Né dans la petite ville de Moberly, dans le Missouri, en 1942, John Bailey développe très tôt un intérêt pour les arts et une curiosité pour le Vieux continent. Après des études à l'Université de Santa Clara, en Californie, et à Loyola à Chicago, il part étudier la culture allemande en Autriche, à l'université de Vienne.
Influencé par la Nouvelle Vague
C’est au cours de l’un de ces voyages en Europe qu’il découvre la Nouvelle Vague. Ce mouvement avant-gardiste l’enthousiasme à tel point qu’il décide de se former au métier de cadreur.
L’étudiant rêve alors « de devenir le André Bazin américain » précise-t-il plus tard lors d’une interview pour le site de l'American Association of Cinematographer. Il se forge une cinéphilie française et érige en exemples Feu Follet de Louis Malle, Le Salaire de la Peur d’Henri-Georges Clouzot, Le Mépris de Jean-Luc Godard ou encore La Règle du Jeu de Jean Renoir, qu’il considère comme « un modèle indépassable de l'art cinématographique ».
Bien des années plus tard, en 1987, John Bailey aura l’occasion de rendre hommage à l’un de ses maîtres : il fera partie du jury de la Mostra de Venise qui décernera le Lion d’or à Louis Malle pour son chef-d’œuvre Au revoir les enfants.
Des collaborations prestigieuses
Avant cela, John Bailey, de retour aux Etats-Unis, obtient son diplôme d'études supérieures de l'École des arts cinématographiques à l'Université de Californie du Sud. Il se forme auprès de grands directeurs de la photographie tels que Vilmos Zsigmond (récompensé du Bafta de la meilleure photographie pour Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino, en 1978) ou l’espagnol Néstor Almendros (Oscar de la meilleure photographie en 1979 pour Les Moissons du Ciel de Terrence Malick).
Chef opérateur sur Boulevard Nights de Michael Pressman, puis sur Des Gens comme les autres de Robert Redford, qui remporte quatre Oscars en 1981, John Bailey enchaîne les projets. Au total, il imagine l’ambiance de plus de 70 films au cours de sa carrière, parmi lesquels quelques comédies à succès dont Un Jour sans fin d’Harold Ramis, avec Bill Murray (1991), ou Pour le pire et pour le meilleur de James L. Brooks (1997), avec Jack Nicholson.
Artiste de l’ombre et de la lumière, il obtient au Festival de Cannes de 1985 le prix de la Meilleure contribution artistique pour Mishima : A Life in Four Chapters, réalisé par Paul Schrader. Reconnu pour son talent, il collabore avec des cinéastes de renom : Clint Eastwood (Dans la ligne de mire, 1993), Robert Benton (Un Homme presque parfait, 1995), Jonathan Demme (sur le documentaire Swimming to Cambodia, 1987).
Un grand artisan de l’image
Grand technicien et artiste à part entière, John Bailey veille à l’harmonie esthétique des films sur lesquels il intervient, insufflant sa sensibilité artistique sur chaque projet, qu’il s’agisse de documentaires – Une Brève histoire du temps, d’Errol Morris, qui explore la vie et l'œuvre du physicien Stephen Hawking -, ou de fictions, comme Randonneurs amateurs, avec Robert Redford et Emma Thomson.
Devenu une figure incontournable du cinéma américain, ce grand artisan de l’image, réputé pour sa culture cinématographique d’une grande richesse, reçoit les honneurs de la Society of Operating Cameramen en 2001 puis, en 2015, de l'American Society of Cinematographers, pour l'ensemble de votre œuvre.
Président de l’Académie des Oscars
En août 2017, John Bailey rentre dans l’histoire et devient le premier chef opérateur à être nommé à la présidence de l'illustre Academy of Motion Pictures Arts and Sciences, historiquement réservée aux réalisateurs, aux producteurs et aux acteurs.
A la tête de cette institution prestigieuse, vouée à la promotion et au rayonnement du cinéma à l'échelle mondiale, le directeur de la photographie, habitué à mettre en lumière le septième art, se révèle inventif, novateur. L’une de ses premières initiatives à la tête de l’Académie est de de décerner un Oscar d’honneur à Agnès Varda, qui devient ainsi la première cinéaste au monde à recevoir un Oscar pour l’ensemble de sa carrière.
Cinéphile averti, francophile avéré, John Bailey n’a de cesse de mettre au service du cinéma américain et européen son savoir-faire, son éclectisme et sa curiosité. Des qualités qui lui valent d’être fait chevalier des Arts et des Lettres lors du 72e Festival de Cannes.
John Bailey en cinq films, à découvrir en VàD
Mishima : A Life in Four Chapters de Paul Schrader (1985)
Un Jour sans fin d’Harold Ramis (1991)
Dans la ligne de mire de Clint Eastwood (1993)
Pour le pire et pour le meilleur de James L. Brooks (1997)
Randonneurs amateurs de Ken Kwapis (2014)