Hélène Lazareff, directrice du magazine Elle, et grande amie de sa mère. Brigitte Bardot, 15 ans, fait de nombreuses fois la une de l'hebdomadaire. C’est alors que le réalisateur Marc Allégret l'auditionne pour Les Lauriers sont coupés, l’histoire des premières amours de deux adolescentes. Si le film tombe aux oubliettes, il permet toutefois à l’actrice en devenir de faire la connaissance de l'assistant de Marc Allégret, le jeune Roger Vadim.
Les années Vadim
Tout en continuant de poser pour le magazine Elle, Brigitte Bardot rencontre, par l'intermédiaire de Roger Vadim, de nombreux metteurs en scène. C’est ainsi qu’elle décroche son premier rôle en 1952 dans le film de Jean Boyer Le Trou normand, aux côtés de Bourvil. Soutenue par Olga Horstig, grande agente artistique (elle travaille avec Michèle Morgan, Edwige Feuillère, Dany Robin, que Bardot admire) amie de Vadim, elle multiplie les petits rôles. La jeune actrice donne la réplique à Jean Marais dans Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry (1954), fait une apparition dans le rôle d’une femme de chambre dans Un Acte d’amour d’Anatole Litvak (avec Kirk Douglas), ou campe une ingénue fleur bleue dans Les Grandes manœuvres de René Clair (1955), aux côtés de Michèle Morgan et de Gérard Philipe.
À force de détermination, Bardot finit par décrocher un rôle dans un film américain, Hélène de Troie, un péplum réalisé par Robert Wise. Dans ses mémoires, Initiales BB (éditions Grasset), elle raconte : « Je devais jouer l’esclave de Rossana Podesta. Mon anglais était minable et mon trac formidable. Le jour des essais, il y avait 80 candidates. J’appris mon rôle sur le bout des doigts, je ne savais même pas ce que je disais, mais je le disais avec tant d’assurance que je fus choisie. Sans le savoir, j’avais mis mon petit doigt dans le grand engrenage des superproductions américaines. Là, on ne plaisante pas ! J’apprenais, avec beaucoup de mal, la discipline et l’anglais. Étant allergique aux deux, je considérais ce film comme une sorte de service militaire ! […] »
Le film rencontre un franc succès à l’international et l’actrice suscite enthousiasme et engouement. Les tournages s’enchaînent et la voici à Cinecittà interprétant Poppée dans Les Week-ends de Néron (1956) de Steno, face à des acteurs d’envergure : Alberto Sordi, Vittorio de Sicca, Gloria Swanson. Cette même année sort La Lumière d’en face, de Georges Lacombe, où Bardot trouve enfin son premier grand rôle. Dans ce drame à l’ambiance hitchcockienne, l’actrice se révèle envoûtante. Elle sait aussi se faire espiègle et facétieuse, comme elle le prouve dans Cette sacrée gamine, une comédie légère imaginée par Roger Vadim et réalisé par Maurice Boisrond.
Et Dieu Créa… BB
Artiste, époux et mentor, Roger Vadim mûrit depuis quelque temps un projet : un film ambitieux dont Bardot serait la vedette. Devant la caméra de Vadim, l’actrice irradie. À sa sortie en salles, en 1956, Et Dieu créa la femme provoque un scandale : l’histoire est celle d’une jeune femme insouciante et aguichante – comportement jugé indécent par les puritains de l’époque –, convoitée par trois hommes très différents (Jean-Louis Trintignant, Christian Marquand et Curd Jürgens). Bardot y improvise un mambo endiablé resté dans les mémoires, incarnant « une fille de son temps, affranchie de tout sentiment de culpabilité, de tout tabou imposé par la société », selon les dires de Vadim.
Le film, interdit au moins de 16 ans en France, déclenche une véritable fureur autour de l’actrice. Le mythe Bardot est né et se propage dans le monde entier (Et Dieu créa la femme est le premier film français à se classer au box-office américain). L’actrice incarne à l’écran comme à la ville une femme libre et affranchie, et devient malgré elle le symbole d’une révolte s’opposant aux principes de la morale « bourgeoise ». Les femmes en font leur idole, adoptent son style… ou la jalousent. Les hommes succombent à son charme. Erigée en « sex-symbol » de cette fin des années 1950, B.B, qui a reçu la Victoire du Cinéma français, devient l’emblème de l’émancipation féminine.
Fraîchement divorcée, Brigitte Bardot profite de sa nouvelle notoriété. En 1957, elle joue dans Une parisienne de Michel Boisrond aux côtés d’Henri Vidal et de Charles Boyer, un vaudeville léger plébiscité par les spectateurs. L’année suivante, elle est à l’affiche d’En cas de malheur de Claude Autant-Larra, adapté du roman de Georges Simenon, où elle donne la réplique à Jean Gabin. Le film, sélectionné à La Mostra de Venise, est un nouveau succès public. L’actrice multiplie les projets et tourne pour des réalisateurs de renom : Julien Duvivier (La Femme et le pantin), Henri-Georges Clouzot (La Vérité, avec Sami Frey, nommé à l’oscar du meilleur film étranger en 1961), Louis Malle (Vie privée, avec Marcello Mastroianni) ou encore Christian-Jaque qui lui offre un rôle à contre-emploi dans Babette s'en va en guerre, une comédie satirique avec Jacques Charrier dans lequel l’actrice se montre spontanée et malicieuse.
