« Le Beau Serge » ou les débuts de la Nouvelle Vague

« Le Beau Serge » ou les débuts de la Nouvelle Vague

07 mars 2019
Le Beau Serge
Le Beau Serge Ajym Films/Coopérative Générale du Cinéma Français/Gaumont

Programme TV - Premier film de Claude Chabrol, Le Beau Serge est également l’une des premières œuvres de la Nouvelle Vague. Un long métrage à (re)découvrir ce jeudi 7 mars à 20h50 sur Ciné + Classic.


Claude Chabrol fait partie de ces cinéastes de la Nouvelle Vague qui bousculèrent les codes cinématographiques de l’époque. Après avoir produit le court métrage de Jacques Rivette Le Coup du berger (1956), lui qui était critique au sein des Cahiers du cinéma (tout comme Truffaut et Rivette), se lance pour la première fois derrière la caméra pour Le Beau Serge qui est considéré par certains comme le premier film de la Nouvelle Vague. Pour ce long métrage, il tourne dans la Sarde, terre où étaient installés ses grands-parents et où il passa une partie de son enfance. Il réunit autour de lui des comédiens peu connus ou amis, et dirige Gérard Blain, Bernadette Lafont, Michèle Méritz ou encore Jean-Claude Brialy. Ce dernier dira d’ailleurs de lui, dans un entretien accordé en 1971 à l’émission Visages du cinéma : « On a tourné neuf semaines dans le froid, dans la neige et Chabrol m’a complètement époustouflé. (… ) Il n’avait jamais été assistant réalisateur et n’avait suivi aucune école de cinéma : il avait juste été journaliste. Et brusquement, le premier jour de tournage arrive. Il était tranquille : ‘On va faire tel plan’ et tout ça roule comme sur des roulettes ».

Dans Le Beau Serge, Claude Chabrol met en scène le retour de François dans son village natal. Après des années d’absence, il retrouve là-bas Serge, marié avec Yvonne et père d’un enfant trisomique. Un ami qui a sombré dans l’alcool. « J’ai essayé d’en faire financer une partie par la Sécurité Sociale car c’est une histoire d’alcoolique. Ils m’ont répondu que les alcooliques dans les campagnes ne les intéressaient pas, ils ne s’intéressent qu’aux alcooliques citadins. Ça ne pouvait pas se passer dans une ville donc je n’ai pas eu de subvention », expliquait-il dans un entretien télévisé diffusé en 1964.

Si Claude Chabrol a financé son premier long métrage sans subvention, grâce à un héritage familial, il a malgré tout bénéficié ensuite d’une aide du CNC. « C’était fait en décors naturels avec des acteurs non connus : c’était le premier film délibérément non commercial. En réalité, c’était plus compliqué que ça. Je l’avais fait dans un esprit assez mercantile. A ce moment-là il y avait la prime à la qualité. Je savais qu’il y aurait toujours des difficultés de sortie pour ce film car je n’avais pas de distributeur au départ. J’ai visé cette prime à la qualité qui m’a permis d’entamer le deuxième film », confiait-il en 1971.

Ce film Le Beau Serge, qui marque les débuts d’une riche et longue carrière, est à revoir ce jeudi soir à 20h50 sur Ciné + Classic.