« Filière image, préparer le jour d’après », une action solidaire pour sortir de la crise

« Filière image, préparer le jour d’après », une action solidaire pour sortir de la crise

19 mai 2020
Cinéma
Filière image, préparer le jour d’après
Filière image, préparer le jour d’après Commune Image
Après deux mois d’arrêt forcé, les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel voient la reprise de leurs activités s’amorcer. La fabrique de cinéma, Commune image, installée depuis 10 ans en Seine-Saint-Denis vient de lancer une initiative post-confinement. Baptisée « Filière image préparer le jour d’après », elle entend favoriser l’entraide entre les différents acteurs du secteur.

La crise sanitaire liée au Covid-19 n’a épargné aucun secteur. Et celui de la culture, basé sur l’échange du savoir, le partage de compétences, la création et la diffusion des œuvres, a été durement touché par les restrictions mises en place pour se protéger du virus. Alors que s’amorce la reprise d’une vie en collectivité, les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel entendent réinventer leur manière de travailler et le mode de fonctionnement de leur filière. Conscients que beaucoup d’entre eux sortent particulièrement affaiblis de cette crise sanitaire, certains ont imaginé une action solidaire pour recréer une dynamique. Cette initiative, baptisée « Filière image, préparer le jour d’après », vient ainsi d’être lancée sous l’impulsion de Commune image. Pour sa directrice générale, Caroline Safir, « la notion de solidarité n’a jamais été aussi présente que dans cette période exceptionnelle de confinement. Nous sommes tous conscients que c’est le collectif qui permettra de nous sortir de cette crise. Notre idée avec « Préparer le jour d’après » est de créer une synergie entre les différents acteurs du secteur pour s’entraider, mutualiser les compétences ou les services. A Commune image, il y a une recherche permanente d’intégration sociale. Cet élan solidaire est notre quotidien et notre raison d’être depuis sa création. Nous nous mettons donc aujourd’hui au service de toute une filière pour étendre et organiser le plus largement possible cet esprit collectif. Le contexte exceptionnel nous l’impose. Mieux, c’est une question de bon sens. »

Créée il y a dix ans, Commune image est une fabrique de cinéma et de réalité virtuelle nouvelle génération basée en Seine-Saint-Denis. Elle soutient « l’émergence de talents dans la filière cinématographique et la création audiovisuelle » et propose un espace dédié à la création cinématographique et audiovisuelle. Ses infrastructures permettent d’accompagner les projets « depuis l’idée originale jusqu’à sa réalisation. » Le lieu possède ainsi des salles de post-production, des espaces communs, une salle de projection, un restaurant... Commune image appartient au Groupe SOS engagé dans l’économie sociale et solidaire couvrant différents secteurs (jeunesse, emploi, solidarités, santé, sénior, culture, transition écologique…). Et Caroline Safir de préciser : « c’est au sein de la structure Commune image que le collectif Kourtrajmé a, par exemple, réalisé ses premiers films. Ladj Ly y a récemment monté son nouveau documentaire. « Filière image, préparer le jour d’après » vise à élargir notre action et de dépasser le champ de nos interlocuteurs privilégiés. Il faut faire rayonner cet élan au maximum. Plus nous serons nombreux et plus nous serons solides pour faire face à cette crise. »

Les organisateurs de cette action solidaire entendent d’abord établir un diagnostic le plus précis possible de l’état de la filière. De nombreux tournages ont été arrêtés, des projets brisés dans leur élan… L’évaluation des conséquences humaines et économiques liées à cette crise devrait ainsi permettre de répondre le mieux possible aux besoins. « Nous venons de lancer un appel à la majorité des professionnels du secteur afin qu’ils nous communiquent la situation économique dans laquelle ils se trouvent. Ces données resteront bien-sûr anonymes et confidentielles. Les premiers retours sont très positifs, du moins sur le plan de l’entraide. On sent une grande envie de sortir de l’isolement, tant personnellement que professionnellement… ». Ces conclusions, Caroline Safir entend les présenter avant la fin juillet afin que les autorités compétentes puissent en tenir compte dans leurs réflexions.    

« Filière image, préparer le jour d’après » s’inscrit dans la même logique que les appels lancés durant le confinement par différents syndicats spécialisés du secteur. « Nous voulons continuer à créer des ponts et surtout décloisonner les choses. Tout le monde est concerné, du technicien à l’exploitant en passant par le producteur ou le distributeur. Il est vital que chacun puisse échanger ensemble sans corporatisme. C’est ça être solidaire ; les compétences de chacun doivent profiter à tous. L’esprit de Commune image est d’ailleurs fondé là-dessus. Nos équipes réfléchissent sans arrêt à la façon dont tel profil peut aider tel autre afin de concrétiser son projet. Il faut aujourd’hui que la mutualisation des compétences et des efforts devienne un réflexe pour tout le monde. » Pour dynamiser encore un peu plus cet élan de solidarité Caroline Safir cherche aujourd’hui de nouveaux partenaires.

Sur le site de Commune image, on peut lire le manifeste de cette initiative post-confinement. Elle résume parfaitement l’urgence de la situation : « Dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous serons tous replongés dans le bain de la vie en commun, et nous devrons choisir la marche à suivre afin de rebâtir ce qui a été ébranlé pendant le confinement. Les inspirations ne manquent pas. Les bonnes volontés et les compétences non plus. C’est pourquoi nous prenons part à ce mouvement collectif pour « préparer le jour d’après » dans la filière image. Parlez-en autour de vous, que vous ayez besoin d’un coup de pouce, ou que vous puissiez en donner un. » La réactivité de chacun est donc essentielle. Si cette action concerne uniquement les professionnels du secteur, Commune image, réfléchit également à démultiplier les missions vers le public. « Une œuvre n’a de sens que si elle est partagée », conclut Caroline Safir.