Jean-Pierre Limosin, un cinéaste rare et aventureux à la Cinémathèque française

Jean-Pierre Limosin, un cinéaste rare et aventureux à la Cinémathèque française

11 avril 2022
Cinéma
« Tokyo Eyes » de Jean-Pierre Limosin
« Tokyo Eyes » de Jean-Pierre Limosin Lumen Films / Haut et Court

Du 7 au 16 avril 2022, la Cinémathèque française honore ce cinéaste à l’œuvre rare et discrète, mais dont la créativité et l’esprit voyageur irriguent toute la production.


Comme bien d’autres avant lui, Jean-Pierre Limosin a débuté sa carrière aux Cahiers du cinéma, à l’aube des années 1980. Mais il y avait dans sa fonction de chroniqueur photo, quelque chose qui témoignait déjà de « l’esprit voyageur » de ses films à venir.

C’est à la mythique revue de cinéma qu’il fait la rencontre déterminante d’Alain Bergala, qui y est alors rédacteur, avec lequel il réalise son premier film : Faux-fuyants, en 1982, où un homme (Olivier Perrier) après avoir renversé un autre, va se lier avec la fille du défunt (Rachel Rachel, des groupes « new wave » Tokow Boys et Luna Parker).

 

S’ensuivra un parcours non sans embûche (l’échec commercial de L’Autre Nuit, scénarisé par Emmanuèle Bernheim et avec Julie Delpy, qui l’éloignera pendant dix ans du cinéma de fiction), entre la fiction et le documentaire, et entre la France et le Japon, où il a vécu de nombreuses années. D’ailleurs, Jean-Pierre Limosin peut se targuer d’être le premier cinéaste français à avoir tourné un film au Japon, en japonais et avec un casting intégralement local, Tokyo Eyes, en 1998, sous la tutelle bienveillante de Takeshi Kitano qui y joue un rôle parodiant les yakuzas. Un acteur japonais légendaire auquel Jean-Pierre Limosin consacrera l’année suivante un documentaire, Takeshi Kitano l'imprévisible, pour la collection Cinéma, de notre temps.

Car cinéphile infatigable, le réalisateur prenait aussi à cœur de partager son admiration à travers des « portraits documentaires » qu’il a dédié à Abbas Kiarostami (en 1993), Alain Cavalier (1995), aux frères Dardenne (2006) ou encore Kiyoshi Kurosawa (2018), toujours dans le cadre de la collection initiée par André S. Labarthe et Janine Bazin.

La rétrospective s’ouvre ce 7 avril à 20h, en présence du cinéaste, avec Gardien de la nuit (1985), son deuxième long métrage de fiction sur la double vie d’un policier municipal, incarné par Jean-Philippe Écoffey. Plusieurs séances feront l’objet d'une présentation du metteur en scène, celle de Faux-Fuyants, le 9 avril, en compagnie de Rachel Rachel des Tokow Boys, et la projection de Tokyo Eyes, le 10 avril, qui sera suivie d’une leçon de cinéma animée par Bernard Benoliel et Clément Rauger.

Faux-fuyants, Gardien de la nuit et Tokyo Eyes ont été restaurés par La Traverse au laboratoire Cosmodigital, avec le soutien du CNC, et ressortent en salles à partir du 13 avril prochain.