Le Mépris
Femme enfant ou femme fatale, Bardot, star internationale, brouille les pistes et sème le trouble. Habituée aux rôles légers, l’actrice, un temps hésitante, finit par accepter la proposition de Jean-Luc Godard de tourner sous sa direction. Le cinéaste, insaisissable et réputé pour son humeur imprévisible, impressionne l’actrice, qui raconte : « Il était aux antipodes de tout mon monde, de toutes mes idées. Nous n’avons pas échangé trois mots. Il me pétrifiait. Je devais le terroriser. Pourtant, il ne revint pas sur sa décision et voulut absolument me faire tourner Le Mépris. »
Adapté du roman d’Alberto Moravia, Le Mépris met en scène la déflagration d’un couple. L'histoire est celle de Paul (Michel Piccoli), un scénariste qui accepte de travailler à la réécriture d’un scénario, et qui emmène sa compagne, Camille, sur les lieux du tournage, la poussant pratiquement dans les bras du producteur (Jack Palance). De là naît la colère, puis le mépris de Camille pour Paul, qu'elle juge faible, et qu’elle finit par quitter.
Tourné au printemps 1963 entre les studios de Cinecittà et la Villa Malaparte sur l’île de Capri, le tournage est houleux, Godard se montrant avare d’indications envers ses acteurs, mais aussi agressif et autoritaire. De plus, l’équipe doit composer avec la présence des paparazzis, traquant sans relâche depuis Rome le « mythe Bardot ».
Malgré cette atmosphère tendue, Brigitte Bardot trouve en Michel Piccoli un partenaire privilégié et « un ami inoubliable ». L’acteur ne tarit pas d’éloges à l’égard de sa complice : « J’ai été ébloui par son innocence et sa spontanéité. Elle avait une énergie formidable. Elle était devant les caméras comme dans la vie, une actrice très simple qui ne faisait pas du tout la star. Elle était vraiment très sérieuse, très précise, sans doute parce que travailler avec Jean-Luc, qu’elle admirait, la rendait anxieuse. Elle avait d’ailleurs pour problème principal d’être comme dépassée par sa gloire encombrante. Elle était en quête de savoir, se demandait comment faire au mieux. C’était très étonnant de voir cette Brigitte Bardot si extraordinaire se comporter comme une petite fille attentive et disciplinée. », raconte-t-il dans J’ai vécu dans mes rêves (éditions Grasset).
Une scène d’ouverture devenue culte, l’inoubliable Thème de Camille, partition signée Georges Delerue, une interdiction aux moins de 18 ans lors de sa sortie en salles en décembre 1963… Le Mépris est un succès au box-office et entre dans l’histoire du cinéma.
D’Anthony Perkins à Jeanne Moreau
À l’automne de la même année, l’actrice s’envole pour l’Angleterre tourner Une ravissante idiote, adaptation du roman d’espionnage de Charles Exbrayat par Edouard Molinaro. Bardot y donne la réplique à Anthony Perkins et le public est une fois encore au rendez-vous.
Sur les conseils de son agent, elle entame l’année 1965 en direction du Mexique où elle rejoint le tournage du nouveau film de Louis Malle. Mêlant parodie de western et grand spectacle, Viva Maria ! crée l’événement avant même sa sortie au cinéma. La raison ? Le duo Brigitte Bardot-Jeanne Moreau, deux actrices légendaires et adulées. L’une est connue pour sa spontanéité, sa fraîcheur et son instinct. L’autre pour son professionnalisme, son intelligence de jeu, son talent. Une rencontre mémorable saluée par le public et la critique à travers le monde.
Mais « la star des sixties » se lasse de plus en plus des plateaux de tournage et devient particulièrement sélective dans ses choix. Elle refuse alors de tourner L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison ou d’être la James Bond Girl d’Au Service secret de sa Majesté réalisé par Peter Hunt, préférant donner la réplique à Alain Delon dans William Wilson (d’après l’une des Histoires extraordinaires d’Edgar Poe) de Louis Malle, ou enregistrer les chansons que lui compose Serge Gainsbourg (Le Soleil, Halrey-Davinson, Bonnie and Clyde, Comic Strip…) .
Une quarantaine de films et 21 ans de carrière
En 1968, Brigitte Bardot devient la première femme à servir de modèle au buste de Marianne, sculptée par Alain Aslan. Deux ans plus tard, l’actrice retrouve le chemin des plateaux. Elle tourne L'Ours et la poupée de Michel Deville, avec Jean-Pierre Cassel, avant de rejoindre l’année suivante Lino Ventura sur le tournage de Boulevard du rhum de Robert Enrico, puis Claudia Cardinale et Micheline Presle dans Les Pétroleuses de Christian-Jaque.
En 1972, Brigitte Bardot retrouve Roger Vadim, pour qui elle tourne Don Juan 73 (Si Don Juan était une femme), l’histoire d’une croqueuse d’hommes qui multiplie les conquêtes pour les détruire. Malgré le sujet audacieux, le film est un échec. L’actrice accepte un dernier rôle pour Nina Companeez. Elle fait une apparition dans L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise aux côtés de Francis Huster et Bernadette Lafont avant de mettre définitivement un terme à sa carrière cinématographique, préférant se concentrer désormais à la défense de la cause animale.
Le 1er octobre 2025, elle sort « Mon BBcédaire » aux éditions Fayard, un ouvrage dans lequel elle livre une collection intime et personnelle de définitions, entièrement rédigées à la main. Elle décède à 91 ans, le 28 décembre 2025. B.B : deux initiales pour une légende à jamais.