Hommage à Henri Decoin : 10 films incontournables

Hommage à Henri Decoin : 10 films incontournables

18 octobre 2018
Dannielle Darrieux et Thérèse Dorny dans Abus de confiance d'Henri Decoin (1937)
Dannielle Darrieux et Thérèse Dorny dans Abus de confiance d'Henri Decoin (1937) UDIF, TCD

Alors que le festival Lumière, organisé à Lyon du 13 au 21 octobre, s’apprête à braquer ses projecteurs sur ce cinéaste aussi discret qu’essentiel, retour sur la carrière d’Henri Decoin à travers sa collaboration privilégiée avec Danielle Darrieux.


J’aime toutes les femmes (1935)

Henri Decoin et Danielle Darrieux se sont rencontrés en marge d’un tournage au cours de l’année 35. Elle est une actrice pétillante de 17 ans, lui est un ancien athlète professionnel devenu cinéaste et a 27 ans de plus. Leur collaboration débute avec deux films tournés successivement dont ce J’aime toutes les femmes, version française d’un film allemand. Cette fantaisie amoureuse raconte les  tribulations d’un joli-cœur qui entend séduire deux femmes en même temps. Elle permet à Danielle Darrieux, qui tient le rôle d’une maîtresse dupe de rien,  d’imposer le personnage de fausse ingénue qui fera longtemps son succès.

Le domino vert (1935)   

Autre version française d’un film allemand. Dans un registre plus sombre et sophistiqué, Domino Vert est une saga familiale contrariée où Danielle Darrieux interprète deux rôles, deux femmes battantes qui entendent laver l’honneur bafoué d’un mari et d’un père. A la ville, Danielle Darrieux et Henri Decoin se marient.

Mademoiselle ma mère (1937)

Danielle Darrieux est Jacqueline, une jeune fille que ses parents voudraient bien marier mais qui se refuse à tous ses prétendants.  Ce rôle plein de malice incarné avec une énergie redoutable par Danielle Darrieux, dresse le portrait d’une femme  libre, solaire et indépendante qui détonne dans la société française des années 30.

Abus de confiance (1937)

Mademoiselle ma mère et cet Abus de confiance, tournés la même année, se complètent, même si ce dernier joue plutôt la carte du mélodrame. Là encore, Danielle Darrieux incarne un personnage  qui ne se soumet pas aux diktats de la société. Elle est Lydia, une jeune femme pauvre, obligée de stopper ses études pour rechercher un emploi. Mais face à ses futurs employeurs qui n’hésitent pas à lui faire ouvertement des avances, elle fait front.

Retour à l’aube (1938)

Ce Retour à l’aube signe les retrouvailles du couple Darrieux- Decoin avec la France après un  court passage à Hollywood où l’actrice vient de signer un contrat avec Universal. Aux Etats-Unis, Henri Decoin lui, a observé le savoir-faire des équipes de tournage américain. Retour à l’aube suit le destin d’une jeune femme depuis son petit village hongrois jusqu’à son arrivée à Budapest où elle va succomber à toute les tentations de la ville. Film désespéré, ce drame rompt avec l’optimisme ravageur des premières œuvres du duo.

Battement de cœur (1939)

C’est dans cette comédie trépidante que l’influence américaine se fait le plus sentir dans le cinéma de Decoin. Tel un disciple de Hawks ou Lubitsch, le cinéaste sait que le rythme est autant une affaire de montage que d’interprétation. Ici, une orpheline contrainte de voler pour survivre, va se marier avec un jeune attaché d’ambassade. Cette comédie multiplie les sous-intrigues et les rôles secondaires. Le film est un immense succès.

Premier rendez-vous (1941)

Tourné sous l’Occupation pour la Continental, cette comédie reprend certains motifs de Battement de cœur, à commencer par le profil de l’héroïne, une orpheline prise dans les filets d’un amour impossible. Un nouveau succès. En coulisse le couple Darrieux-Decoin se sépare juste après la sortie du film.  

La vérité sur Bébé Donge (1951)

Lorsqu’Henri Decoin et Danielle Darrieux décident de retourner un film ensemble, 10 ans ont passé mais la complicité artistique reste intacte. L’actrice donne la réplique à Jean Gabin. Le récit, adapté d’un roman très sombre de Georges Simenon, raconte sur plusieurs années le déchirement d’un couple. C’est l’un des sommets du duo Darrieux - Decoin par la force implacable de la mise en scène et l’ambiguïté des personnages. Pourtant le public et la critique de l’époque, sûrement nostalgiques des mélos d’autrefois, vont le bouder.

Bonnes à tuer (1954)

L’échec de Bébé Donge n’empêche pas le duo de se retrouver. Mais la flamme n’y est plus vraiment. Ainsi cette coproduction franco-italienne semble bien trop mécanique pour fonctionner. Une fois encore, il est question du bilan d’une vie sur le point de s’achever tristement. Un homme réunit toutes les femmes de son existence et s’apprête à tuer l’une d’elles.  

L’affaire des poisons (1955)

La dernière collaboration Darrieux – Decoin confirme ce désenchantement. L’actrice incarne ici Madame de Montespan, favorite de Louis XIV qui voit une rivale lui faire de l’ombre. L’infortunée se bat pour retrouver les faveurs du roi. Malgré une Danielle Darrieux impériale, ce film historique manque de grâce et d’éclat.

Henri Decoin célébré au Festival Lumière

Le Festival Lumière, qui se tient du 13 au 21 octobre 2018 à Lyon, organise une rétrospective de quinze films d’Henri Decoin. L’événement présentera notamment, en version restaurée, Razzia sur la Chnouf, La Vérité sur Bébé Donge et L’Affaire des poisons.