Coco Chanel et le cinéma

Coco Chanel et le cinéma

06 octobre 2020
Cinéma
Coco avant Chanel
Coco avant Chanel Warner Bros. France
Le Palais Galliera rouvre ses portes après des travaux d'extension et pour célébrer l'événement, le musée de la Mode de la Ville de Paris présente, jusqu'au 14 mars 2021, la première rétrospective consacrée à la couturière Gabrielle Chanel. L'occasion de se pencher sur sa relation passionnée avec le cinéma.

Jusqu'à sa mort en 1971, Coco Chanel a vécu une intense histoire d'amour avec le 7e art. Alors que le Palais Galliera de Paris propose un « Manifeste de mode », une exposition exceptionnelle consacrée à la créatrice, avec plus de 350 pièces issues de collections diverses, retour sur la relation de la grande couturière avec le septième art.

Coco Chanel habille le 7e art

À la fin des années 1920, Gabrielle Chanel a imposé son style moderne, sa vision non-conformiste de la mode et sa célèbre petite robe noire. Elle se fait construire à Roquebrune-Cap-Martin une maison appelée La Pausa, dans laquelle elle accueillera plus tard quelques grands talents de l'époque, comme Luchino Visconti ou Jean Cocteau. Très vite, dès 1930, elle commence à dessiner des costumes pour le cinéma avec le premier long métrage de Cocteau : Le Sang d'un poète. La créatrice habillera également Michèle Morgan dans Quai des Brumes (en 1938), en choisissant des costumes très quotidiens. « Un film comme celui-là disait-elle, n’a pas besoin de robe : un imperméable, un béret, voilà tout ! ». L'année suivante, elle met son talent au service de Jean Renoir pour La Règle du jeu, et représente avec subtilité les différences de classes. Coco Chanel dessinera des costumes pour quelques autres films. Elle habillera Jeanne Moreau dans Les Amants de Louis Malle (en 1958) ou travaillera avec Alain Resnais, sur L'Année dernière à Marienbad (en 1961). En 1962, elle collabore avec Luchino Visconti pour son segment, Le Travail, dans le film à sketchs italien, Boccace 70, pour lequel elle créera une garde-robe restée dans les annales, portée par Romy Schneider. 

Coco Chanel à Hollywood

Si le cinéma européen a souvent fait appel à la couturière, Coco Chanel ne réussira jamais à faire carrière outre-Atlantique malgré sa renommée internationale. Alors qu'elle s'exile en Amérique, après avoir fait la rencontre de Samuel Goldwyn (co-fondateur de la MGM), Gabrielle Chanel collabore à trois films hollywoodiens : Palmy Days (1931) de A. Edward Sutherland, The Greeks Had A Word For Them (1932) de Lowell Sherman et Tonight or Never (1931) de Mervyn LeRoy. Le succès ne sera jamais au rendez-vous. La Française et ses créations ne correspondent pas au clinquant flamboyant du glamour californien. Si elle habille Jean Harlow ou Marlene Dietrich à la ville, ses costumes sont trop fluides et épurés pour le cinéma de l’époque. L'histoire d'amour entre Coco et Hollywood tourne court.

Coco Chanel fantasmée en fiction

La vie tumultueuse de Coco Chanel a aussi largement inspiré le cinéma, notamment sa romance dramatique avec Boy Capel. Le premier film qui lui est consacré sortira 10 ans après sa mort. Chanel Solitaire (1981) est un biopic franco-britannique dirigé par George Kaczender, dans lequel Marie-France Pisier incarne une jeune Gabrielle Chanel, face à Timothy Dalton et Lambert Wilson. Au début des années 2000, c'est Shirley MacLaine qui se glisse dans la peau de la créatrice pour un autre film, consacré à cette fois aux dernières années de sa vie. En 2009, Audrey Tautou incarne la créatrice devant la caméra d'Anne Fontaine dans Coco avant Chanel. Le film se penche sur la personnalité de Gabrielle, son talent inné et sa formation de couturière. La même année, Jan Kounen filme une Coco Chanel passionnée et amoureuse, dans Coco Chanel et Igor Stravinsky, avec Anna Mouglalis et Mads Mikkelsen dans les rôles titres, racontant l'aventure que la couturière a eu avec le compositeur russe, alors qu'il est réfugié politique en France, accueilli à Garches, dans la résidence de la créatrice de mode.

Coco Chanel vue par Karl Lagerfeld

Le grand couturier décédé l'an dernier a incarné la Maison Chanel pendant quatre décennies. Il a ainsi rendu plusieurs fois hommage à la fondatrice, à travers de très beaux courts métrages promotionnels. Dans Once Upon a Time… (2013), Lagerfeld filme Keira Knightley (alors égérie de la marque) en noir et blanc, dans la peau de la jeune Gabrielle. Il relate un moment essentiel de l’histoire de la marque : l’ouverture de la première boutique Chanel à Deauville. Quelques mois plus tard, l'artiste allemand signe The Return, un autre court métrage sur les années difficiles de la Maison Chanel, après la Seconde Guerre mondiale. En 1954, la Maison rouvre ses portes après 15 années de fermeture. Geraldine Chaplin joue une Coco Chanel de 71 ans, qui doit relancer la marque dans une nouvelle ère, face à une jeune concurrence.

Coco Chanel scrutée par les documentaires 

Pour mieux comprendre la mode de Chanel et ses mystères, plusieurs réalisateurs ont préféré le documentaire à la fiction. C'est le cas Loïc Prigent, qui réalise Signé Chanel en 2005, dans les coulisses de la Maison. Un autre documentaire décidera de s’attaquer aux zones d'ombre de la marque, il s’agit des Guerres de Coco Chanel, réalisé par Jean Lauritano et narré par Lambert Wilson (en 2018). Si la fiction a bien souvent sublimé la vie de Gabrielle Chanel, prenant soin de ne pas évoquer certaines controverses, ce documentaire évoque les sujets laissés dans l’ombre. On découvre sa « collaboration horizontale » avec un diplomate allemand durant l'occupation comme son rapport conflictuel avec le Front populaire ou la menace bolchévique. Comme nombre de grands créateurs, Coco Chanel était une personnalité hors norme, impossible à cerner en un seul film.

Plus d'infos sur l'exposition "Manifeste de mode"; sur le site du Palais Galliera de Paris