Caméra d’Afrique de Férid Boughedir, sélectionné à Cannes Classics

Caméra d’Afrique de Férid Boughedir, sélectionné à Cannes Classics

22 mai 2019
Cinéma
Caméra d’Afrique de Férid Boughedir
"Caméra d’Afrique" de Férid Boughedir Marsa Films / Direction du patrimoine du CNC
Réalisé en 1983, le documentaire Caméra d’Afrique (Cinéma africain : filmer contre les impossibles) donne la parole aux pionniers qui ont permis l’émergence d’un cinéma d’auteur africain.

C’est l’histoire d’une poignée d’hommes, dispersés aux quatre coins d’un vaste continent, qui partagent depuis 20 ans le même rêve : que le cinéma leur serve à exprimer leur Afrique. Dès l’indépendance de leurs pays, ces cinéastes africains se sont décidés à prendre la caméra, en dépit de moyens financiers et d’infrastructures inexistants, afin de raconter la multiplicité et la diversité de l’Afrique, selon leur propre point de vue.

L’envie de réaliser Caméra d’Afrique (Cinéma africain : filmer contre les impossibles) est née de la rencontre du cinéaste tunisien Férid Boughedir avec les pionniers des cinémas d’Afrique, au cours des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) et du Fespaco, deux grandes manifestations panafricaines.

Lutter pour l’existence de films africains

« Dès que j’ai commencé à faire du cinéma, j’ai directement été impliqué, avec tous les autres cinéastes du continent, dans la lutte menée depuis plus de 20 ans pour l’existence de films africains… L’idée m’est venu un jour de tenir un journal de notre action commune, en filmant quand je le pouvais, des notes qui témoigneraient de ce que nous voulions dire » explique-t-il.

Alors critique de cinéma, spécialiste des cinémas africains et arabes, Férid Boughedir, passe derrière la caméra en 1983 et décide de filmer son premier documentaire dans les mêmes conditions précaires de réalisation que celles de ces cinéastes, convaincus que « le cinéma peut dire et transformer le monde ». Le tournage, épisodique, s’étale sur dix ans. Le temps nécessaire pour recueillir ces témoignages uniques sur l’émergence de ce nouveau cinéma, un cinéma d’auteur, dans ces pays fraîchement décolonisés.

Présenté en version restaurée

A travers Caméra d’Afrique (Cinéma africain : filmer contre les impossibles), Férid Boughedir réalise un travail de mémoire essentiel, réalisé à partir d’extraits de films, de témoignages et d’interviews. Sélectionné au Festival de Cannes 2019 dans la section Cannes Classics, le documentaire – qui avait concouru dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 1983 - est présenté ce mercredi 22 mai dans une version restaurée. Cette restauration a été réalisée à partir du scan 2K du négatif original 16 mm dans le cadre du plan de restauration initié par l’Institut français et le CNC, sous l’égide du Comité pour le Patrimoine Cinématographique Africain.

 

Férid Boughedir en quelques lignes

Né à Tunis, Férid Boughedir s’est fait connaître grâce à son premier long métrage de fiction, Halfaouine, l’enfant des terrasses, présenté en 1990 en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes.  Il s’agit à ce jour du film tunisien le plus vu dans le monde. Par la suite, le cinéaste réalise les deux autres parties de sa trilogie autobiographique, Un été à la Goulette (1996) et Parfum de Printemps (2016).
Eminent critique de cinéma spécialiste de l’Afrique et du monde arabe, Férid Boughedir est membre du jury du Festival de Cannes en 1991 et en 2009. Il fait également partie du jury du Festival de Berlin en 1997 et de la Mostra de Venise en 1999.
Le réalisateur, qui tourne peu, enseigne le cinéma à l’Université de Tunis, et participe à l’organisation des JCC, qu’il dirige à plusieurs reprises. Il continue d’œuvrer à l’installation de structures de développement cinématographique viables, en Tunisie et en Afrique. Après la Révolution tunisienne de 2011, il contribue à la création du Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI) en Tunisie, et au projet, encore inabouti, du « Fonds Panafricain du Cinéma et de l’Audiovisuel ».