Le studio CLSFX/Atelier 69 est un labyrinthe où se croisent artisans en pleine création, monstres sous vitrines, prothèses sur étagères. Là, un masque en latex décalque un visage familier… “C’est un moulage de Benoît Magimel", dévoile Olivier Afonso, l’une des six têtes pensantes de la société. Ce maquilleur et créateur d’effets spéciaux, nourri à The Thing de John Carpenter, préfère l'appellation de “Truquiste”.
Olivier fait partie de CLSFX/Atelier 69, association créée en 2002 rassemblant plusieurs corps de métiers autour du maquillage et des effets spéciaux. A l’origine, c’est une idée de ses amis Frédéric Lainé et Guillaume Castagné. Olivier arrive en 2004, le reste du “noyau dur” se complète plus tard avec Nicolas Herlin, Laetitia Hillion et Mélanie Gerbeaux. L’association se professionnalise en 2008 en enchaînant les projets. En septembre 2020, CLSFX/Atelier 69 compte cinq salariés à plein temps et embauche des intermittents, totalisant une vingtaine de personnes.
Un atelier pluridisciplinaire
En effet, une mouche de la taille d’un caniche est disposée dans une vitrine. C’est la maquette de la bestiole de Mandibules, comédie loufoque réalisée par Quentin Dupieux. Le studio travaille également à partir d’impressions 3D. A côté de trois imprimantes, elles aussi de tailles considérables, on aperçoit une arme utilisée par Jean Dujardin dans le prochain OSS 117 qui n’est pas encore sorti en salles. Maquillage fait main, animation numérique de marionnettes, sculpture ou encore création d’objets, CLSFX/Atelier 69 occupe tous les terrains. “Il faut toujours innover. Pour être efficaces et compétitifs mais aussi et surtout pour se dépasser soi-même. Il y a un côté savant fou dans ce que l’on fait. Un aspect ludique, presque bordélique, mais toujours sérieux.”
Un atelier polyvalent
Le studio travaille sur une trentaine de projets par an, entre cinéma et séries télévisées, grosses productions et projets plus modestes. Cette diversité permet au studio de trouver un équilibre financier. La bande opère parfois sur des productions américaines comme Leatherface, remake du classique de l’horreur Massacre à la tronçonneuse : “On travaille avec les américains uniquement lorsqu’ils approchent la France ou, à la rigueur, l’Europe. Le film a été tourné en Bulgarie ce qui a favorisé notre arrivée sur le projet." Actuellement, la société s’occupe en secret d’Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, nouvelle adaptation cinématographique du célèbre gaulois, cette fois-ci sous la houlette de Guillaume Canet. “On a un rapport privilégié avec lui”, explique Olivier. “Si on se retrouve sur cette superproduction c’est grâce à notre travail sur son précédent long métrage, Rock‘n Roll. Nous avons tissé des liens d'amitié car il était très content du résultat final.” La clé du succès de l’Atelier 69 est de toujours s’adapter aux capacités de la production mais aussi aux envies du cinéaste et, bien sûr, à la taille du budget.
Un atelier récompensé
En 2021, CLSFX/Atelier 69 a gagné le César Technique pour l’ensemble de son travail. “En France, il n’y a pas de trophée pour récompenser le maquillage, la coiffure ou les effets spéciaux. Les César récompensent tous les travailleurs du cinéma mais pas notre domaine.”, précise Olivier sans amertume en comparant avec les récompenses dans le cinéma européen. Malgré cela, l’équipe s’est inscrite au César Technique, récompense qui fête ses dix ans cette année, sur l’impulsion de Laetitia. Olivier et Frédéric ont regardé cette inscription d’un œil lointain, expliquant qu’ils ne travaillaient pas pour des récompenses mais plutôt par passion et pour le challenge. Guillaume a tranché la discussion. A l’arrivée, Olivier Afonso est surpris mais ravi de l'obtention du trophée : “C’est un joli pied de nez qui récompense tous les corps de notre métier. On a eu de beaux compliments sur la qualité et la précision de notre travail. C’est agréable d’avoir un bon retour de personnalités qui nous inspirent.”
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