Sarah Maldoror, pionnière du cinéma panafricain

Sarah Maldoror, pionnière du cinéma panafricain

21 avril 2020
Cinéma
Sarah Maldoror
Sarah Maldoror DR

Auteure d'une quarantaine de films, la cinéaste est décédée des suites du Covid-19, à l'âge de 90 ans, le 13 avril.


Née en 1929 d'une mère originaire du Gers et d'un père guadeloupéen, Sarah Maldoror s'est éteinte lundi 13 avril 2020. De son vrai nom Sarah Ducados (elle choisira celui de Maldoror en hommage au poète Lautréamont), elle monte à la fin des années 50, après des études à Paris, une compagnie de théâtre nommée "Les griots" et composée d'acteurs venus d'Afrique et des Caraïbes afin de lutter, entre autres, contre les rôles restreints qu'on leur proposait. La troupe (première compagnie de théâtre noire de France) jouera notamment des pièces d'Aimé Césaire et Jean Genet.

Au début des années 1960, elle part à Moscou étudier le cinéma au sein du prestigieux Institut national de la cinématographie (VGIK). Sarah Maldoror suivra ensuite les mouvements de lutte contre la colonisation en Algérie et en Guinée-Bissau avec son compagnon, le fondateur du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) Mario de Andrade. Cette dimension politique occupe une place centrale dans son œuvre. « Pour beaucoup de cinéastes africains, le cinéma est un outil de la révolution, une éducation politique pour transformer les consciences. Il s'inscrivait dans l'émergence d'un cinéma du Tiers-Monde cherchant à décoloniser la pensée pour favoriser des changements radicaux dans la société », expliquait Sarah Maldoror.

Elle participera au tournage de La Bataille d'Alger (1965) de Gillo Pontecorvo avant de tourner son premier court métrage évoquant la torture, Monangambée (1969) et, trois ans plus tard, son premier long métrage de fiction, Sambizanga, lui aussi adapté d'une nouvelle de l'écrivain angolais José Luandino Vieira et décrivant la répression du MPLA. En inscrivant son travail dans le témoignage de la décolonisation et de la prise de parole des peuples d'Afrique, Sarah Maldoror, considérée comme une pionnière du cinéma panafricain, a tourné au total plus de quarante films en privilégiant la forme documentaire, autant autour de lieux (Paris, La Réunion, le Mexique...) que de figures d'artistes (Louis Aragon, Aimé Césaire, René Depestre...).

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