Dans cette courte bande, celle qui enflammait les Folies Bergère ne danse pas, mais compose une véritable chorégraphie d’expressions rieuses et facétieuses. Elle y sert de modèle pour une démonstration d’un nouveau dispositif photographique, le kinopocket. Mais, qu’est-ce que c’était au juste ?
Le kinopocket fut une invention française développée à la fin des années 1920 par deux enseignes parisiennes associées : Innovation, une boutique proposant des articles de voyages de luxe (la malle-armoire, entre autres), et Opéra Corner, un magasin spécialisé dans les disques et phonographes. La trace du premier kinopocket remonte à 1927, date de réalisation de cette publicité mettant en scène Joséphine Baker. La commercialisation de ces « flipbook », puisque c’est le terme aujourd’hui employé, ne semble pas avoir été au-delà de 1930 .
Le kinopocket était un appareil cinématographiques de l’époque équipé d’une manivelle, dont chaque tour produisait un photogramme différent. Les clichés étaient ensuite réunis sous forme d’un « flip book », ou « portrait flip », petit carnet dans lequel étaient rassemblés les différents photogrammes qui, lorsqu’on le feuilletait assez rapidement, créait une reproduction plutôt fidèle d’un mouvement (ici les sourires de Joséphine Baker), sous l’effet de la persistance rétinienne. À noter que le kinopocket n’était pas le seul instrument de l’époque à avoir servi à créer ces « portraits flip », d’autres sociétés comme Biofix, en Angleterre, avaient ainsi développé leurs propres dispositifs pour réaliser ces portraits animés.
Ce dispositif était en fait héritier d’une longue tradition, antérieure à l’invention du cinéma, qui cherchait à reproduire le mouvement grâce à des jouets optiques. Ainsi, on peut citer un de ses ancêtres, le « folioscope », inventé autour de 1860 par le Français Pierre-Hubert Desvignes, consistant en un petit livre d’illustrations empilées les unes sur les autres et reproduisant également une illusion de mouvement lorsqu’on les feuilletait rapidement. Joséphine Baker nous offre avec malice et sa bonne humeur une formidable démonstration du kinopocket.
