Gérard Oury, le roi du rire à la française

Gérard Oury, le roi du rire à la française

29 avril 2019
Cinéma
Gérard Oury sur le tournage des Aventures de Rabbi Jacob
Gérard Oury sur le tournage des Aventures de Rabbi Jacob Films Pomereu - DR - T.C.D
On célèbre le 29 avril le centenaire de la naissance du réalisateur du Corniaud et de La Grande vadrouille.

Toutes les générations comiques qui lui ont succédé lui doivent quelque chose et ont célébré son talent. De la troupe du Splendid – Christian Clavier en tête – à celle réunie par Alexandre Astier dans Kaamelott. Gérard Oury est né il y a cent ans, le 29 avril 1919, et, du haut d’une filmographie qui a attiré près de 70 millions de spectateurs dans les salles, il reste l’un des maîtres de la comédie à la française, un emblème du grand cinéma populaire de qualité. -

Né Max-Gérard Houry Tannenbaum à Paris dans un milieu artistique (son père est violoniste, sa mère critique d’art au journal Paris-Soir), le futur réalisateur des Aventures de Rabbi Jacob se destine d’abord à une carrière d’acteur. Il entre au Conservatoire en 1938 puis devient pensionnaire de la Comédie-Française l’année suivante. Réfugié à Genève pendant l’Occupation, il revient à Paris après-guerre et joue au théâtre et au cinéma, souvent des seconds rôles, sous la direction de Jacques Becker (Antoine et Antoinette, 1948), Yves Allégret (La Meilleure part, 1956), Edouard Molinaro (Le Dos au mur, 1958), donnant la réplique à Bourvil (Garou-Garou, le passe-muraille, 1951) ou Michèle Morgan, sa future épouse (La Belle que voilà, 1949).

C’est en 1960 qu’il passe à la mise en scène avec La Main chaude, puis La Menace. Dans le film à sketchs Le Crime ne paie pas (1962), il dirige pour la première fois Louis de Funès, qu’il associe trois ans plus tard à Bourvil dans Le Corniaud, un succès phénoménal (près de 12 millions d’entrées), dans lequel le réalisateur met au point sa formule : duo d’acteurs jouant sur les contraires (l’homme du peuple sympathique contre le bourgeois atrabilaire), mélange de comédie et d’aventures, prédilection pour une forme d’humour « physique », le tout porté par un certain souffle épique et une mise en scène sophistiquée… Le trio Oury-De Funès-Bourvil réitère en 1966 avec La Grande vadrouille, co-écrit par la propre fille du cinéaste, Danièle Thompson. Fort de ses 17 millions de spectateurs, le film, aventure picaresque qui permet au public des années soixante d’exorciser les mauvais souvenirs de la guerre, restera longtemps en tête du box-office français, avant d’être détrôné par Titanic, en 1998.

Gérard Oury déclinera ensuite la formule du buddy-movie à la française en formant devant sa caméra d’autres paires comiques : Bourvil et Jean-Paul Belmondo dans Le Cerveau (1969), Louis de Funès et Yves Montand dans La Folie des Grandeurs (1971), Richard Anconina et Michel Boujenah dans Lévy et Goliath (1987)… Les vagues successives de nouveaux talents du rire se relaient devant sa caméra, de Pierre Richard (La Carapate, 1978, Le Coup du parapluie, 1980) à Christian Clavier (La Soif de l’or, 1993) en passant par Coluche (La Vengeance du serpent à plumes, 1984). En 1973, Les Aventures de Rabbi Jacob est un nouveau très grand succès, doublé d’un pari audacieux (faire rire avec l’antisémitisme et le conflit israélo-palestinien), comme le sera L’As des As, en 1982.

C’est dans les années 1990 que le public commence à se détourner des films d’Oury, comme le souligne le peu d’écho rencontré par Fantôme avec chauffeur (1996) ou son remake du Schpountz de Marcel Pagnol (1999), avec Smaïn dans le rôle de Fernandel. Ironiquement, c’est aussi à cette époque que les immenses succès d’un Jean-Marie Poiré (L’Opération Corned-Beef, Les Visiteurs, Les Anges Gardiens…) démontrent que le flambeau de Gérard Oury a été repris par une nouvelle génération d’auteurs comiques. Lauréat d’un César d’honneur en 1993, le cinéaste s’éteint à Saint-Tropez, en 2006, après avoir publié deux livres de souvenirs, Mémoire d’éléphant, en 1988, et Ma Grande vadrouille, en 2001. Aujourd’hui, Danièle Thompson salue sa mémoire dans un nouveau livre, Gérard Oury, Mon père, l’as des as, en librairies le 9 mai. Et ses films continuent de séduire de nouveaux spectateurs, à chacune de leurs diffusions télévisées.