Films sur la montagne : images des hauteurs

Films sur la montagne : images des hauteurs

25 février 2019
Cinéma
Tags :
Gasherbrum
Gasherbrum Werner Herzog Filmproduktion - SDR - DR - T.C.D

Les vacances d’hiver battent leur plein, c’est l’occasion parfaite pour revenir sur les fictions et les documentaires qui ont fait de la haute montagne leur terrain de jeu.


PREMIER DE CORDEE de Louis Daquin (1944)

Cette adaptation du best-seller de Roger Frison-Roche réalisée sous l’Occupation est signée Louis Daquin, un cinéaste ouvertement de gauche et résistant. Le film, qui vante la noblesse de la montagne et le dépassement de soi, dessine surtout une complexe relation père-fils. Premier de cordée raconte en effet comment un père, guide de haute montagne, refuse à son fils le droit d’assouvir sa passion pour l’alpinisme et comment ce dernier décide de s’opposer à ce père trop protecteur pour chercher une indépendance morale et physique. La montagne, tel un maquis, devient un lieu de liberté et de résistance où seule la solidarité permet de survivre. Tourné en grande partie en décors naturels, l’ensemble est sidérant de réalisme. Témoin, la séquence de l’orage où la caméra de Daquin parvient dans un noir et blanc exemplaire à capturer les contrariétés du ciel.     

GASHERBRUM, LA MONTAGNE LUMINEUSE de Werner Herzog (1985)

Werner Herzog envisage chaque film comme une aventure. Adepte des tournages dans des conditions extrêmes (on se souvient de l’aventure Fitzcarraldo tourné en 1982 au fin fond de l’Amazonie), le cinéaste allemand ne pouvait être que fasciné par l’alpiniste italien Reinhold Messner, considéré comme l’un des plus grands grimpeurs du XXe siècle. Ce portrait suit Messner alors qu’il entreprend au mitan des années 80 l'ascension de deux sommets de l'Himalaya. Herzog interroge cet homme qui, tour à tour, apparaît comme illuminé, égoïste, fascinant et héroïque. On sent que le cinéaste se reconnaît dans cette figure ambiguë dont il tente de révéler les fêlures. La nature humaine et la nature physique sont bien les deux sujets qui préoccupent ici le cinéaste.

CLIFFHANGER, TRAQUE AU SOMMET de Renny Harlin (1993)

Au début des années 90, la carrière de Sylvester Stallone bat de l’aile. Les sagas Rocky et Rambo, qui ont fait sa gloire, n’ont plus grand-chose à offrir aux spectateurs. A l’instar de son concurrent direct Arnold Schwarzenegger, l’acteur tente une incursion dans la comédie, mais le public ne suit pas. Alors « Sly » remet ses muscles en marche pour ce Cliffhanger, traque au sommet de Renny Harlin, un thriller en haute montagne. Il incarne un guide traumatisé par un accident, obligé de reprendre du service après l’attaque d’un avion fédéral au-dessus des Rocheuses. Stallone qui souffrait de vertige lors du tournage en Italie a été doublé par des alpinistes professionnels. Le film qui multiplie les scènes d’action dignes d’un épisode de James Bond, a été un énorme succès au  box-office américain et international.

LA MORT SUSPENDUE de Kevin McDonald (2004)

Ce docu-fiction est l’adaptation du récit de Joe Simpson et de son terrible accident survenu en 1985 sur la montagne Siula Grande (6334 m) au Pérou. Lors de la descente en cordée avec son ami Simon Yates, Simpson fait une chute et se casse la jambe. Il reste suspendu dans le vide jusqu’à ce que son partenaire décide de couper la corde qui les relie. Une terrible décision qui condamne à priori Simpson. Ce dernier va toutefois miraculeusement parvenir à sortir de la crevasse où il est tombé et rejoindre son camp de base. Dans La Mort suspendue, considéré comme la première fiction du cinéaste écossais Kevin McDonald, les deux protagonistes reviennent face caméra sur ces évènements tragiques et leurs interviews alternent avec une reconstitution haletante de l’accident. Très impressionnant.  

LA PREMIERE ETOILE de Lucien Jean-Baptiste (2009)

Cette comédie, premier long métrage réalisé par le comédien Lucien Jean-Baptiste, se veut en partie autobiographique. Elle raconte les déboires d’un père de famille d’origine antillaise vivant à Créteil qui promet un peu vite à toute sa famille des vacances au ski. L’homme va se démener pour concrétiser son rêve, mais une fois arrivé sur les pistes, il se retrouve confronté à un milieu auquel il n’est pas vraiment habitué. Le scénario du film joue malicieusement sur les contrastes et les clichés et La première étoile fut le succès surprise de l’année 2009. Le film triompha au festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez et reçut une nomination aux César dans la catégorie Premier film. Il a totalisé 1 647 603 entrées en France et bénéficié d’une suite en 2017 : La Deuxième Etoile.